La tournée d’adieux se prolonge. Ce mercredi 3 septembre à 10 heures, a lieu ce qui s’annonce comme le dernier conseil des ministres de François Bayrou en tant que chef de gouvernement. Car tous les partis de gauche et d’extrême droite, et même une partie des députés Les Républicains, pourtant membres de sa coalition gouvernementale, ont fait savoir qu’ils voteraient contre la confiance qu’il va requérir devant l’Assemblée nationale le lundi 8 septembre, ce qui rend son maintien mathématiquement impossible. Et ni les consultations menées en début de semaine avec les formations volontaires (le PS, Place publique, le PCF, Renaissance, Horizons, LR et le Rassemblement national), ni ses nombreux entretiens et discours donnés çà et là depuis une semaine, ne semblent sur le point d’infléchir la tendance.
Et pour cause. Alors qu’Emmanuel Macron a enjoint mardi les boutiques du camp présidentiel et de la droite qui composent le «socle commun» de s’ouvrir aux socialistes pour bâtir un compromis susceptible de permettre le vote d’un budget – en prenant soin de préciser que cela pourrait se faire «après Bayrou», pour qui a tout de même appelé à «la mobilisation générale» au cours du dernier conseil des ministres – le locataire de Matignon a préféré ironiser dans la matinale de RMC et BFM sur les ambitions du patron du PS. «Olivier Faure pense qu’il peut être nommé Premier ministre, la question c’est : avec quelle majorité ?» s’est amusé François Bayrou.
Le Premier ministre n’a ainsi pas manqué de rappeler que les anciens alliés des socialistes avec lesquels ils se sont présentés lors des élections législatives anticipées de 2024 dans le cadre du Nouveau Front Populaire, à savoir La France Insoumise, les ont fait huer il y a une dizaine de jours lors de leurs universités d’été. Quant aux propositions économiques des roses, formalisées dans un projet de contre-budget, le chef du Modem les a balayées d’un revers de la main : «L’idée c’est de créer 27 milliards d’impôts qui reposeront sur les entreprises et les investisseurs, vous ne pouvez déséquilibrer un pays sur sa force de production.» La taxe Zucman cible pourtant les très gros patrimoines, et non l’investissement productif.
Plus enclin à disserter sur l’état du monde en citant Rudyard Kipling («l’Est est l’Est, et l’Ouest est l’Ouest, et jamais ils ne se rencontreront») qu’à rentrer dans le détail des négociations qu’il est censé mener pour tenter de sauver sa peau, François Bayrou s’est même agacé des questions de la journaliste Apolline de Malherbe. «Vous faites des commentaires de dessin animé», s’est-il énervé, alors qu’elle le comparait au coyote dans Tex Avery, qui court toujours dans le vide alors que ses pieds ont depuis longtemps déjà quitté le bord de la falaise. «C’est un vote de constat sur la situation du pays», s’est-il borné à répéter au sujet de l’échéance du 8 septembre.
«Vous n’avez pas envie de rester lundi sinon vous feriez des gestes», a relevé Apolline de Malherbe. Il est vrai que François Bayrou n’a même pas voulu dire franchement qu’il pourrait renoncer à son projet de supprimer deux jours fériés. Seulement qu’il était «ouvert depuis le début», à envisager autre chose si une mesure permettant de compenser les 4 milliards d’économies escomptées, était mise sur la table.
Unique réelle concession adressée au RN et à la droite, le Premier ministre a validé mardi la signature de deux décrets pour restreindre les soins pris en charge par l’Aide médicale d’État (AME). Interrogé sur sa volonté, à travers cela, de s’attirer la clémence de l’extrême droite sans l’avoir formulé explicitement, François Bayrou affirme que «tous les députés sont égaux en dignité». Quant à l’éventualité que le président de la République prononce une nouvelle dissolution, défendue la veille comme étant la seule «solution» par Nicolas Sarkozy dans le Figaro, le Béarnais a affirmé «ne pas croire» que cela apporterait «plus de clarté».
Mise à jour mercredi 3 septembre à 12h42 avec l’appel à la mobilisation générale formulé par Emmanuel Macron