Harvard, la doyenne des universités américaines a remporté mercredi une victoire majeure devant la justice. En effet, une juge fédérale de Boston a annulé le gel des financements imposé par l’administration Trump, estimant que ces mesures constituaient une « violation du premier amendement » de la Constitution.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump accuse Harvard d’être un bastion de l’idéologie « woke », terme utilisé par les conservateurs pour dénigrer des idées progressistes en faveur des femmes et des minorités. Il reproche également à l’université d’avoir failli à protéger ses étudiants juifs et israéliens lors de manifestations propalestiniennes sur le campus. En représailles, le gouvernement avait retiré plus de 2,6 milliards de dollars de subventions et révoqué la certification SEVIS, essentielle pour accueillir des étudiants étrangers.
« Une attaque idéologique »
Dans son ordonnance, la juge souligne que l’antisémitisme sur le campus est une réalité que Harvard « aurait pu (et dû) mieux traiter ». Mais elle précise que « peu de lien existe entre les domaines de recherches affectés par les gels de subventions et l’antisémitisme ». Elle accuse l’administration d’avoir « utilisé l’antisémitisme comme écran de fumée pour mener une attaque ciblée et idéologiquement motivée contre les universités les plus prestigieuses du pays ».
Le président par intérim de Harvard, Alan Garber, a salué une décision qui valide « les arguments en faveur de la liberté académique de l’université ». A l’inverse, la Maison-Blanche a dénoncé le jugement. « Cette juge militante nommée par Barack Obama allait forcément statuer en faveur de Harvard », a réagi Liz Huston, attachée de presse du président, promettant « un appel immédiat de cette décision scandaleuse ».
Vers un règlement amiable ?
Selon Ray Brescia, professeur à l’Albany Law School, Donald Trump « pourrait revenir à la table des négociations » pour chercher un accord financier. « Des gens règlent souvent leurs désaccords à l’amiable pour diverses raisons, même s’ils pensent avoir complètement raison », a-t-il rappelé.
Aujourd’hui, ce procès dépasse le seul cas de Harvard. Il s’agit d’un test pour d’autres universités dans la ligne de mire du gouvernement, qui met en avant des arguments de « sécurité nationale ». Donald Trump avait déjà qualifié l’institution d’« antisémite, antichrétienne et anti-Amérique », tandis que Harvard affirme avoir renforcé ses mesures de protection pour les étudiants juifs et israéliens, tout en dénonçant une attaque contre la liberté d’expression.