Lorsqu’on prononce le mot Brennus devant vous, qu’est-ce que ça vous évoque ?
De l’envie. L’envie de le toucher. De croquer dedans, de profiter en faisant la fête avec. Mais pour cela, il faut le gagner (sourire).
Quels sont vos premiers souvenirs en lien avec le Brennus ?
Je ne sais pas pourquoi, mais le premier qui me vient, c’est la finale à Barcelone (en 2016, remportée par le Racing contre Toulon). C’est bien celle-ci où il y a eu un carton rouge (NDLR, à l’encontre de Machenaud dès la 18e minute) ? C’est ça que je retiens. Le Racing s’était « surdéveloppé » sur ce match : il avait tout donné pour gagner. Quand j’y repense aujourd’hui, ça démontre que si tu décides de gagner, si tu mets tous les ingrédients pour, tu peux retourner des montagnes et atteindre ce bouclier.
Être passé à deux reprises à côté du Brennus sans pouvoir le soulever, est-ce une blessure ?
Quand on passe à côté en entrant sur le terrain, on espère évidemment pouvoir le soulever dans les tribunes 80 minutes plus tard. Donc oui, c’est une blessure. Mais on apprend énormément à chaque fois. On avait appris beaucoup lors de la première (59-3, en 2024 à Marseille). Ça s’est vu lors de la seconde puisqu’on a réussi à pousser jusqu’en prolongation (39-33, en 2025 au Stade de France). En espérant désormais que la troisième année soit la bonne.
“Ce que je retiens, c’est que jouer face aux All Blacks, c’est dur en fait (rires)”
La deuxième finale a-t-elle été plus difficile à évacuer ?
Oui. La première, on n’a pas répondu présent. Mais lors de la deuxième, on a été à une brindille d’herbe de toucher le Brennus. C’est très frustrant.
Dans ce contexte, avoir rejoint le XV de France en Nouvelle-Zélande juste après la finale vous a-t-il aidé ou non à la digérer ?
Ça m’a aidé à passer à autre chose. C’était une autre histoire, avec d’autres objectifs. Les petits pépins que j’avais pu avoir en fin de saison, je les ai mis de côté pour me donner à fond pour ce maillot. J’ai vécu une superbe expérience, même si le résultat n’a pas été celui qu’on espérait. Je pense m’être « enrichi » là-bas.
“On va essayer de se rapprocher le plus possible de ce bouclier pour le ramener à Bordeaux”
En quoi ?
Jouer les Blacks, en Nouvelle-Zélande, c’est quelque chose qui n’arrive pas souvent. Si on prend tous les joueurs de rugby, peu ont eu cette chance de faire une tournée là-bas et de jouer trois fois contre eux. C’est quelque chose de fou. Ce que je retiens, c’est que jouer face aux Blacks, ce n’est pas facile en fait (rires). J’ai eu aussi la chance d’affronter Jordie Barrett, un joueur que j’idolâtre. J’ai pu lui parler après le match : en tant que jeune joueur, c’est beau de pouvoir vivre ça.
Que vous a-t-il dit ?
D’après ce que j’ai compris – je ne parle pas très bien anglais (sourire) – il m’a dit de continuer comme ça. Je pense qu’il a vu en moi du potentiel. Il m’a dit plein de choses gentilles, c’était sympa comme conversation.
À l’aube de cette nouvelle saison de Top 14, quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
On doit confirmer la saison qu’on vient de réaliser. Ça demandera de la rigueur, du travail, mais surtout de ne jamais baisser d’intensité. Se contenter de notre trophée de champion d’Europe, ça peut être le piège. Mais au contraire, on est très motivé à l’idée de gagner d’autres titres.
Le Brennus n’est-il pas désormais une obsession pour l’UBB ?
Comme pour tout club de Top 14 ! On en a été tout proche, on sait à quel point c’est difficile d’y arriver. On va essayer de faire en sorte de se rapprocher le plus possible de ce bouclier pour pouvoir le toucher et le ramener à Bordeaux un jour.
Avant même le début de la saison, vous faites figure de favori pour le bouclier au même titre que le Stade Toulousain. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Depuis deux ans, oui, ce sont Toulouse et Bordeaux qui se disputent le titre. Mais on constate que le Top 14 est toujours plus serré. Il faut toujours attendre la dernière journée pour savoir qui sera en barrages ou en demi-finales. Tous les clubs sont déterminés pour le remporter. Ce sera de pire en pire dans les saisons à venir.
Votre discours est prudent, mais au vu de vos derniers parcours en championnat, il serait légitime de clamer une ambition de manière plus directe ?
Ce serait bien pour le club. C’est dans la tête de tous les Bordelais, de tous les joueurs et de tout le staff. On va tout faire pour essayer de décrocher ce bouclier.
Blessures
Effectif. L’UBB a joué de malchance ces dernières semaines. Les blessures de Maxime Lucu (tendon du pouce), Yoram Moefana (épaule), Romain Buros (mollet) et Arthur Retière (syndrome des loges) vont entamer le potentiel de la ligne d’attaque bordelaise. « C’est sûr que ça nous met une petite épine dans le pied », observe Nicolas Depoortere. « Mais depuis quelques années, le staff a fait en sorte de créer de la profondeur dans le groupe. Même si on a des blessés, on a un effectif suffisamment fort pour combler ça. »