« On prépare plusieurs scénarios, mais c’est compliqué de savoir ce qu’il va vraiment se passer ». À Rennes, si la Police nationale avance un peu dans le flou, elle n’en a pas moins commencé à mobiliser ses effectifs en vue du mouvement du 10 septembre prochain. Surtout que les derniers éléments remontés par les renseignements territoriaux laissent présager une mobilisation massive dans la capitale bretonne.

Un mouvement difficile à lire

Née sur les réseaux sociaux à la suite de la présentation du projet de budget du gouvernement Bayrou, cette mobilisation citoyenne s’est structurée sous la consigne « Bloquons Tout » au cœur de l’été. L’objectif affiché : mettre le pays à l’arrêt via de multiples actions de désobéissance civile. Un mot d’ordre qui n’est pas sans rappeler celui des Gilets Jaunes.

Si des milieux souverainistes semblaient au départ à la manœuvre, le mouvement a progressivement changé d’orientation avec une « prise en main par l’extrême gauche et l’ultra gauche », indique une note des services de renseignement récupérée par l’AFP. Il a depuis reçu le soutien de l’ensemble des formations politiques à gauche et des syndicats.

À quoi s’attendre à Rennes ?

Sans structure tangible, difficile de s’organiser. À Rennes, le degré d‘implication de la société civile reste encore incertain malgré la tenue de plusieurs assemblées générales locales ces dernières semaines. Au total, plusieurs centaines de citoyens d’horizons divers y ont été recensés que ce soit dans les quartiers où dans les plus gros rassemblements. Avec à chaque fois un objectif clair : bloquer la capitale bretonne à travers plusieurs actions simultanées.

Alors que d’ultimes réunions doivent encore avoir lieu ce week-end pour essayer de se coordonner au maximum, une tentative de blocage de la rocade de Rennes se dessine. Des appels à se rassembler massivement aux stations de métro Via Silva et Henri Fréville, dès 6h30, le 10 septembre prochain circulent sur les différents canaux de discussions, sur les réseaux sociaux et via plusieurs affiches placardés en ville. Des barrages filtrants pourraient aussi être mis en place à différents endroits de la capitale bretonne.

Il y aura un impact sur la circulation des bus

Les perturbations devraient également être importantes dans les écoles avec de possibles fermetures de classes à prévoir. Les principaux syndicats de l’éducation nationale ayant appelé à une large mobilisation dans tout le département. Même topo du côté des transports. « Il y aura un impact sur la circulation des bus dans la Métropole », confirme Christian Demay, délégué CGT chez Keolis. « On veut montrer notre ras-le-bol ». Les trains ne devraient pas beaucoup plus circuler en raison de l’appel à la grève de la CGT Cheminots et Sud Rail.

Après les actions annoncées en début de journée, une grande manifestation au départ de République, à 11h30, est également prévue. Une initiative à laquelle ne participeront pas toutes les formations syndicales qui restent divisées à l’égard de cette journée de mobilisation.

Et les syndicats alors ?

Plusieurs syndicats comme la CFDT ou la CFE-CGC n’appellent pas à la grève ce jour-là, préférant se rallier à l’appel national du 18 septembre. D’autres, en revanche, seront mobilisés. « Pour nous, c’est le point de départ, d’ailleurs certaines de nos fédérations, comme l’énergie, sont déjà mobilisées », pointe Mathieu Cocq, à la CGT 35. Même discours du côté de FO 35, où Fabrice Lerestif veut « construire la grève dans la durée ». « Nous souhaitons que ça continue après le 10 septembre. Si certains de nos camarades ont besoin de notre aide pour faire grève dans les entreprises, c’est ça que nous privilégierons, plutôt que bloquer des ronds-points ou manifester dans la rue ».

Si les points de vue diffèrent sur le 10 septembre, les syndicats départementaux ont réussi à s’entendre sur un mot d’ordre commun en validant un texte appelant à « construire la grève dans les entreprises et les services », mais sans évoquer de date de mobilisation. Une façon de « préserver l’unité », selon Mathieu Cocq, pour qui « le 10 septembre et le mouvement intersyndical ne s’opposent pas ». « L’idée est d’afficher un arc unitaire le plus large possible, sans trahir les positions des uns et des autres », abonde le secrétaire général de la CFDT 35, Wilfried Lemaréchal. Une nouvelle réunion de l’intersyndicale est prévue jeudi 11 septembre pour déterminer des suites de la mobilisation, notamment en vue du 18 septembre.