CAMION SI TERNE

On pourrait résumer la stupidité de Ice Road : La vengeance au fait qu’il n’est jamais question de routes enneigées ou gelées, juste de quelques flocons au sol le temps d’une scène expéditive, et que la fameuse « vengeance » du titre concerne à peu près tous les personnages, sauf celui de Liam Neeson. L’acteur joue encore et toujours un pauvre bougre, dur à l’extérieur mais tendre à l’intérieur, qui se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment.

Par un curieux concours de circonstances, alors qu’il venait disperser les cendres de son frère au sommet de l’Everest, il se retrouve traqué par un homme d’affaires mafieux, ses mercenaires et des policiers locaux corrompus qui tentent d’éliminer les opposants à la construction d’un barrage hydroélectrique.

Sur le papier, c’est un embryon de contexte sociopolitique, et on pourrait presque croire que le film veut raconter quelque chose quand une villageoise assène que les emplois promis par le groupe industriel ne profiteront qu’aux Occidentaux et qu’il est hors de question que leur avenir consiste à fabriquer des IPhones. La suite des événements s’applique à nous remettre les pieds sur terre, chaque séquence étant plus absurde que la précédente. Là-dessus, il est bon de rappeler que Jonathan Hensleigh est aussi le scénariste d’Armageddon et le réalisateur du Punisher de 2004.

Ice Road : la Vengeance, Liam Neeson, Fan BingbingLiam Neeson et Amber Midthunder Fan Bingbing

Les ennuis commencent avec Liam Neeson qui « escalade » une falaise à mains nues et hurle « DRAGOOO » au sommet pour illustrer son syndrome du survivant. Ça continue avec sa guide népalaise, Dhani, qui par un heureux hasard se révèle être une sorte de G.I. Jane en puissance. Tout aussi cliché, on retrouve également le touriste américain qui comprend tous les tenants et aboutissants de la situation parce qu’il est intelligent et a un super instinct, mais pas assez pour ne pas se mettre bêtement en danger.

Sans oublier sa fille adolescente qui change de personnalité passé le premier tiers du film et réussit à coucher la méchante (que ni G.I. Jane ni Liam Neeson n’ont réussi à mettre KO) en reproduisant un coup d’autodéfense qu’on lui a vite fait montrer 15 minutes plus tôt. Quant à cette fameuse méchante, on ne devrait même pas la mentionner tant elle est une caricature ennuyeuse de la femme de main taciturne qui fait les gros yeux, mais le fait qu’elle lâche une phrase en français (à la prononciation atroce) en pleine prise d’otage et sans aucune explication force presque la curiosité. « Presque ».

Ice Road : La vengeance, Fan BingbingNe demandez pas pourquoi elle sait se battre comme çaBOF COMME UN CAMION

Ice Road 2 est un thriller neurasthénique doublé d’une série B d’action bien chiche. Non seulement la réalisation n’affiche aucune ambition spectaculaire malgré des situations qui s’y prêtent, comme la dégringolade du « Kiwi Express » dans une pente ardue, mais l’action elle-même est freinée par Liam Neeson. À l’évidence, l’acteur n’est plus capable d’assurer la moindre escarmouche avec un minimum de crédibilité. Son personnage évite donc autant que possible les combats au corps-à-corps, et les quelques-uns qui subsistent sont filmés et montés tellement n’importe comment qu’on devine à peine qui gesticule devant la caméra.

D’un côté, le film semble en avoir conscience et délègue donc le gros des combats physiques à Fan Bingbing, qui n’est donc caractérisée que comme « la meuf cool et badass ». Ce qui n’empêche pas le vétéran de garder le beau rôle, d’être quand même celui qui sauve tout le monde in extremis, ce que sa nouvelle acolyte ne manque jamais d’expliciter, comme si cela suffisait à lui donner une aura héroïque.

Ice Road : La vengeance, Liam NeesonLe summum de l’action pour Liam Neeson

Certes, le personnage conduit très bien, tellement bien qu’il prend de vitesse un éboulement, s’accroche par-ci par-là (en restant bien statique) et se remet d’une balle dans le ventre après une bonne sieste, mais il suffit de le voir rattraper laborieusement un bus qui roule au pas pour constater que l’acteur n’a définitivement plus rien à offrir au genre. Du moins pas dans ce type de rôle de mi-retraité mi-Rambo. C’est d’ailleurs le même reproche qu’on a pu faire à Sylvester Stallone pour Expendables 4 ou à Arnold Schwarzenegger pour la série Fubar (annulée après deux saisons).

En l’état, on en viendrait donc presque à préférer le retour du Bryan Mills de Taken à celui du Mike McCann de Ice Road.

Ice Road : La vengeance, affiche française