Pedro Acosta n’est plus seulement « le phénomène »
annoncé. Le jeune Espagnol de 21 ans est en train de transformer
son potentiel en résultats concrets, et son ascension commence à
inquiéter sérieusement ses rivaux. Avec deux podiums sur les trois
dernières courses – dont une démonstration de calme et de maturité
en suivant Marc Marquez jusqu’au drapeau à damier au Grand Prix de
Hongrie – Acosta a franchi un cap. Comment a-t-il ainsi biffé sa
frustration palpable en début de saison ? Sylvain Guintoli
l’explique …

Longtemps critiqué pour son agressivité et son impatience,
Acosta a surpris jusqu’à Pol Espargaró : « je
suis très heureux parce que c’est un jeune pilote qui commet des
erreurs, comme nous tous. Mais il a un talent
surnaturel
. (…) Il ne brille pas encore autant qu’on le
voudrait, et cela entraîne des moments de frustration. Souvent, le
public lui reproche ses erreurs, mais il n’a que 21
ans
, et il gère tout ça d’une manière qui me
surprend. »

Acosta a appris à canaliser son énergie. Plutôt
que de provoquer des chutes inutiles, il choisit ses moments, ce
qui lui permet de rester dans la lutte pour le podium au
championnat. Actuellement cinquième du général, il
vise déjà une place dans le top 3 d’ici la fin de saison.

Malgré ses progrès, la relation avec KTM n’a
pas toujours été simple. Selon
Sylvain Guintoli
, Acosta s’est «
définitivement » accroché avec son équipe, au point de le
regretter. Son manager,
Albert Valera
, lui aurait même passé un savon
pour qu’il retrouve sa concentration. Résultat :
Acosta est redevenu un autre pilote, plus lucide,
plus efficace en avouant : « nous avons eu une
discussion un peu plus difficile dans les stands ; il faut
maîtriser nos émotions. Mais cela a peut-être un peu aidé tout le
monde
 » .

Pedro Acosta sur la piste poussiéreuse de motocross

Pedro Acosta doit afficher
un CV « sans défaut impardonnable »

Il lui reste 18 mois de contrat avant d’être
libre
. KTM a enfin fait progresser la RC16, mais l’ombre
du départ de Red Bull, partenaire historique, pourrait bouleverser
l’équilibre à moyen terme.

Plus tôt dans la saison, le nom d’Acosta avait
circulé chez
Honda
, avant que la marque japonaise ne mise
sur
Luca Marini
. La raison ? Sa régularité.
Marini est le seul pilote de la grille à ne pas avoir chuté
de la RC213V cette saison
, preuve d’un instinct «
sans défaut impardonnable », là où
Acosta restait sujet à quelques erreurs.

Mais le vent tourne. Honda, en pleine
reconstruction et déjà en progrès avec la RC213V, se prépare à
l’horizon 2027, année de la nouvelle réglementation. L’arrivée
d’une jeune superstar comme Acosta leur donnerait
un coup de fouet inestimable.

Acosta n’a aucune raison de précipiter son
choix. Les portes s’ouvriront toutes seules : Ducati, Honda,
Aprilia… tout le monde voudra s’offrir celui qui incarne l’avenir
du MotoGP. La clé sera pour lui de choisir le projet où son talent
pourra réellement s’exprimer.

Aujourd’hui, il fait briller KTM. Demain, il
pourrait devenir le pilier d’un constructeur MotoGP en quête de renaissance, et
Honda semble déjà se positionner.

Pedro Acosta avec sa motocross KTM