Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a appelé ce mercredi 3 septembre à « défendre l’indépendance des banques centrales », estimant que la remettre en cause est « dangereux pour la démocratie », alors que le président Donald Trump exerce des pressions sur la Réserve fédérale américaine (Fed).

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau hausse le ton. Ce mercredi 3 septembre, il a appelé à « défendre l’indépendance des banques centrales », estimant que la remettre en cause est « dangereux pour la démocratie », alors que le président Donald Trump exerce des pressions sur la Réserve fédérale américaine (Fed).

« Nous Européens devons, face aux régressions graves de l’administration Trump, défendre l’indépendance des banques centrales. Non, celle-ci n’est pas une anomalie dans la démocratie: l’indépendance a au contraire été conférée par la démocratie, et c’est s’y attaquer en contradiction avec la loi américaine qui est dangereux pour la démocratie », a-t-il déclaré lors d’un discours en Autriche, à Vienne.

« Non, l’indépendance n’est pas faite pour nous banquiers centraux; elle est au service de tous les citoyens », a-t-il poursuivi lors de cette allocution prononcée en l’honneur de Robert Holzmann, gouverneur de la banque centrale autrichienne et membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), dont le mandat s’est achevé fin août.

« Et non, l’indépendance n’est pas un obstacle à des taux d’intérêt raisonnablement bas: elle en est au contraire la condition, en permettant de maîtriser durablement l’inflation et d’ancrer les anticipations des agents économiques », a-t-il souligné.

« La victoire contre l’inflation est acquise »

Ainsi, a ajouté François Villeroy de Galhau, grâce à la politique monétaire de la BCE, « la victoire contre l’inflation est acquise ». Le président américain tente actuellement de révoquer la gouverneure de la Fed Lisa Cook, accusée par le camp présidentiel d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables. L’affaire est devant la justice américaine.

Le départ de Lisa Cook offrirait au président Trump la possibilité de nommer à la Fed une nouvelle personnalité partageant ses idées. Donald Trump s’est également attaqué à plusieurs reprises ces derniers mois au président de la Fed, Jerome Powell, à qui il reproche de tarder à baisser les taux d’intérêt américains.

De son côté, le gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Andrew Bailey, s’est dit mercredi « très préoccupé » par les menaces sur l’indépendance de la Fed, estimant qu’il s’agissait d’une « situation très grave ».

Ces commentaires rejoignent les inquiétudes exprimées lundi par la présidente de la BCE Christine Lagarde. Elle avait jugé qu’une prise de contrôle de la politique monétaire américaine par Donald Trump serait « un danger très sérieux » pour l’économie américaine et mondiale.

Si la Fed a laissé ses taux inchangés en juillet, compris entre 4,25% et 4,50%, le marché estime qu’elle devrait les baisser à l’issue de sa prochaine réunion des 16 et 17 septembre.