C’est ce qu’on appelle attirer l’attention. Avec une chanson, Échec et mat, accompagné de son clip tourné devant un Buffalo Grill planté dans une zone industrielle, Miki a surgi.
Enchaîné les vues, les likes, puis assez vite les émissions et les articles dans des médias exposés, de Quotidien à France Inter, en passant par Le Monde ou Le Parisien.
La Franco-Coréenne a aussitôt déchaîné la colère de tas d’internautes estimant ce petit manège un peu trop rapide pour être honnête.
Ils ont fouillé son passé, sorti des archives des morceaux supprimés datant d’il y a quatre ou cinq ans, sous le pseudo Kimi Duplizzle et ont trouvé suspect qu’une fille issue d’un milieu favorisé (père dans l’ingénierie spatiale, mère chargée de communication, devenus gérants d’une galerie d’art au Luxembourg) se targue d’un goût prononcé pour une cafétéria de prolos et sa fameuse salade de bienvenue.
Vous avez dit industry plant?
La sentence était irrévocable: Miki ne serait rien de plus qu’une industry plant, un énième produit couvé par un puissant label pour dépouiller les gogos. Q
uel autre scénario possible, puisque Mikaela Duplay, son vrai nom, est couvée par le label Structure, piloté par Pierre Cornet et Yann Dernaucourt, deux hommes ayant guidé Clara Luciani, Eddy de Pretto ou encore Angèle vers les sommets sous la bannière Initial Artists Service, l’incubateur de jeunes talents d’Universal?
Quand on a retrouvé Miki à Cannes le 9 août, quelques minutes avant son show survitaminé aux Plages électroniques on l’a lancée sur le sujet: à 27 ans, quand on fait de la musique et rien d’autre, qu’est-ce que ça fait de savoir qu’autant d’inconnus ne vous veulent pas du bien?
« Ce truc-là, c’est pas facile à gérer. Je me dis que 95% des gens me donnent de l’amour, même si on a tous tendance à se concentrer sur le négatif. C’est marrant parce qu’on me reproche tout et son contraire. Je suis trop jeune, ou trop vieille. J’écris mes sons, j’écris pas mes sons. Je tourne mes clips à l’iPhone alors que je pourrais faire autrement… »
Dernier live en solitaire à Cannes
À Cannes, Miki a refermé un chapitre. Celui d’un live délivré en solo du côté du Printemps de Bourges, des Vieilles Charrues, We Love Green ou Solidays, s’appuyant sur les morceaux de son EP Graou, dont son hit Échec et mat.
Sur la Terrasse du Palais des Festivals, elle a assuré devant un mélange de fidèles et de curieux, affichant une présence que l’on n’aurait pas soupçonnée en croisant cette geek aux allures d’éternelle ado sans son micro, ses machines et son inépuisable énergie.
« Occuper l’espace seule sur scène, ce n’est pas évident, j’ai appris au fil des concerts. Maintenant, je sais aussi que plus je me laisse aller, plus je kiffe le moment. J’ai de l’appréhension pour la suite, mais je sais que ça va être trop bien. Partager tout ça avec des musiciens, ce sera encore plus jouissif. »
Les critiques? Transformées en matière créative
Photo Patrice Lapoirie.
La rentrée sera synonyme de grand saut et d’une tournée bien chargée (qui passera par le Théâtre Lino-Ventura de Nice le 6 février) où elle pourra présenter les titres de son premier long format.
Adepte des pièces de mode vintage fleurant bon les années 2000, Miki, l’ancienne étudiante en cinéma aux dix ans de solfège et de piano classique dans les pattes, a choisi de faire de l’upcylcing avec les critiques dont elle est l’objet.
« J’ai décidé de passer à autre chose, mais aussi de m’en servir comme matière créative. C’est marrant parce que ça va être un peu l’un des thèmes du prochain album [prévu début octobre, ndlr] », nous glissait-elle.
Des élans créatifs de sa chambre à une grosse équipe
Quand Miki écrit, c’est avec malice et sans filtre. Ses histoires de cœur ou de cul, une agression sexuelle par un prof de tennis glissée dans un couplet (sur Cartoon Sex), un penchant pour les paradis artificiels, tout y passe.
Un premier single de son prochain projet, Particule, a été dévoilé début juillet. L’impression de plonger dans le journal intime de Miki, ou dans sa messagerie privée, s’inscrit dans la même veine.
À ses côtés pour cette nouvelle aventure, les producteurs Lucasv, à l’origine de L’Amour, superbe album de Disiz, Canblaster, ancien du groupe Club Cheval, et Tristan Salvati, faiseur de tubes pour Angèle, M. Pokora, Marina Kaye ou Cœur de Pirate.
« Tristan, il peut tout faire. De la variété, des hits, mais aussi des choses plus ‘‘niche’’. Quand on travaille tous les deux, on est très conscients de nos objectifs. On est concentré sur l’émotion. Pour moi, c’est le plus important. »
La chanteuse sera de retour dans la région en 2026, au Théâtre Lino-Ventura de Nice. Les réservations pour cette date proposée par Panda Events sont déjà ouvertes (de 21,49 à 25,99 euros). Rens. panda-events.com/evenement/miki/
C’es quoi « Hyperpop »?
La pop, tout le monde voit à peu près ce que c’est, n’est-ce pas? Mais si on se met à parler d’hyperpop, on risque d’en perdre quelques-uns en chemin. Miki, que l’on classe souvent dans ce registre – où l’Américaine Charli XCX et la Britannique Shygirl se retrouvent également –, accepte de faire un peu d’explication de texte.
« La pop, on la relie la musique qui est faite pour le peuple, pour être écoutée par le plus grand nombre. Pour moi, l’hyperpop, c’est un peu comme une moquerie de la pop. C’est plus une ambiance. On dirait que c’est la même chose, mais ça n’a rien à voir. Il y a des titres basés sur des astuces de production assez impressionnants. Et parfois, il peut y avoir des trucs presque inécoutables, où on n’entend pas forcément le message, les paroles. »