L’ombre de la moustache de papy Raymond, alias Raymond Boulesque, ce Bordelais créateur de la crème Jock, en 1938, s’imprime encore sur certains paquets et boîtes de la recette initiale et de petit-déjeuner, de la marque. Néanmoins, depuis décembre 2022, l’entreprise girondine n’est plus entre les mains de la famille de l’arrière-grand-père fondateur, mais entre celles d’Aquasourça, fonds d’investissement lyonnais, déjà détenteur de 40 % des parts depuis 2021, et dans une moindre mesure d’Aquiti, fonds néo-aquitain. Et depuis novembre 2024, un nouveau directeur général, Clément Cordier, tient les rênes.
Que les générations successives, accros à la marque bordelaise, se rassurent, le changement de mains ne fait pas peser sur l’entreprise, pour le moment, le spectre d’une délocalisation hors Gironde. D’ailleurs, Jock continue d’orner les maillots de l’Union Bordeaux-Bègles et un plan d’investissement sur cinq ans (jusqu’en 2030) prévoit de moderniser et développer l’outil de production, à savoir l’usine du quai de Brazza, à Bordeaux.
Pour autant la marque en tant que telle n’a pas vraiment réussi, au fil des décennies, à se faire connaître au-delà de la région. Et c’est bien pour cela que les produits estampillés Jock ne représentent que 4,5 à 5 % de l’activité.
Clément Cordier, directeur général de Jock depuis novembre 2024.
Thierry David/SO
Restauration collective
Une activité en croissance depuis le Covid, avec le retour de l’engouement pour le « faire à la maison », de l’ordre de 7 à 8 % par an, pour atteindre en 2024, un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros, avec un effectif de 80 salariés. Le vrai relais de croissance de l’usine passe par les marques de distributeurs, pour lesquelles l’usine Jock fabrique des aides à la pâtisserie – levure chimique, levure boulangère, fleur de maïs, sucre vanillé –, des préparations desserts telles que la fameuse crème traditionnelle de la marque mais aussi des préparations pour canelés, flans pâtissiers, crèmes brûlées et préparations de moelleux prêts à cuire.
Enfin, le troisième créneau de l’entreprise concerne le petit déjeuner soit pur cacao soit avec céréales. Une production totale de 400 millions de sachets unitaires par an pour l’aide à la pâtisserie et 10 millions d’unités pour les autres produits.
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Jock entend dépasser la fabrication de 400 millions de sachets unitaires d’aides à la pâtisserie pour des marques de distributeurs, par an, avec une troisième ligne de production prévue pour octobre 2025.
Thierry David/SO
« Nous voulons aller plus loin en mettant en place nos propres filières »
« Jock est désormais une marque industrielle, un fabricant qui répond aux demandes des marques de distributeurs et se concentre sur le marché français », souligne Clément Cordier. Un fabricant qui cherche à élargir son champ d’action et à investir les enseignes spécialisées dans le bio, ce dernier représentant déjà 15 % de son activité. « Notre ambition sur ce créneau est de travailler le ‘‘ sourcing ’’ local », poursuit le dirigeant. « La quasi-totalité du cacao que l’on utilise est déjà certifiée bio et commerce équitable. Nous voulons aller plus loin en mettant en place nos propres filières. Pour ce qui est de la farine, les œufs, le sucre, on est sur un approvisionnement français, avec pour les œufs, une volonté de se concentrer sur des productions issues de poules élevées en plein air. »
Si Jock entend affiner son sourcing, l’entreprise souhaite surtout développer de nouveaux marchés. « Nos produits sont totalement adaptés à la restauration hors foyer. Nous avons donc un plan d’actions qui vise la restauration collective. Ça signifie repenser les recettes pour répondre aux contraintes des cuisines centrales en termes de rapidité d’exécution et de consommation d’énergie et revoir les packagings et leurs volumes », précise le directeur général.
Les produits estampillés « Jock » ne représentent plus que 4,5 à 5 % de l’activité de l’usine bordelaise, sise Quai de Brazza.
Thierry David/SO
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« Aujourd’hui, notre ambition est de répondre aux exigences nutritionnelles : moins de sucre, moins de matières grasses, plus d’apports »
Plan d’investissement sur cinq ans
Enfin, si Jock a 87 ans, la dame girondine a su vivre avec son époque et s’adapter aux modes de vie et exigences sociétales. « Aujourd’hui, notre ambition est de répondre aux exigences nutritionnelles : moins de sucre, moins de matières grasses, plus d’apports. On travaille sur une redéfinition de certaines recettes pour aller vers le ‘‘ sans gluten’’, pour répondre à des régimes hyperprotéinés pour les sportifs ou encore à des régimes adaptés aux diabétiques. On vise de nouveaux marchés professionnels et spécialisés. »
Autant de pistes de développement que l’entreprise a assises sur un plan d’investissement quinquennal de l’ordre de 1,5 million d’euros par an. L’investissement a débuté avec un renforcement des capacités de production de sachets sur les aides à la pâtisserie avec l’inauguration, en octobre prochain, d’une troisième ligne de production. « Nous allons enchaîner sur des investissements liés au conditionnement – emballages plus grands et recyclables. Plus largement, nous voulons que Jock, qui a longtemps vécu sur son histoire familiale, acquière un peu plus de maturité industrielle afin d’atteindre l’excellence en la matière », conclut Clément Cordier.