Il fut un guerrier du pack gallois, un troisième ligne infatigable, membre du XV du Poireau qui a fait le Grand Chelem en 2008. Aujourd’hui, Alix Popham vit une tout autre bataille, bien plus intime. À seulement 45 ans, l’ancien international souffre de démence précoce. Une conséquence directe, selon ses neurologues, des centaines de milliers de chocs encaissés durant ses 14 années de carrière professionnelle.
Un chiffre hallucinant
Les chiffres donnent le vertige. À l’entraînement comme en match, Popham aurait subi plus de 100.000 impacts à la tête. Pas seulement de grosses commotions spectaculaires, mais surtout une multitude de secousses dites « subcommotionnelles », souvent banalisées dans le rugby d’hier. Des microtraumatismes répétés, capables à long terme d’endommager durablement le cerveau.
Les premiers symptômes sont apparus huit ans après la fin de sa carrière. Oublis de noms, de dates, pertes de mémoire soudaines. Puis les trous noirs se sont multipliés. “Parfois, je me sens comme un imposteur, comme si ma carrière n’avait jamais eu lieu”, confie-t-il avec une sincérité désarmante au média Spiegel. Aujourd’hui, il n’a gardé en mémoire que la date de son mariage. Les photos de sa carrière ornent son salon, comme des repères d’un passé qui s’efface.
Pour rester vigilant, World Rugby a mis en place une procédure en cas de commotion
Le protocole commotion qui intervient en plein match pour les joueurs concernés.(Extrait d’un reportage Canal +) pic.twitter.com/muIfEtHy5z
— Ovalie Média (@OvalieMedia) May 16, 2024
Le quotidien est devenu un combat. Crises de colère incontrôlées, panique dans les foules, incapacité à se souvenir de sa liste de courses… Autant de signes de l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), ce syndrome neurodégénératif déjà tristement connu dans le football américain. En 2015, la NFL avait créé un fonds de plusieurs milliards de dollars pour indemniser ses anciens joueurs. Popham, comme de nombreux ex-professionnels, réclame désormais la même chose au rugby.
World Rugby mis en cause ?
L’ancien rugbyman Sébastien Chabal confie ne plus avoir aucun souvenir de sa carrière sportive. Par l’Orange médiatique.
100% pur jus d’infos!🟠#rugby #commotion #chabal #amnesie #france #savoir pic.twitter.com/hYakQexdIj
— L’orange médiatique (@lorangemediati) April 11, 2025
Avec d’autres, il a engagé des poursuites contre World Rugby, ainsi que les fédérations anglaise et galloise. Leur reproche est clair : ne pas avoir protégé suffisamment les joueurs, ni pris en compte la gravité des commotions et de leurs effets répétés. À l’époque, le protocole n’était pas assez poussé par manque de connaissance. Repartir au combat était une évidence. Aujourd’hui, Popham en paie le prix fort.
Son témoignage secoue le rugby mondial. Derrière les débats sur l’évolution des règles ou la sécurité des joueurs, il met un visage et une voix sur la réalité : le rugby de haut niveau peut abîmer bien au-delà du terrain.
Alix Popham n’est plus ce joueur qui grattait des ballons dans les rucks, mais il reste un combattant. Désormais, son match se joue en dehors des pelouses, pour obtenir reconnaissance et protection pour ceux qui, comme lui, ont tout donné au rugby.