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Depuis plusieurs mois, la Russie multiplie les frappes de missiles et de drones contre les villes ukrainiennes. Les populations civiles, les centrales électriques, les hôpitaux et les infrastructures vitales sont régulièrement visés. Face à cette situation, une idée prend de l’ampleur en Europe : l’initiative SkyShield, qui vise à mettre en place un véritable bouclier aérien pour protéger les Ukrainiens.

Concrètement, SkyShield consisterait à déployer environ cent vingt avions de combat européens, accompagnés d’avions de surveillance et de ravitailleurs, pour patrouiller dans le ciel de l’Ukraine. Cette zone de protection couvrirait surtout l’ouest et le centre du pays, c’est-à-dire les grandes villes comme Kyiv, Lviv ou Odesa, mais aussi les centrales nucléaires encore en activité. L’objectif n’est pas de créer une zone d’exclusion aérienne totale ni de combattre directement l’aviation russe, mais bien d’intercepter les missiles et drones qui frappent la population. Les avions européens resteraient éloignés de plus de deux cents kilomètres du front, afin de réduire au maximum le risque d’escalade militaire directe.

L’initiative apparaît à un moment où l’aide américaine à l’Ukraine ralentit, poussant l’Europe à réfléchir à ses propres solutions de défense. Pour ses partisans, SkyShield serait plus efficace qu’un envoi massif de troupes au sol et permettrait de sauver des vies tout en préservant les infrastructures essentielles du pays.

De nombreuses personnalités soutiennent le projet. On retrouve parmi elles le général Philip Breedlove, ancien commandant suprême de l’OTAN en Europe, et le général britannique Richard Shirreff, ancien numéro deux de l’Alliance. L’ancien président polonais Aleksander Kwaśniewski et l’ancien ministre lituanien des Affaires étrangères Gabrielius Landsbergis se sont également prononcés en faveur du plan. À leurs côtés figurent des parlementaires et responsables venus de divers pays européens, comme la République tchèque, la Finlande, la France ou l’Allemagne. Même des anciens responsables américains, tels que le général Ben Hodges ou l’ex-congressman Adam Kinzinger, ont apporté leur soutien.

Mettre en œuvre SkyShield ne serait cependant pas simple. Il faudrait définir une chaîne de commandement claire et des règles d’engagement précises pour éviter les erreurs. Les risques politiques existent aussi : la perte d’un avion européen pourrait déclencher un débat houleux dans les capitales concernées. Mais ses promoteurs assurent que le bénéfice humanitaire et stratégique l’emporte largement sur ces dangers.