Qui se cache derrière AKO ? Un collectif si l’on en croit quelques publications dénichées sur Instagram, puisque le mot « crew » (équipe en anglais) y est accolé. En tout cas ces trois lettres en capitales fleurissent un peu partout en ville. De préférence à une hauteur improbable.
Elles bavent un peu en noir sur la façade du bâtiment situé à l’angle du viaduc Kennedy et de l’avenue Foch, elles ont été tracées en bleu plus soigneusement sur l’immeuble de la rue de Phalsbourg, en rose rue Isabey, en blanc et rouge à l’angle des rues Gambetta et Saint-Dizier. Et puis, pour la seconde fois en un an, elles trônent sur la façade du 10 rue des Dominicains.
Variante : cette signature est accompagnée de deux autres empilées en dessous : KROW et MOAK, le tout surmonté d’une couronne. Déjà apparues dans un vert plus discret en juin 2024, elles pètent depuis fin août dans un jaune flashy surligné de noir. Et sont visibles assez loin à la ronde, mais aussi et surtout depuis la place Stanislas, tout du moins d’une bonne moitié de ce joyau classé, ce qui fait tache.
Une chance finalement pour la copropriété de l’immeuble : la Métropole ne peut pas faire autrement que d’être réactive. Résultat : le tag géant devrait être effacé dans les prochaines heures à l’aide d’une nacelle. Comme cela a été le cas l’an dernier, un mois et demi après son apparition.
Jean-Baptiste Gris, le syndic de l’immeuble concerné pour le compte de Chez Vous immobilier, ne se fait pourtant pas d’illusion : les trois lettres n’ont pas dit leur dernier mot… « J’ai l’impression que c’est un défi pour leurs auteurs, une sorte de provocation… »
Mais comment diable font-ils pour atteindre leur objectif et à une telle hauteur ? Le toit voisin sur lequel ils pourraient prendre appui est à 4 ou 5 mètres de la couronne qui couvre les lettres ? À moins d’un bras télescopique, ou plus sérieusement le transport d’une échelle, en effet, l’opération semble acrobatique.
« Bizarre, aucun propriétaire n’entend jamais marcher sur les toits », assure le syndic avant d’avancer une théorie : ces inscriptions seraient réalisées à l’aide d’un drone.
« Du vandalisme »
« On refait bien des peintures de façade de cette façon aujourd’hui… » Une chose est sûre : c’est drôlement gonflé. Ce n’est pas du goût de tout le monde. À commencer par la communauté des graffeurs.
« Les signatures AKO qu’on voit sur des immeubles, c’est du vandalisme. Derrière ça, on retrouve des jeunes voulant simplement laisser des traces pour le simple plaisir d’écrire leur signature. Ils veulent que ce soit visible par tous. Il n’y a rien d’artistique derrière. C’est une tendance originaire des États-Unis et la nouvelle génération fait une sorte de course au plus sensationnel. En allant taguer, en quelques minutes, des immeubles de plus de vingt étages, ils ont l’impression d’être meilleurs que la précédente génération de tagueurs », nous avait confié il y a un an l’un d’entre eux.
Les autorités sont également sur les dents et cherchent à identifier ce mystérieux collectif.