Entre le moment où il a claqué la porte du foyer familial à l’âge de 17 ans, en 1970, et celui où il a rejoint le journal Libération alors à ses premiers instants, en 1973, Sorj Chalandon a commencé par vivre dans la rue. Il en a été sorti par les maos de la Gauche prolétarienne, auprès de qui il a trouvé une famille élective, un toit et des causes à défendre. De ces années pour lui décisives, tumultueuses et violentes pour la société française, Le livre de Kells fait le récit.

Tourner le dos à une enfance meurtrie – sujet de ses romans Le Petit Bonzi et Profession du père – vécue sous la coupe, et les coups, d’un père violent, raciste et antisémite. Oublier une mère soumise qui n’a pas eu pour lui le moindre geste de tendresse ni lui a laissé le souvenir de son odeur. Puis, un peu Rimbaud, un peu Kerouac, partir vivre des jours faciles et ensoleillés, suivre le rêve hippie en route pour Ibiza et Katmandou.