Interrogée par «Quotidien», la députée LFI a estimé que l’empire du Milieu disposait «un système politique à parti dominant». Et relativisé l’absence de critiques que la population peut formuler à l’égard du Parti communiste chinois.
La séquence risque de faire grincer quelques dents à gauche. Souvent critiquée pour sa mansuétude envers la Chine, la députée insoumise Sophia Chikirou vient de redonner du grain à moudre à ses détracteurs. Trois mois après avoir défrayé la chronique en faisant adopter, par la Commission des affaires européennes à l’Assemblée, un rapport sur les relations entre l’Union européenne (UE) et la Chine – où elle dénonçait l’«alignement» du Vieux continent «sur la politique américaine vis-à-vis de Pékin», tout en valorisant le «système politique chinois» présenté comme «l’infrastructure politique d’un volontarisme national assumé» – l’élue de Paris a de nouveau tenu des propos ambigus sur l’empire du Milieu.
Interrogée récemment par l’émission «Quotidien», Sophia Chikirou l’assure haut et fort : non, «la Chine n’est pas une dictature», mais plutôt «un système politique à parti» moins «unique» que «dominant», en référence au parti communiste chinois (PCC), au pouvoir sans discontinuer depuis 1949. Or, cette affirmation ne correspond pas vraiment à la réalité : en 2023, le pays – où les libertés politiques ou civiques sont extrêmement limitées – figurait parmi les pires régimes autoritaires, classé 148e sur 167, selon le «Democracy Index» publié chaque année par le magazine britannique The Economist. Peu importe pour Sophia Chikirou, qui assure qu’«il n’y a pas un seul homme qui dirige la Chine».
Problème : cette deuxieme partie de réponse occulte le fait que, malgré la mainmise officielle du PCC sur l’État, un homme concentre aujourd’hui presque tous les pouvoirs : Xi Jinping, le secrétaire général du PCC et président de la République populaire de Chine. Certes, l’Insoumise reconnaît qu’il est «impossible» de «critiquer le communisme», mais elle soutient mordicus que la population peut «critiquer des mesures» ou des «propositions» formulées par le parti.
Invitée par un autre journaliste à dire si «la liberté d’expression était menacée en Chine», Sophia Chikirou s’est alors livrée à un numéro d’équilibriste, estimant qu’elle ne l’était pas davantage à Pékin qu’à Paris. «Aujourd’hui, c’est compliqué de parler de liberté d’expression en France et de donner des leçons sur la liberté de la presse», a insisté la députée mélenchoniste, qui refuse de «faire une hiérarchie» entre les deux pays. Et d’ajouter que, du point de vue français, «il n’y a pas de quoi fanfaronner». Un parallèle pour le moins hasardeux et contestable : l’Hexagone figure au 25e rang mondial du classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, quand la Chine pointe à la… 178e place.