A quoi va ressembler la journée du mercredi 10 septembre ? Parti d’un appel en ligne, repris de façon hétérogène selon les endroits, et structuré sous les radars pendant l’été, les contours exacts du mot d’ordre «Bloquons tout» restent pour l’heure encore flous. Selon les informations collectées par les services de renseignement et transmises à l’AFP, ce mouvement aurait selon eux «changé d’orientation» depuis son lancement sur les réseaux sociaux, avec une «prise en main par l’extrême gauche et l’ultra gauche».

Avec la rentrée, les renseignements territoriaux relèvent que la mobilisation passe désormais «par des réunions et des assemblées générales où les gens se voient et échangent concrètement». Ce type de rassemblements auraient lieu «partout, dans des villages et pas seulement dans les grandes villes» et chacun, «y va de son idée». «Ça part dans tous les sens», notent-ils.

Sont évoqués pêle-mêle des blocages de gares, d’axes de circulation, de raffineries, de dépôts de la grande distribution comme Amazon, des opérations péages gratuits ou chariots gratuits (partir de grandes surfaces sans payer), des sabotages de radars automatiques, de distributeurs de billets, ou encore des manifestations classiques.

«Si on note une adhésion de plus en plus importante dans les réunions, il y a une part d’aléas. Tout dépendra du nombre de personnes réellement mobilisées le jour J pour entreprendre telle ou telle action», a expliqué une source sécuritaire. «C’est un mouvement horizontal, il n’y a pas un chef, chacun fait ce qu’il veut», a-t-elle poursuivi. D’où la difficulté pour les autorités d’anticiper les actions menées, et l’ampleur qu’elles pourraient prendre.

Même si l’hypothèse d’une chute du gouvernement de François Bayrou le 8 septembre est la plus probable, les services de renseignement considèrent que le 10 septembre sera «une journée qui comptera» car il y a «de la grogne et de la colère». Elle s’inscrit en outre dans «une séquence, une journée d’action syndicale étant prévue le 18 septembre».

Par ailleurs, aucun mot d’ordre unique ne se dégage vraiment. Cela va des «revendications locales, économiques, à la démission du président Emmanuel Macron», énumère la source policière citée plus haut. Les autorités surveillent également attentivement ce que pourraient faire les étudiants et les lycéens, en s’inquiétant d’une mobilisation massive et incontrôlée de leur part. «Les images ne seront pas belles», prévient un responsable de la police.

A Paris, les forces de l’ordre se préparent à toute éventualité et, comme lors du mouvement des gilets jaunes ou des manifestations contre la réforme des retraites, elles vont sécuriser tous les lieux emblématiques de la capitale : Elysée, Matignon, ministères, Assemblée nationale et Sénat. Les préfectures sont également en alerte sur tout le territoire, même si les autorités envisagent des mouvements plus forts dans certaines régions, comme l’ouest notamment, avec les villes de Rennes et Nantes.