L’accident s’est produit jeudi 28 août, aux alentours de 16h45, à Saint-Laurent-du-Var, sur la route du bord de mer (RM6098). Celle-là même qui vient de passer de 70km/h à 50km/h, provoquant de nombreux flashs des radars et la grogne de certains usagers.
Jennifer, une Cagnoise de 37 ans qui travaille à la Chambre des métiers et de l’artisanat, terminait sa journée et allait prendre le bus, dont l’arrêt se trouve devant le nouveau parking de la gare, pour rentrer chez elle. Avant, il y avait une passerelle pour traverser la très fréquentée route du Bord de mer. Mais elle a été retirée mi-juin, dans le cadre des travaux du futur parc relais du tramway T4, laissant la place à un passage piéton, des feux de circulation et une vitesse réduite de 70 à 50km/h.
Projetée « à 35mètres » du passage piéton
Jennifer commence donc à traverser et se fait faucher par un automobiliste. « Elle a été retrouvée 35mètres plus loin alors qu’elle était sur le passage clouté, témoigne son mari Vincent, 42 ans, encore sous le choc. Elle s’en est sortie miraculeusement. »
Le conducteur, un jeune homme, s’est arrêté. Il a été interpellé, placé en garde à vue puis déféré au tribunal judiciaire de Grasse, qui a ouvert une information judiciaire.
« On en parlait tout le temps, de cette passerelle. On se disait que c’était dangereux de l’avoir enlevée et de devoir désormais traverser ici, ajoute Vincent. Et quand je vois les gens qui se plaignent parce que la limitation est passée de 70 à 50km/h… C’est bien la preuve que c’était plus que nécessaire. »
Fractures multiples et traumatisme crânien
L’accident s’est produit au niveau de l’ancienne passerelle, remplacée par un passage clouté et des feux. Photo Ro. B.
Jennifer, elle, souffre de multiples fractures. Bras, épaules, coudes, jambes, pieds, bassin, côtes… et un traumatisme crânien.
« Par chance, son pronostic vital n’est plus engagé, souffle Vincent. Elle est rentrée au bloc opératoire de l’hôpital Pasteur 2 à 21 heures pour en ressortir à 5 heures de matin, juste pour le côté droit. Et elle y est repassée lundi pour le côté gauche. Maintenant, elle est au service traumatologie, alitée, les deux jambes plâtrées, les bras immobilisés en croix sur le corps, elle est perfusée de partout… Elle en a pour au moins un an de convalescence. »
Le certificat médical fait une page entière. Est-ce que le conducteur a grillé un feu ? Est-ce qu’il était sous l’emprise de stupéfiants? « Il a reconnu aux policiers avoir fumé du cannabis la veille, affirme Vincent. Et plusieurs témoins m’ont dit qu’il était en excès de vitesse et qu’il avait grillé le feu. »
L’enquête le déterminera: le dossier est désormais dans les mains de la justice.
Un motard a tout vu et témoigne
Mais David, un motard, a tout vu. « La voiture m’a doublé sur le pont Napoléon-III et, on ne va pas se mentir, comme tout le monde sur ce pont je n’étais pas à 50km/h mais plutôt à 70, témoigne-t-il. J’ai vu le feu passer au rouge, j’ai décéléré, mais lui l’a grillé. La piétonne a traversé au vert sur le passage clouté et a été projetée par-dessus la voiture, comme désarticulée. Une fois au sol à plusieurs mètres de l’impact, elle ne bougeait plus. Tout le monde s’est arrêté, tout le monde était choqué. »
Il poursuit: « J’ai appelé les pompiers et, malgré mon brevet de secouriste, je n’ai même pas osé la mettre en PLS [position latérale de sécurité], de peur d’empirer la situation. Le jeune conducteur, lui, était en état de choc, décontenancé, les mains sur la tête. Je crois qu’il a bien compris qu’il avait fait une connerie. »