L’OPS, en concertation avec sa directrice générale Marie Linden, son conseil d’administration et les musiciens, renouvelle pour une durée de deux ans le contrat du chef Aziz Shokhakimov, déjà renouvelé une première fois jusqu’en 2026 : « Je travaille ici depuis quatre ans et je dois dire qu’on a trouvé comment communiquer avec l’orchestre. Il y a maintenant une bonne alchimie et de la confiance. Je suis très très heureux de prolonger le contrat. »

Vivre à Strasbourg l’aide à mieux comprendre la culture française

Nommé directeur musical et artistique de l’OPS en 2021 , il se souvient de débuts difficiles à Strasbourg : « Je suis arrivé pendant le Covid, il y avait des règles de distance entre les musiciens, c’était un peu difficile de jouer ensemble. » Il lui a fallu du temps, dit-il encore, pour trouver la « clé » de l’orchestre. « Pour les répétitions, je suis très exigeant, je demande beaucoup de concentration, pendant le concert aussi. C’est toujours très sérieux. Mais après, l’atmosphère est toujours très amicale, nous pouvons boire des bières ensemble, on joue au ping-pong, aux échecs, parfois au foot. »

Le fait d’habiter à Strasbourg l’a aidé à mieux comprendre la culture française. Après avoir étudié le violon, l’alto et la direction d’orchestre dans sa ville natale de Tachkent, témoignant d’un talent précoce, le chef ouzbek avait vite été propulsé sur les scènes européennes, porté par un prix au Concours international de direction d’orchestre Gustav Mahler en 2010.

Régulièrement invité à diriger de prestigieux ensembles dans le monde entier

Désigné personnalité musicale de l’année en 2023 par le Syndicat de la critique, il est régulièrement invité à diriger des formations prestigieuses, en France, dont l’Orchestre de Paris, dans toute l’Europe, mais aussi aux États-Unis et en Asie. « Ma magnifique épouse m’a beaucoup aidé, mais j’essaie maintenant de passer plus de temps avec ma famille. Je décide d’aller aux endroits importants pour ma carrière et je refuse quelques invitations pour être avec eux ». Son grand fils a 9 ans, la cadette 5 ans et le benjamin 9 mois.

La saison précédente a été marquée par d’importantes difficultés budgétaires. Si l’OPS, présidé par la maire Jeanne Barseghian, aborde la nouvelle saison avec un peu plus d’air, il lui faut composer avec cette donnée, quitte à des renoncements : « Nous avons essayé de continuer à un haut niveau, avec des chefs invités et des solistes de premier plan. Nous restons optimistes. C’est difficile mais on veut continuer à faire des grands programmes », assure Aziz Shokhakimov.

À l’entame de la nouvelle saison, il se réjouit de démarrer le 11 septembre avec Gautier Capuçon et le Concerto pour violoncelle de Dvorak, qui est « comme une symphonie et demande beaucoup à l’orchestre ». Aziz Shokhakimov va diriger le même soir Une symphonie alpestre de Richard Strauss. Le chef sera porté par les formidables paysages de Bavière et d’Autriche où il a randonné cet été, la musique de Strauss en tête. Et dès le 2 octobre, il va diriger trois virtuoses, dont le pianiste fidèle à Strasbourg Alexandre Kantorow, dans un programme qui l’est tout autant.

Dans ses programmes, il essaye d’équilibrer entre grands noms et compositeurs plus rares.

Tchaïkovski et sa septième symphonie pour espérer la fin de la guerre contre l’Ukraine

À l’affiche du 6 mars prochain, signalons la septième symphonie de Tchaïkovski dite “Leningrad” : « Cette symphonie est maintenant très symbolique parce qu’il y a des guerres. Malheureusement c’est contre l’Ukraine, c’est très triste, c’est une tragédie. Je suis né en Ouzbékistan (en 1988) quand elle était encore dans l’Union soviétique. Cette guerre contre l’Ukraine, c’est terrible. Mais cette symphonie montre aussi de l’espoir. J’espère que cette guerre va se terminer le plus vite possible, c’est pour ça que j’ai choisi de la jouer cette saison. »

Il se réjouit aussi de tenter des expériences, cette fois autour de musiques de film : « Normalement je dirige des programmes plus sérieux, Mahler, Tchaïkovski, mais je pense qu’on peut apporter quelque chose dans cette musique. La saison dernière, j’avais fait une autre expérience, avec la musique américaine. »

Une œuvre a été commandée à Oscar Strasnoy, elle sera créée le 6 mars par le pianiste Alexandre Tharaud et le violoncelliste Jean-Guihen Queyras : « Cela fait partie de nos missions, souligne Aziz Shokhakimov. Il y a des compositeurs très intéressants, on est en négociations pour une prochaine résidence, je ne peux pas vous dire avec qui. »

Et après le 31 août 2028 ? « Il y a des discussions. J’aimerais rester un peu plus à Strasbourg, j’adore cet endroit, à côté de l’Allemagne, de la Suisse, c’est idéal d’habiter ici. » Le chef envisage même d’acheter une maison dans la capitale alsacienne.

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