Une plongée dans le calendrier fourni des prochaines livraisons de projets. C’est jour de « conférence de presse de rentrée », ce jeudi 4 septembre, pour le maire (EELV) Pierre Hurmic, accompagné de 23 élus de sa majorité dans un salon de l’hôtel de Ville et attelé à l’inventaire sourcilleux des chantiers de fin de mandature. L’exercice n’interdit pas, tout de même, quelques élans d’autolégitimation, à six mois des élections municipales. Car l’échéance est dans toutes les têtes et l’intéressé, qui n’allait pas déclarer sa candidature dans les murs de la mairie, joue habilement du séquençage en réponse à une première question : « Je le ferai en un autre lieu et à un autre temps […]. Je donnerai ma décision le moment venu mais, je tiens à vous rassurer, ma décision est prise… »

Pas de suspense, donc, si ce n’est le futur décor de l’entrée en campagne du maire sortant. Pour l’heure, Pierre Hurmic s’impose un propos liminaire sur l’état du monde et le « péril climatique » pour mieux retomber sur ses pieds au sortir d’un été marqué par plusieurs épisodes caniculaires, soit « 20 jours en cumulé depuis le début de l’année » : la « végétalisation massive » et l’exigence de « zéro artificialisation » des sols mis en œuvre à Bordeaux « relèvent de l’urgence sanitaire », plaide-t-il.

Cours buissonnières

Refonte de l’esplanade de Mériadeck, aménagements transitoires sur les allées Tourny, jardins familiaux reconfigurés des Aubiers, place Renaudel piétonnisée et végétalisée, nouvelle plaine sportive de Lescure : liste non exhaustive des projets en cours que se fait fort d’énumérer le maire, avec une faiblesse avouée pour les « cours buissonnières », le programme de cours d’école végétalisées, au nombre de 37 (sur 119 établissements) en cette rentrée : « J’ai fait ma rentrée à Henri-IV. Je peux témoigner de la satisfaction des parents et de l’enthousiasme des enfants. »

À l’école Carle-Vernet, insiste-t-il, « tous les enseignants me disent que les gamins, essentiellement des garçons, sont plus apaisés, moins bagarreurs, plus réceptifs à l’enseignement. On a apaisé et dégenré ces cours où les garçons jouaient au football au milieu et les filles étaient reléguées en périphérie. Allez voir maintenant comment se passe le partage de l’espace ! C’est un gros poste budgétaire, 18 millions. C’est ça, la politique, ce n’est pas construire un grand stade. »

Royale indifférence

Voilà une des rares « petites phrases » que s’autorise le maire écologiste. Pas plus tard que la veille, Alexandra Siarri annonçait rallier la candidature à l’élection municipale de Thomas Cazenave (Renaissance). Pierre Hurmic accueille ce resserrement des rangs dans son opposition avec une royale indifférence : « Un événement tellement attendu qu’il ne mérite pas de commentaires. » Mais, à force de répéter en conférence de presse combien Bordeaux « avance », « rayonne », le maire semble répondre à Thomas Cazenave, qui pourfendait un projet « localiste et décroissant » et une « ville qui se replie sur elle-même. »

Le maire y oppose « le doublement » du tourisme d’affaire ou encore, fin octobre, la tenue du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire : « Bordeaux est une référence internationale pour un modèle économique plus juste, durable, ce dont nous pouvons tous être particulièrement fiers. » Un dernier chiffre, manié par Pierre Hurmic en prenant soin de le décorréler de la « crise du commerce de proximité » : « le nombre de passants dans les rues de l’hypercentre a augmenté de 22 % cet été ».

« Heureux d’être le maire d’une ville joyeuse, rayonnante, ouverte sur le monde », dit-il dans une de ces envolées qui collent à son caractère bonhomme, au risque d’être taxé de candeur. Pierre Hurmic n’est pourtant pas loin du faux pas diplomatique, dans une réponse très spontanée à une question sur son emploi du temps « le 10 septembre », jour annoncé de blocage général. « Je n’ai pas encore pris de décision. Je pense que je travaillerai, je continuerai à être maire ce jour-là. » Il précisera sa pensée en toute fin de conférence de presse : « J’ai peut-être été un peu rapido. Je ne suis pas un maire hors-sol, ou bunkérisé. Je serai à l’écoute des colères », souffle-t-il.