Par
Gabriel Kenedi
Publié le
5 sept. 2025 à 7h12
C’est un vrai succès populaire : ouvertes depuis septembre 2023 et implantées sur un ancien site industriel, les Halles de la Cartoucherie accueillent chaque année un peu plus de 2,2 millions de personnes dans cet immense lieu de vie toulousain ! « A titre de comparaison, le Futuroscope de Poitiers a accueilli sur la même période (en 2024), 2 millions de personnes, le Centre Pompidou et le Puy du Fou respectivement 2,5 millions de personnes chacun, et 2,7 millions pour le Mont Saint-Michel. Les Halles sont donc positionnées à cet endroit, des équipements à très forte fréquentation et donc à forts enjeux », note d’ailleurs Landy Olivier, le directeur général des Halles de la Cartoucherie. Avec près de 500 événements organisés à l’année, ses nombreux stands de restauration, une riche offre de sport, des bureaux et des salles de réunion, ou encore une salle de spectacles, les Halles de la Cartoucherie, sont un lieu unique dans la Ville rose. Mais après deux ans d’activité, ce lieu hybride — qui est géré par trois sociétés coopératives et qui porte depuis le début du projet de fortes valeurs en termes de transition sociale et environnementale — a-t-il trouvé son équilibre économique ? Éléments de réponse.
La Place du Marché, véritable vitrine
Aux Halles, la Place du Marché, qui comporte 26 stands axés sur la street-food, et qui a été imaginée en s’inspirant de certains food court européens comme le Time Out Market à Lisbonne, fait figure de véritable locomotive : jusqu’à 7 500 couverts y sont servis chaque jour !
Vitrine des Halles de la Cartoucherie, c’est aussi jusqu’à présent le poumon économique de ce tiers-lieu. « On fait un chiffre d’affaires en global à l’année de 18 millions d’euros, dont 15 millions d’euros de chiffre d’affaires sur la Place du Marché », indique à ce sujet Jérémie Loevenbruck, l’un des cofondateurs des Halles.
« L’argent est au service du projet »
Alors que 250 personnes travaillent au quotidien dans cette vaste fourmilière constituée de plusieurs îlots, les Halles de la Cartoucherie — qui sont pilotées par trois sociétés coopératives (Cosmopolis, Festa et Allô Bernard) — sont-elles parvenues à l’équilibre ?
« Je rappelle que nous n’avons pas de subventions, ou en tout cas très peu. Tout l’enjeu maintenant, ça va être de renforcer notre modèle économique pour in fine, renforcer ce travail d’inclusivité et sur les questions environnementales qui nous tiennent à cœur depuis le lancement du projet. On a un modèle économique à bâtir, une structure coopérative à renforcer, et on espère que tout cela va produire de l’effet sur un temps très long », précise encore Jérémie Loevenbruck.
« On a la grande chance d’avoir des investisseurs* qui n’ont pas pour objectif d’avoir toujours plus d’argent. On est dans un modèle anticapitaliste où l’argent est au service du projet. L’argent est nécessaire, car on est dans un modèle marchand. Et aujourd’hui, c’est nos investisseurs qui nous permettent de maintenir cette énergie collaborative et ces engagements environnementaux, parce qu’on n’est pas à l’équilibre économique ».
Jérémie Loevenbruck
Co-fondateur des Halles de la Cartoucherie
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« On a besoin du soutien des collectivités ! »
« Mais on progresse ! », tempère Jérémie Loevenbruck. « On a plus de fréquentation et on améliore notre chiffre d’affaires. On renforce aussi notre activité autour des entreprises, car c’est une part importante de nos revenus. Notre vision, c’est aussi d’embarquer à terme les collectivités, car aujourd’hui, on est un peu seuls à porter des sujets qu’on pense être d’intérêt collectif. On aimerait les embarquer toutes les collectivités, de l’Europe vers la commune. On a besoin de soutien de ces collectivités pour renforcer notre action sociale et environnementale. Pour être vraiment un outil au service de notre territoire. Cela va prendre du temps, mais on est très fiers de la qualité des relations qu’on entretient avec toutes les collectivités », explique-t-il encore.
Objectif « équilibre » en 2027-2028
Concrètement, comment atteindre un chiffre d’affaires qui permettre d’arriver à l’équilibre ? Là encore, les Halles de la Cartoucherie jouent la carte de la transparence :
« On a la chance d’être propriétaires du bâtiment : on a investi 33 millions d’euros dans le bâtiment avec la caisse des dépôts et avec les associés fondateurs du projet », reprend Jérémie Leovenbruck. Pour financer le projet — qui avait été fragilisé durant la période du Covid-19 — « on a dû emprunter 20 millions d’euros à des banques. On a donc pour le moment un loyer très élevé qui doit nous permettre de rembourser les échéances bancaires. Et si on considère ce loyer très élevé, on n’est pas à l’équilibre. Aujourd’hui, on fait à peu près 15 millions d’euros de CA sur la Place du Marché, en consolidé, avec les restaurateurs, et 18 millions de CA en global. Notre trajectoire, c’est d’atteindre d’ici quelques années 22 à 23 millions de chiffre d’affaires. Et on pense être à l’équilibre économique d’ici 2027/2028 ».
* Le projet des Halles de la Cartoucherie est financé par la structure Lotjas, réunissant la Caisse des dépôts et consignations, Bellevilles, De Watou, UCPA, The Roof Tououse, TMCO, et Pour la Route. Il bénéficie du soutien financier de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, Toulouse Métropole, Action Logement, le Centre National de la Musique, la Caisse d’Allocations Familiales de Haute-Garonne. Plusieurs organismes bancaires participent à son financement : le Crédit coopératif, les Caisses d’Épargne Midi-Pyrénées et Nouvelle-Aquitaine, la Banque Postale, le Crédit Mutuel Arkéa, la NEF et l’IFCIC.
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