De Janáček à Philip Glass, en passant par Bartók ou Denisov, la maison lilloise promet nombre de raretés à côté d’un ouvrage plus classique.
Tout juste arrivée à la tête de l’Opéra de Lille, Barbara Eckle a imaginé une programmation organisée en quatre saisons, chacune s’ouvrant par une open week pour permettre au public d’assister aux préparatifs de la nouvelle production lyrique. L’automne sera ainsi marqué par L’Ecume des jours du compositeur russe Edison Denisov, d’après le roman onirique de Boris Vian et créé en 1986 à l’Opéra-Comique. Dans un langage mêlant harmonies et rythmes de jazz, chœurs liturgiques d’inspiration orthodoxe et influences wagnériennes, le ténor américain Cameron Becker en Colin tombera amoureux de la Chloé de la soprano allemande Josefin Feiler, qui ne tardera pas à voir pousser un nénuphar dans son poumon. La Polonaise Anna Smolar est aux manettes de la mise en scène, tandis que le maestro libano-polonais Bassem Akiki, spécialiste du répertoire contemporain (et lui-même compositeur), veillera sur toute la troupe.
Hiver de l’Est
L’hiver suivra avec L’Affaire Makropoulos de Janacek, reprise du spectacle impressionnant de la cinéaste Kornel Mundruczo, où Véronique Gens sera pour la première fois Emilia Marty. Elle sera entourée par l’Albert de l’Ukrainien Denys Pivnitskyi, que les Lyonnais avaient applaudi dans le rôle en 2024, et par le formidable Robin Adams en Jaroslav Prus, ainsi que par la baguette de l’Américain Dennis Russell Davies.
La saison hivernale sera aussi rythmée par un projet itinérant et immersif consacré au Château de Barbe-Bleue de Bartok, dans une production de Jeffrey Döring sous-titrée « Les Sons de la solitude », qui insère des témoignages recueillis auprès de personnes âgées et de soignants. Joshua Morris et Solenn’ Lavanant Linke seront respectivement Barbe-Bleue et Judith.
Au printemps, la maison lilloise présentera Les Enfants terribles de Philip Glass, opéra tiré du roman de Cocteau et créé en 1996. Le jeune metteur en scène Matthias Piro laissera se perdre dans des labyrinthes et mondes parallèles le baryton franco-mexicain Sergio Villegas Galvain et la soprano tchèque Marie Smolka, néanmoins conduits par la maestra Virginie Dejos.
Enfin, l’été verra l’arrivée de La Flûte enchantée de Mozart selon Suzanne Andrade et Barrie Kosky, délicieuse production créée en 2012 à Berlin et reprise quelques années plus tard à l’Opéra-Comique. Le jeune chef italien Riccardo Bisatti conduira le ténor chinois Mingjie Lei et la soprano néo-zélandaise Natasha Te Rupe Wilson.