Artiste polymorphe, Jean Cocteau a laissé un héritage sur la Côte d’Azur. À Villefranche-​sur-​Mer notamment, où l’on retrouve la chapelle Saint-​Pierre. Un charmant édifice magnifié de fresques nées de l’ima­gi­nation de ce peintre et poète comptant parmi les plus émérites.

À l’image de Pablo Picasso, Marc Chagall, Henri Matisse ou encore Pierre-​Auguste Renoir, il fait partie des plus grands artistes ayant illuminé la Côte d’Azur en son temps. Aujourd’hui, le travail de Jean Cocteau s’admire en de nombreux sites locaux. Il faut dire qu’il s’agissait du refuge préféré de ce Parisien de naissance.

Né en 1889, le futur acadé­micien (depuis 1955), a fait connais­sance avec le littoral azuréen en 1911, à l’occasion d’un séjour à l’hôtel du Cap, vers Menton. Mais il ne deviendra sa véritable desti­nation phare qu’en 1923, étant alors son principal lieu de villé­giature, gardant une relation privi­légiée avec ce terri­toire qui lui fournira toute la créativité dont il avait besoin.

À Villefranche-​sur-​Mer notamment, il laisse une trace indélébile. Particulièrement à travers la ravis­sante chapelle Saint-​Pierre. Un bel édifice de style roman conçu au XVIe siècle par une confrérie de pêcheurs. Le tout est redécoré dans les années 1950. Cocteau, lui, inter­viendra en 1957 pour orner l’éta­blis­sement religieux.

Décoration sobre mêlant abstrait et figuration

Il le fera par amitié pour les pêcheurs du village, alors proprié­taires des murs. Pour ce faire, il choisira une approche sobre, sans ornement. On y retrouve de l’abs­trait (décors géomé­triques) et de la figuration (person­nages). Et après une année de travaux, la petite église est inaugurée avec son nouvel apparat. On y remarque surtout des scènes bibliques ou de la vie méditerranéenne.

Ici la repré­sen­tation de l’apôtre Pierre marchant sur l’eau sous le regard du Christ, puis la citadelle de Villefranche au-​dessus d’un ange, sans oublier les dessins de diffé­rents poissons. Un panorama très éclectique.

Concernant les couleurs, le gris est dominant, affublé d’un blanc rehaussant et illuminant le tout. Un peu de bleu également, en arrière-​plan, pour symbo­liser le ciel et la mer. L’ensemble adopte alors un aspect pastel. La contem­plation du tableau nous renvoie une image de légèreté et d’allé­gresse, pour une immersion totale.

Des mariages y sont encore organisés

Précisons qu’il est toujours possible de se marier sous cette voûte embellie par une farandole de créatures sacrées ou marines. Mais à la condition d’avoir dans sa famille un pêcheur venant de la commune ville­fran­choise, de Beaulieu-​sur-​Mer ou de Saint-Jean-Cap-Ferrat.

Comme Picasso à Vallauris et Matisse à Vence, Jean Cocteau a pareillement investi un lieu sacré. Et même deux, avec la chapelle Notre-​Dame-​de-​Jérusalem à Fréjus, juste avant sa mort. Un ouvrage achevé post-​mortem, avec des croquis laissés derrière lui.

Mais l’artiste est surtout très lié à Menton, où l’on admire la salle des mariages de l’hôtel de ville. Il existe aussi un musée en son honneur, Le Bastion, qu’il découvre en 1957.