Malgré son historique dans la haute-fidélité et son succès constant dans le domaine des enceintes stéréo connectées, KEF demeure un adepte de la diversification. Après des coups d’essai sur les marchés des casques Bluetooth et des écouteurs true wireless, ou encore son partenariat avec Nothing pour créer le Headphone (1), la marque britannique s’attaque au secteur des barres de son.

KEF XIO

Pensée comme un modèle Atmos tout-en-un, la XIO revendique une restitution immersive sans recourir à des enceintes satellites ou un caisson de basses séparé. Derrière un design soigné et des matériaux premium, elle dissimule une architecture sonore 5.1.2 ambitieuse, soutenue par une technologie de virtualisation tridimensionnelle propriétaire. L’expérience utilisateur s’annonce également complète et moderne (calibrage acoustique, application riche, connectivité wifi, etc.).

Par son positionnement tarifaire et ses promesses techniques, la KEF XIO entend rivaliser avec les références les plus sérieuses du marché, comme la Devialet Dione ou la Sennheiser Ambeo Max.

Prix & disponibilité

La XIO est sortie en juillet 2025 au prix de 2299 €.

Conditions de test

La XIO a été testée avec la version 1.2 de son micrologiciel et la version 1.23.1 de l’app KEF Connect.

Note de la rédaction: 4 sur 5

ConstructionUn design massif qui en impose

La XIO étant sa toute première barre de son, le constructeur britannique a dû repartir de zéro sur le plan esthétique. Positionnée face aux modèles tout-en-un les plus haut de gamme du marché et conçue pour accompagner un grand téléviseur, elle se distingue par son format imposant, reprenant au centimètre près les dimensions de la Devialet Dione (121 x 70 x 16,5 cm). Cette similitude s’étend d’ailleurs à sa forme parallélépipédique plate, ses parties latérales indépendantes du châssis principal, ou encore ses commandes tactiles et son logo intégrés verticalement de chaque côté de la barre.

Ce mimétisme avec Devialet déçoit légèrement, car on pouvait espérer de KEF une approche stylistique plus personnelle, compte tenu de l’originalité de ses enceintes connectées LSX et LS50. Un haut-parleur coaxial Uni-Q apparent, par exemple, aurait suffi à lui conférer une signature visuelle identifiable, à l’image de la Dione et de sa sphère centrale évoquant les enceintes Devialet Phantom.

KEF XIO

La KEF XIO parvient néanmoins à se démarquer de sa consœur française par un design alliant élégance et sobriété, plutôt qu’un luxe ostentatoire, sans pour autant faire de compromis sur la qualité, puisqu’elle bénéficie d’un assemblage sérieux et d’une fabrication remarquable. Son lourd châssis, principalement composé d’aluminium, fait preuve d’une belle densité et inspire une vraie sensation de robustesse. À noter que ses grilles acoustiques sont toutes amovibles de façon à être remplacées en cas de dommages, ou permettre d’accéder facilement aux composants.

KEF XIO

Parmi les défauts notables, on relève une face supérieure particulièrement sensible aux traces de doigts, ainsi que des tissus acoustiques assez fragiles. Particulièrement fins, proches de ceux que l’on retrouve sur des enceintes hi-fi, ces derniers pourraient se déchirer. Si sa hauteur de 7 cm permet à la XIO d’être placée devant la plupart des téléviseurs sans masquer leur image, sa profondeur de 16,5 cm la rend plutôt encombrante. Elle pourrait donc peiner à s’intégrer sur un meuble étroit, notamment si le pied du téléviseur dépasse vers l’avant.

KEF XIO

Bien qu’aucune paire d’enceintes satellites ne soit prévue, la barre peut être complétée par n’importe quel caisson de basses filaire. Il est également possible d’établir une connexion sans fil avec un caisson KEF grâce au récepteur KW2 RX.

Côté accessoires, la KEF XIO est livrée avec un câble HDMI, un câble d’alimentation et des supports muraux. Conçue pour être fixée à plat contre un mur sans affecter l’expérience d’écoute, elle bénéficie d’une architecture acoustique similaire à l’avant et sur le dessus, optimisée par des capteurs ajustant automatiquement le rendu sonore selon sa position.

Note de la rédaction: 4 sur 5

Connectique & Diffusion sans-filConnectivité au top, connectique frustrante

Compte tenu de son positionnement premium, la connectique de la KEF XIO est étonnamment restreinte. Si on retrouve un port HDMI 2.1 eARC et une entrée optique, assurant une connexion polyvalente à tout type de téléviseur, l’absence d’entrée HDMI supplémentaire empêche la connexion directe d’une source audio-vidéo en pass-through. Une lacune regrettable, sachant que cette option est proposée par de nombreuses barres de son plus abordables.

KEF XIO

On retrouve aussi un port Ethernet, utile sans être indispensable, ainsi qu’une sortie Sub dédiée à l’ajout d’un caisson. Curieusement, au vu de l’ADN audiophile de KEF, aucune entrée RCA ni port USB-C audio n’est proposé. Cela limite les options de connexion filaire avec des sources comme un ordinateur, une platine vinyle, etc.

Formats audio décodés

La XIO décode l’ensemble des formats audio, qu’ils soient tridimensionnels, surround ou stéréo :

  • Dolby Digital, Dolby TrueHD, Dolby Atmos
  • DTS, DTS-HD Master Audio, DTS:X
  • LPCM 2.0, LPCM 5.1, LPCM 7.1
  • MPEG-H, 360 Reality Audio

La KEF XIO se rattrape cependant grâce à une connectivité fournie. Pour une diffusion musicale sans perte, elle intègre un module wifi compatible avec AirPlay 2, Chromecast, Spotify Connect, Tidal Connect et Qobuz Connect. Un récepteur Bluetooth 5.3 est également présent pour un usage d’appoint, mais il ne prend en charge aucun codec audio avancé. Avec une latence audio-vidéo mesurée à 750 ms, on évitera bien sûr d’utiliser le Bluetooth pour la connecter à un TV dans un cadre home-cinéma.

Note de la rédaction: 3 sur 5

Expérience utilisateurPilotage complet, mais perfectible

Le pilotage de la XIO se veut moderne et polyvalent. Pour cela, KEF propose une triple interface : des commandes tactiles situées sur le dessus de la barre, une télécommande et l’application KEF Connect (iOS & Android), bien connue des utilisateurs d’enceintes actives de la marque.

Bien que rétroéclairée, la télécommande fournie se montre assez décevante. En dehors des commandes de base (volume, changement de source, lecture…), elle ne permet pas de naviguer simplement entre les modes sonores (Direct, Musique, Dialogue, Nuit, Par défaut). L’utilisateur doit se contenter d’en sélectionner deux, à assigner manuellement aux touches EQ1 et EQ2 via KEF Connect. Si cette option a le mérite d’exister, elle ne remplace pas la souplesse d’un vrai sélecteur.

KEF XIO

L’ergonomie est aussi freinée par un retour d’information limité. Les indicateurs de source et de volume, placés sur le dessus de la barre, sont invisibles à distance. Les touches tactiles y sont bien intégrées et réactives, mais peu adaptées à un usage quotidien. De plus, les alertes sonores censées accompagner certaines actions sont trop discrètes pour être réellement utiles. Autant de petits manques qui nuisent à l’expérience d’utilisation de la télécommande.

À noter que la sensibilité du volume est réglée très bas par défaut, ce qui peut donner une impression de manque de réactivité. Nous conseillons de l’augmenter dès les premières utilisations via l’app.

KEF XIO

Heureusement, l’app KEF Connect prend le relais pour un contrôle plus intuitif. Très complète, elle propose un panel impressionnant de fonctions : gestion du volume, sélection des sources, accès aux services de streaming, activation/désactivation des alertes ou des voyants lumineux, limitation du volume maximal, etc. Leur organisation n’est pas toujours limpide, ce qui demande un peu de persévérance au départ, mais les possibilités sont si vastes qu’on ne peut s’en plaindre. L’absence d’égaliseur à bandes est tout de même notable.

KEF XIO

La configuration de la XIO impose la création d’un compte KEF, mais reste fluide. Elle s’appuie sur un système de calibrage acoustique obligatoire avant d’accéder aux modes sonores dans l’app. Ce dernier est heureusement rapide : un micro intégré à la barre capte quelques tonalités de test, tandis que l’utilisateur renseigne des paramètres simples (hauteur d’installation, dimensions de la pièce, etc). Une démarche accessible, bien qu’un peu contraignante si l’on souhaite profiter de la barre sans passer par le calibrage acoustique.

Note de la rédaction: 5 sur 5

AudioÉquilibre et précision, sans fioritures

Barre de son tout-en-un, la XIO se veut capable d’offrir une immersion convaincante sans caisson de basses externe ni enceintes satellites grâce à une architecture sonore 5.1.2 ambitieuse. Elle embarque 12 haut-parleurs, chacun alimenté par son propre amplificateur, dont deux large bande latéraux, quatre woofers et six haut-parleurs Uni-Q MX. Ces derniers, en charge du canal central ainsi que des effets frontaux et Atmos, promettent une dispersion sonore comparable à celle de l’Uni-Q coaxial original.

À l’image de Sennheiser avec Ambeo, KEF renforce cet ensemble par sa propre technologie de virtualisation tridimensionnelle. Baptisée Music Integrity Engine, celle-ci upscale n’importe quel contenu stéréo en une restitution multicanale. À noter que la XIO applique cet audio spatial en natif, ce qui implique que tous les haut-parleurs jouent en même temps par défaut. Pour bénéficier d’une restitution stéréo et du meilleur rendu musical, il convient alors de réaliser le calibrage acoustique, puis d’activer le mode Direct.

KEF XIO

La KEF XIO impressionne alors par sa capacité à délivrer un son riche et étonnement détaillé. Elle profite d’un équilibre certain grâce à un extrême grave un peu en retrait, qui contrebalance un bas-médium pour le moins charnu. Par conséquent, la XIO délivre un son plein, avec beaucoup de corps, sans être trop sensible aux effets de pièce. Comme la plupart des produits KEF, la barre adopte un profil sonore descendant à partir de 3,5 kHz, lui conférant une sonorité plutôt sage dans le haut-médium et l’aigu. Elle évite ainsi certaines outrances, comme une brillance artificielle ou une quelconque agressivité.

KEF XIO

Combiné à un haut du spectre en retrait, son bas-médium prononcé a toutefois tendance à légèrement exagérer l’intensité des kicks, ce qui crée un rendu légèrement feutré et relègue certains charleys au second plan. Ce caractère reste avant tout un choix maîtrisé, car son aigu demeure à la fois naturel et détaillé. Autour de 1,5 kHz, le médium fait preuve d’un excellent niveau de précision, contribuant à une restitution fidèle des caisses claires et des composantes fondamentales des voix. Pour ainsi dire, c’est l’une des barres de son les plus musicales que nous avons eu l’occasion de tester, offrant une expérience proche de celle d’un ensemble Hi-Fi. La XIO brille également par la scène stéréo qu’elle diffuse, large et minutieusement agencée.

KEF XIO

Bien qu’appliquant une virtualisation au signal, contrairement à Direct, les autres modes restent intéressants pour l’écoute musicale. En effet, Par défaut et Musique apportent une égalisation de type “loudness”, rehaussant légèrement le sub et l’aigu. La bosse dans le bas-médium semble donc atténuée, au profit de l’énergie et de la définition des basses les plus contrôlées. Ainsi, la KEF XIO peut se targuer de figurer parmi les rares barres de son à proposer un mode d’audio spatial qui ne compromet pas l’équilibre tonal. Enfin, grâce à une excellente réserve de puissance, la XIO peut jouer à volume élevé sans introduire de distorsion audible, tout en conservant un bas du spectre imposant.

Note de la rédaction: 5 sur 5

Spatialisation sonoreDu grand spectacle, même sans renforts

En home-cinéma, la plus grande force de la KEF XIO réside dans sa capacité à délivrer un grave d’une profondeur abyssale, sans caisson de basses complémentaire. Elle rend pleinement justice aux scènes d’action les plus intenses en reproduisant les impacts de balles et vrombissements de moteurs avec tant de puissance qu’on en oublierait presque l’absence de caisson. Son grave généreux contribue aussi à des transitions fluides entre les scènes calmes et celles chargées en éléments forts et aigus, tout en offrant une remarquable dispersion des ambiances profondes dans une pièce de taille moyenne.

L’ajout d’un caisson de basses apporterait sans doute une extension supplémentaire pour un rendu encore mieux défini dans l’extrême grave. Cela aurait permis de pallier un bas-médium parfois un poil envahissant, qui peut se montrer légèrement oppressant à volume élevé.

KEF XIO

Bien que l’ensemble du message sonore soit délivré depuis l’avant de la scène, la KEF XIO parvient presque à plonger l’auditeur dans une véritable bulle sonore. Elle propose une reproduction tridimensionnelle particulièrement ample, quel que soit le mode sonore activé (hors Direct). En frontal, les effets surround sont ressentis bien au-delà des côtés d’un téléviseur de 65 pouces, au point que l’on en perçoit certains au niveau des murs latéraux. La XIO se distingue aussi par sa capacité à projeter efficacement ambiances, explosions et crashs vers la position d’écoute. Les effets tourbillonnants à 360° ne sont pas en reste, brillamment spatialisés juste devant l’auditeur.

KEF XIO

Les haut-parleurs up-firing exercent une excellente réflexion sur le plafond. Le passage d’un missile ou le décollage d’un hélicoptère sont perçus avec une grande précision, bien au-delà des limites physiques de l’écran. La hauteur des effets d’ambiance les plus enveloppants est également bluffante. Toutefois, sans enceintes arrière, il ne faut pas s’attendre à une reproduction exacte des effets localisés, comme celui de la pluie tombant directement au-dessus de la tête. Dans ces cas-là, bien que la hauteur soit convaincante, elle reste perceptible au-dessus du téléviseur.

Enfin, la spatialisation au niveau de l’écran est homogène, réaliste et précise, notamment grâce à une excellente séparation des différentes gammes de fréquences. Le canal central, pris en charge par deux haut-parleurs, offre une bonne intelligibilité des voix, même sans activer le mode Dialogue. Deux modes sonores se distinguent pour une expérience home-cinéma optimale : Par défaut offre une restitution énergique et détaillée, tandis que Film augmente la profondeur de la scène en renforçant le sub.

Points forts

  • Sonorité apaisée, précise et équilibrée.
  • Effets surround et Atmos réalistes, immersifs.
  • Virtualisation 3D impressionnante.
  • Châssis dense, construction robuste.
  • App mobile foisonnante.
  • Connectivité sans-fil riche.

Points faibles

  • Bas-médium un peu trop présent.
  • Absence d’égaliseur à bandes.
  • Pas d’entrée HDMI.
  • Indications lumineuses non visibles, alertes sonores trop faibles.
  • Barre de son imposante.
  • Latence Bluetooth élevée.

Conclusion

5 étoiles par LesNumériques.com

Note globale

Note de la rédaction: 5 sur 5

Comment fonctionne la notation ?

KEF enfonce les portes du marché du home-cinéma avec une barre de son tout-en-un ambitieuse. La XIO tire principalement son génie de son héritage audiophile grâce à une sonorité précise et naturelle, mettant un point d’honneur à éviter toute brillance excessive dans le haut du spectre. En home-cinéma, elle impressionne par l’ampleur de ses effets, tant en largeur qu’en hauteur, rivalisant sans mal avec les meilleures références du genre. Si sa qualité de fabrication et la richesse de ses fonctionnalités forcent le respect, quelques choix ergonomiques discutables (télécommande limitée, absence d’égaliseur, calibrage obligatoire, etc.) viennent légèrement ternir l’expérience globale. Un coup d’essai qui frôle toutefois la parfaite maîtrise.