Le diagnostic tombe : prosopométamorphopsie, un trouble rarissime documenté au compte-gouttes. Sous acide valproïque et rivastigmine, son quotidien s’améliore — sans faire disparaître la fascination que suscite ce cas.

Quand les visages se transforment en dragons

Difficile d’imaginer le quotidien de cette femme de 52 ans, installée à La Haye, aux Pays-Bas. Depuis l’enfance, les visages humains se recomposent devant elle sous des traits fantastiques, ceux de dragons. Une expérience déroutante due à une condition neurologique extrêmement rare, la prosopométamorphopsie. Mais que se passe-t-il vraiment dans son cerveau ?

Une vie marquée par des « hallucinations »

Pour cette patiente, les traits familiers se muent en formes allongées, avec des dents acérées et des museaux proéminents. Ces altérations visuelles ne sont pas de simples épisodes isolés : elles persistent depuis des décennies et compliquent les interactions sociales, bien qu’elles reposent sur une cause neurologique tangible.

Des examens ont été menés, notamment un EEG et une IRM. Ils ont mis en évidence des lésions dans deux zones clés : le cortex occipitotemporal ventral, essentiel à la reconnaissance des visages, et le noyau lenticulaire. Ces anomalies viennent perturber le traitement visuel normal.

Comprendre la prosopométamorphopsie

Le diagnostic a conclu à une prosopométamorphopsie, un trouble aussi rare que précis : une altération de la perception des visages liée à des dysfonctionnements de l’activité cérébrale. Il ne s’agit ni d’inventions ni de délires ; ces perceptions sont générées par des mécanismes neurologiques identifiables.

Les cliniciens avancent une piste : une activité électrique anormale dans les régions impliquées déclencherait ces distorsions. Ce cas éclaire les processus par lesquels le cerveau encode et reconnaît les visages, un pilier de nos interactions sociales.

Un traitement qui change la donne

Deux médicaments ont été prescrits : la rivastigmine, souvent utilisée contre certains troubles cognitifs, et l’acide valproïque, un antiépileptique. En association, ils ont apporté une amélioration notable ; les « dragons » se font plus rares et la patiente retrouve une forme de sérénité dans son quotidien.

Concrètement, elle peut interagir plus facilement avec ses proches, sans que les visages ne se transforment systématiquement en créatures fantastiques, un progrès sensible qui illustre les avancées dans la prise en charge de ces troubles.

Un cas qui intrigue encore

Ce dossier singulier continue d’intéresser le monde médical. La rareté de la prosopométamorphopsie incite à multiplier les observations cliniques et les recherches afin de mieux caractériser ces phénomènes et d’affiner les approches thérapeutiques, révélant la complexité du cerveau humain et de ses circuits de la perception.