Dans l’étude, près de 40 % des « scrolleurs » disaient rester plus de 5 minutes sur la cuvette, contre 7 % de ceux y allant sans écran.
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Rester longtemps sur la cuvette est un des premiers facteurs de risque de la maladie. Les experts recommandent de ne pas s’y attarder.

Les écrans s’invitent partout dans notre vie, y compris dans les toilettes. Et cette habitude n’est peut-être pas sans conséquence. Selon une étude publiée mardi, le fait de regarder son smartphone sur la cuvette est associé à un risque accru de souffrir d’hémorroïdes. Lorsqu’ils se dilatent ou s’enflamment, les petits coussinets vasculaires naturellement présents dans l’anus sont à l’origine de symptômes gênants. On parle alors de maladie hémorroïdaire, une affection bénigne mais très fréquente.

Les chercheurs, qui lancent l’alerte dans la revue PLOS One , ont interrogé 125 patients réalisant une coloscopie au Centre médical Beth Israel Deaconess, hôpital universitaire de Boston (États-Unis), sur leurs habitudes numériques au « petit coin ». Leur régime alimentaire, leur activité physique et l’intensité de leurs efforts lors de la poussée ont aussi été évalués par des questionnaires. Les réponses des volontaires, âgés de plus de 45 ans, ont été mises en regard avec la présence d’hémorroïdes sur la coloscopie.


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5 minutes sur la cuvette

Les deux tiers des sujets de l’étude ont confié « scroller » tout en étant sur les toilettes, et ce au moins une à deux fois par semaine pour 93 % d’entre eux. Cela les conduit à y passer plus de temps que les non « scrolleurs » : près de 40 % restent plus de 5 minutes sur la cuvette, contre 7 % de ceux venus sans écran. L’activité la plus pratiquée est la lecture des informations (54 %), suivie par la consultation des réseaux sociaux (44 %).

Les chercheurs observent que cette utilisation « est associée à une augmentation de 46 % du risque d’hémorroïdes ». L’effet écran n’est en revanche pas lié à la constipation ou à la présence d’un effort de poussée dans cette étude.

Les scientifiques reconnaissent que leur recherche met au jour une simple association entre usage du téléphone aux toilettes et présence d’hémorroïdes, et non un lien de causalité. De plus, alors que la maladie hémorroïdaire se définit par des symptômes (saignement, douleurs ou pesanteurs, démangeaisons, ces signes pouvant être isolés ou associés), les chercheurs se sont contentés des images de la coloscopie. « Même si deux avis indépendants de médecins ont été recueillis, ce diagnostic est peu fiable, car il ne tient pas compte d’une éventuelle plainte formulée par le malade, relève le Dr Philippe Godeberge, gastro-entérologue à l’Institut Mutualiste Montsouris, à Paris. Il est donc difficile d’en tirer un enseignement. »

Malgré ses limites, la publication est l’occasion de rappeler des messages essentiels de prévention, selon le spécialiste : « Rester longtemps sur les toilettes est l’un des premiers facteurs de risque de maladie hémorroïdaire, avec un niveau de preuve assez élevé. Il ne faut donc jamais s’y attarder, que ce soit avec un livre ou un téléphone, car en position assise, la pression abdominale s’exerce directement sur les hémorroïdes et sur le périnée. »

Sédentarité, obésité, âge

« La sédentarité, l’obésité, l’accouchement et l’âge sont également propices à la maladie hémorroïdaire, précise le Dr Godeberge. L’hydratation, un bon apport en fibres et une activité physique peuvent aider à prévenir les crises. » Les chercheurs notent d’ailleurs que les utilisateurs de téléphone aux toilettes sont moins actifs que les autres participants à l’étude.


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Selon les auteurs de l’étude, la capacité des nouvelles technologies à capter l’attention pourrait contribuer à prolonger les séjours dans cette pièce. Ils soulignent qu’« il est extrêmement facile de perdre la notion du temps lorsqu’on consulte son smartphone », et recommandent de laisser cet objet à l’extérieur.