BERTRAND GUAY via AFP
L’essayiste et philosophe Raphaël Enthoven, photographié ici le 20 avril 2021.
MÉDIAS – Des mots qui coûtent cher. Attendu à Besançon pour un salon littéraire prévu du 19 au 21 septembre, l’essayiste et philosophe Raphaël Enthoven ne sera finalement pas présent lors de cet événement qui doit accueillir plus d’une centaine d’auteurs pour parler de leurs ouvrages et du métier d’écrivain.
Comme le révèle France 3 ce mercredi 3 septembre, le chroniqueur médiatique et homme de radio et de télévision ne sera finalement pas de la partie pour parler de son livre L’Albatros. En cause ? De récents propos sur le conflit israélo-palestinien et plus précisément sur les journalistes présents à Gaza.
L’annulation de sa venue découle du choix de l’organisateur du Festival Livres dans la Boucle, l’agglomération de Besançon − dirigée par la gauche − qui s’est rangée derrière la demande exprimée par la section locale du Parti communiste français. Dans un communiqué publié mercredi, la section de Besançon du Parti communiste – membre de la majorité municipale – s’était la première émue de la venue annoncée de Raphaël Enthoven, en dénonçant des « propos inadmissibles » qu’il avait tenus sur X le 15 août dernier.
Sur le réseau social d’Elon Musk, il avait déclaré, vidéo à l’appui : « Il n’y a AUCUN journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse ».
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Le lendemain, il avait précisé, toujours sur X : « On connaît des dizaines d’exemples avérés de faux “journalistes” qui sont en réalité des combattants du Hamas ou des preneurs d’otages. Combien d’exemples a-t-on de journalistes libres de travailler à Gaza qui ne soient liés ni de près ni de loin à l’organisation terroriste ? ». Pour rappel, plus de 250 médias dans 70 pays ont participé lundi à une opération pour dénoncer le nombre de journalistes tués à Gaza, soit plus de 210 selon le dernier décompte de l’ONG Reporters sans frontières.
Préserver la « sérénité » du festival
Dans sa prise de parole, le PCF de Besançon notait qu’après ces déclarations « Raphaël Enthoven a essuyé insultes et menaces de mort. Ce qui est évidemment condamnable ». « Mais cela ne doit pas faire oublier le caractère intolérable de ces propos », qui « donnent tout simplement carte blanche à l’armée israélienne pour assassiner sans honte ceux qui voudraient informer et dénoncer ses forfaits », dénonçait le parti communiste.
De quoi convaincre Grand Besançon Métropole, organisateur de l’évènement. « Les récentes déclarations polémiques de Raphaël Enthoven sont de nature à remettre en cause la sérénité du déroulement du festival littéraire “Livres dans la boucle” », est-il indiqué par une porte-parole à l’AFP. « Dans ces conditions, l’organisateur Grand Besançon Métropole a demandé au prestataire de la manifestation d’annuler sa venue fin septembre. »
France 3 précise que tout le monde n’est pas de cet avis à Besançon. L’opposition municipale, par la voix de Ludovic Fagaut, déplore une mesure de « censure orchestrée et manipulée par cette frange de l’extrême gauche qui appartient aujourd’hui à la majorité à la mairie ».
« Dans une vraie démocratie, on confronte les idées, on échange, on débat, on se fait son opinion par la suite et bien sûr on prend position », souligne l’élu qui déplore une liberté d’expression bafouée par une municipalité qui ne fait qu’enchaîner les polémiques. Référence à peine voilée à l’installation suivie du retrait express d’un drapeau palestinien sur l’esplanade des droits de l’homme de la ville durant le mois de juin.