Âgée de 11 ans, la jeune élève des quartiers nord de Marseille est privée de rentrée au collège. Kamillia souffre depuis sa naissance de troubles du comportement. Elle a donc besoin d’être accompagnée. Mais malgré « un dossier complet », sa maman n’a aucune solution proposée et se dit « abandonnée ».
Vingt ans après la promesse d’une école inclusive sacralisée par une loi votée en 2005, la dure réalité en cette semaine de rentrée scolaire, pour des milliers d’enfants en situation de handicap et leurs familles.
C’est le cas de Kamillia, 11 ans, en situation de handicap** dans les quartiers nord de Marseille. « Elle souffre de troubles du comportement, explique sa maman Aldjia sur ICI Provence. Elle fait des crises comme les autistes. »
« Un enfant a besoin d’aller à l’école »
Faute de dispositif pour l’accompagner, la jeune fille ne peut donc pas aller au collège dans le 15e arrondissement. Une situation qu’elle vit très mal, raconte la maman de la petite brune aux cheveux tressés et les yeux noirs : « Kamillia comprend la situation, elle est intelligente. Et ça l’énerve. Dès que je parle de ça, elle se frappe, elle me frappe et elle se cache dans sa chambre. »
Kamillia bénéficiait jusque-là d’un soutien scolaire en classe Ulis à l’école de La Viste. Mais le dispositif n’est pas renouvelé pour le collège. « Chaque fois que j’appelle, on me dit , il n’y a pas de places », témoigne la maman qui peine à contenir ses larmes. Ce n’est pas normal. Surtout que mon dossier est complet. Il ne manque pas de papiers. »
En l’absence de collège, Kamillia restera donc à la maison avec sa mère déjà bien occupée par les autres enfants de la famille. « Cette maman me fend le cœur, s’émeut Anissa Cheurfa. Vous vous rendez compte, elle va la garder 24 heures sur 24 ! »
Plus de 520.000 élèves handicapés, un record
La présidente du CIQ La Viste tente de mobiliser pour trouver une solution à Kamillia, privée du droit élémentaire à la scolarité comme bien d’autres enfants handicapés, victimes de promesses non tenues et d’un manque criant de moyens humains et financiers.
« Où est l’école pour tout le monde ?« , interroge Jean-Marc Tomi, également du comité de quartier. Il contient sa colère. « On voit bien qu’il y a de la discrimination. Nous, on lance un SOS parce que les parents sont délaissés. Donc on demande à tous les politiques d’arrêter de faire des bobards et de s’occuper des enfants. Et un enfant a besoin d’aller à l’école. »
Le cas de Kamillia est bien loin d’être isolé, même si le rectorat d’Aix-Marseille ne donne aucun chiffre. Les syndicats de l’Éducation nationale dénoncent régulièrement un manque de transparence.
Depuis la loi votée en 2005, le nombre d’élèves handicapés a triplé en France. Ils sont plus de 520.000 à faire leur rentrée cette année, un record. Mais seuls 60 % des enfants sont accompagnés par des AESH selon le collectif Une seule école. Vingt ans après, l’école de la République n’est toujours pas une école inclusive.