Les projets de la Liga et de la Serie A d’exporter des rencontres officielles hors d’Europe mobilisent les supporters et inquiètent les institutions.
Une fronde sans précédent agite le paysage footballistique européen. Plus de quatre cents groupes de supporters issus de vingt-cinq pays ont uni leurs voix pour dénoncer les projets de délocalisation de matches de championnat hors du continent. La Liga envisage d’organiser Villarreal-Barcelone à Miami en décembre, tandis que la Serie A projette AC Milan-Côme à Perth en février 2026. Ces initiatives sont perçues comme une dénaturation profonde de l’esprit sportif.
Les détracteurs pointent l’absurdité logistique et l’irresponsabilité écologique de tels déplacements transocéaniques pour une simple rencontre domestique. L’UEFA, saisie du dossier, doit rendre sa décision le 11 septembre prochain, mais son pouvoir d’intervention semble limité si les fédérations nationales maintiennent leur position.
Derrière ces projets se cachent des motivations essentiellement commerciales. Les ligues espagnole et italienne entendent élargir leur audience internationale et satisfaire des partenariats stratégiques, à l’image des NBA Games. La Serie A invoque également l’indisponibilité du stade San Siro en raison des Jeux Olympiques d’hiver. Cette logique n’est pourtant pas nouvelle : les Supercoupes se jouent déjà régulièrement en Arabie saoudite, en Chine ou au Qatar.
Si les fédérations nationales détiennent l’essentiel du pouvoir décisionnel, les oppositions se multiplient. Le commissaire européen aux Sports a évoqué une « trahison », le syndicat des joueurs espagnols a exprimé son désaccord, et le Real Madrid met en garde contre une « falsification de la compétition ». La mobilisation dépasse donc largement le cercle des supporters, soulignant une fracture croissante entre les intérêts financiers et l’identité sportive européenne.