Par

Lisa Rodrigues

Publié le

4 sept. 2025 à 17h19

On savait déjà que les relations ne sont pas au beau fixe entre la Ville de Grenoble et la Métropole. Le dernier communiqué de Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole, empreint d’une certaine colère envers une décision controversée de la mairie d’Éric Piolle, ne vient que le confirmer.
Le motif de la discorde est un accord politique pour une « représentation plus équilibrée » de quelques villes au sein du conseil métropolitain, accord que les élus grenoblois ont refusé de renouveler après les prochaines échéances électorales de 2026. En clair : des communes vont avoir moins d’élus à la Métropole.

« Je suis consterné par cette décision »

Dans le détail, neuf communes « moyennes » (entre 6 000 et 8 500 habitants) sont concernées : Claix, Domène, Gières, La Tronche, Saint-Martin-le-Vinoux, Seyssins, Varces-Allières-et-Risset, Vif et Vizille. Au lieu de deux élus métropolitains, elles n’auront plus qu’un siège dès 2026.

Pour autant, elle est loin de faire l’unanimité et a des conséquences sur la représentation de ces plus petites villes, comme déploré par Christophe Ferrari.

Je suis consterné par cette décision qui augmente très faiblement la représentativité de Grenoble, fait perdre un siège à la Métropole à ces 9 communes conduisant 44% de leur population, c’est-à-dire 29 000 habitants, à être mal représentés.

Christophe Ferrari
Président de Grenoble Alpes-Métropole

Le président de la Métropole dénonce également « un coup de canif pour la démocratie locale » et une décision qui « va à l’encontre du nécessaire respect entre communes ». « Elle pose des bases délétères pour la future gouvernance de la Métropole, la qualité des relations et du travail entre les communes, entre la ville centre et la Métropole. »

Pas de quoi réchauffer les relations à l’approche des élections en 2026…

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Un accord qui « était une dérogation à la loi »

En réponse, le groupe « Grenoble en Commun », regroupant les élus de la majorité grenobloise à la Métropole, regrette « une nouvelle agression verbale du président » ainsi que des « polémiques inutiles ».

Et rappelle que « l’accord local était une dérogation à la loi. Dérogation que la Ville de Grenoble avait accepté de tester en 2020 pour le mandat 2020-2026. Elle a décidé de revenir désormais strictement à l’application de la loi pour le mandat 2026-2032. C’est son droit le plus strict. » 

Seul point d’accord avec Christophe Ferrari : un appel à une élection au suffrage universel direct au conseil métropolitain, comme cela a récemment été acté pour Paris, Lyon et Marseille.

« Le maire de Grenoble humilie neuf communes »

À l’automne 2024, lorsqu’Éric Piolle a pour la première fois publiquement annoncé sa volonté de ne pas reconduire l’accord de représentation au sein du conseil métropolitain, les villes concernées ont fait front uni pour dénoncer cette décision. Toutes ont, depuis, adopté en conseil municipal des délibérations demandant le maintien de leurs deux sièges.

C’est notamment le cas à Claix, après « le vœu que nous avions déjà voté à l’unanimité lors du conseil du 10 février dernier », rapporte à la rédaction Christophe Revil, édile de la commune. Lors du conseil métropolitain de décembre 2024, il n’avait pas mâché ses mots sur le sujet.

Le maire de Grenoble humilie neuf communes, c’est-à-dire plus de 65 000 habitants de la Métropole. […] Ce sont toutes les communes qui doivent être heurtées par cette attitude.

Christophe Revil
Maire de Claix

« Cet accord aurait favorisé la juste représentativité des communes au sein du conseil métropolitain », abonde Jean-Luc Corbet, maire de Varces-Allières-et-Risset. Pour l’édile, la Ville de Grenoble – qui bénéficie d’un « droit de veto » sur la question – a été décidé « sans motifs sérieux ».

« Nous demandions un simple équilibre, juste et équitable dans la représentation des habitants des neuf communes, à savoir un élu métropolitain pour 3 800 habitants comme pour Grenoble », poursuit Jean-Luc Corbet.

Calculs politiques d’Éric Piolle ?

D’autres élus métropolitains soulignent également une décision motivée par les vues des élus de Grenoble sur la présidence de la Métropole.

« Nous ne sommes pas dupes, la décision du maire de Grenoble n’est pas dictée, sur ce sujet, par le souci de l’intérêt général, mais par sa rancœur après la défaite de son candidat à l’élection de la présidence de la Métropole en 2020, dénonçait en juin dernier les élus de Domène. Le maire de la ville centre prépare les prochaines échéances électorales. » 

Mais plusieurs soulignent aussi les nombreux « désaccords » entre la Métropole et les élus grenoblois – par ailleurs membres de la majorité métropolitaine – qui ont amené, selon eux, à une situation de blocage au sein de l’exécutif et à cette décision radicale des élus grenoblois.

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