Pas de médecin ou plutôt pas de médecin pour se délacer au domicile: une galère de plus en plus fréquente pour certaines personnes âgées isolées, dans l’incapacité de se déplacer dans un cabinet médical. Y compris à Nice. Fort de ce constat, la Ville, la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Nice Centre – Nice Est, Les Petits Frères des Pauvres et l’association Safe G, créée par l’urgentiste Joëlle Martinaux, se sont associés dans un partenariat unique afin de mettre un chauffeur à disposition de médecins volontaires pour se rendre au chevet de ces patients.

« L’esprit de cette initiative, lancée en janvier, est de remettre des patients dépendants dans le parcours de soins », résume le Dr Martinaux. Car elle est destinée à une catégorie bien précise: « Des personnes qui n’ont plus de médecin traitant, qui n’ont donc plus de suivi et qui ne peuvent pas se rendre dans un centre de santé », indique Lilian Rouch, le directeur de la CPTS. C’est ce dernier organisme qui endosse le rôle de coordinateur.

« Pour revenir dans le parcours de soins »

« La CPTS – mais cela peut aussi être le centre communal d’action sociale, la caisse primaire d’assurance maladie ou Les Petits Frères des Pauvres – va fournir à l’association Safe G une liste de patients qui répond à ces critères. Nous nous chargeons ensuite de trouver des médecins qui pourraient assurer leur suivi à domicile, complète le Dr Martinaux. Et pour cela, la mise à disposition d’un chauffeur par la Ville change tout: cela résout le problème du transport et du stationnement. Car la perte de temps générée par la recherche d’une place est souvent un motif de refus des visites à domicile. Si on enlève cette contrainte, on permet aux personnes de revenir dans un parcours de soins. »

Les conditions d’accès sont relativement restrictives. « Le dispositif est destiné à une prise en charge sur le long terme. En cas d’urgence, il faut contacter le 15 ou SOS Médecins », assure la fondatrice de Safe G. « La CPTS vérifie que les personnes remplissent les conditions et les oriente vers un autre type de prise en charge si elle est indiquée, assure Lilian Rouch. Pour l’instant le dispositif ne s’applique que sur notre territoire, c’est-à-dire le 06.000 et 06.300 [centre-ville et est de la ville]. Les personnes peuvent nous contacter directement (1) mais nous pouvons aussi être alertés par des pharmaciens, des infirmiers ou des proches. »

« Se soigner est un droit »

De son côté, le président du conseil régional de l’Ordre des médecins, Hervé Caël (également conseiller municipal de Nice), salue cette initiative: « L’accès aux soins est une thématique majeure. Toute action qui le favorise est une bonne chose. Ici, elle répond aux besoins sans fragiliser l’existant et s’inscrit dans un projet médical de territoire. L’Ordre n’a pas connaissance d’expériences identiques dans la région et, pour le moment, les retours sont positifs. »

Safe G lance aussi un appel aux volontaires: « Nous avons besoin de médecins prêts à visiter des patients à domicile et à assurer leur suivi ainsi que la coordination avec les autres professionnels: infirmiers spécialistes, etc. », indique Joëlle Martinaux. C’est elle qui a soufflé l’idée du dispositif de chauffeur au maire, Christian Estrosi. Ce dernier justifie dans un communiqué de presse: « Grâce à ce coup de pouce, nous défendons un principe simple: personne ne doit être laissé en dehors du parcours de soins car se soigner n’est pas un privilège: c’est un droit. »

1. Contact: cptsncne@gmail.com