L’éminent professeur de symbologie Robert Langdon se rend à Prague pour une conférence révolutionnaire sur la noétique donnée par Katherine Solomon, avec laquelle il vient d’entamer une relation. La scientifique est sur le point de publier un essai explosif sur la nature de la conscience humaine qui pourrait bouleverser des siècles de croyances établies.

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Mais un meurtre sauvage précipite leur séjour dans le chaos et Katherine disparaît soudain avec son manuscrit. Langdon devient la cible d’une puissante organisation et se retrouve pourchassé par un être terrifiant issu de la plus ancienne mythologie de Prague. Alors que l’intrigue se déploie à Londres et à New York, Langdon cherche désespérément Katherine… et des réponses.

Dans une course contre la montre à travers le double monde de la science futuriste et de la tradition mystique, il découvre une vérité choquante sur un projet secret qui changera à jamais notre conception de l’esprit humain.

Ci-dessous, un extrait du nouveau roman de Dan Brown, LE SECRET DES SECRETS, en vente à partir du 9 septembre.

L’air sec et froid était revigorant alors que Langdon descendait la rue Křižovnická, ses longues foulées crissant dans la neige.

Il avait toujours aimé Prague – une ville qui semblait figée dans un autre temps. Relativement épargnée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la capitale de la Bohême avait conservé la plupart de ses bâtiments historiques, où se mêlaient architecture romane, gothique, baroque, Art nouveau et néoclassicisme.

Son surnom – Stověžatá – signifiait littéralement « aux cent tours », même si le nombre réel de tours, de flèches et de clochers était plus proche de sept cents. En été, la ville les illuminait grâce à une myriade de projecteurs verts. L’effet saisissant avait inspiré, disait-on, les concepteurs de la cité d’Émeraude dans le film Le Magicien d’Oz, un lieu empreint de mystère, comme Prague.

En passant dans la rue Platnéřská, Langdon avait l’impression de parcourir un livre d’histoire. La façade imposante du Clementinum se dressait sur sa gauche, un complexe de deux hectares qui abritait la tour de l’observatoire où les astronomes Tycho Brahé et Johannes Kepler avaient travaillé, et la magnifique bibliothèque baroque renfermant plus de vingt mille ouvrages rares et anciens. Cette bibliothèque était son lieu préféré à Prague, et peut-être en Europe. La veille, avec Katherine, ils étaient venus visiter la dernière exposition.

Là, il tourna à droite face à l’église Saint-François d’Assise. Devant lui se dressait l’un des édifices les plus célèbres de la ville, magnifique dans le halo ambré des derniers réverbères à gaz urbains : le Karlův most – le pont Charles –, le pont le plus romantique du monde, d’après certains, construit en grès et bordé de chaque côté par trente statues de saints. Ce monument qui enjambait la Vltava, protégé à chaque extrémité par des tours de guet, était autrefois le trait d’union entre l’Orient et l’Occident.

Langdon passa sous l’arche de la tour est et découvrit de l’autre côté un tapis de neige immaculé long de cinq cents mètres. L’ouvrage était exclusivement piéton, et pourtant il n’y remarqua aucune trace de pas.

J’ai le pont Charles pour moi tout seul ! Un moment unique. Il avait déjà éprouvé cette sensation – au Louvre, devant La Joconde, mais les circonstances à l’époque étaient évidemment moins plaisantes.

Petit à petit, Langdon trouva son rythme. Il ne ressentait plus la fatigue. Sur sa droite, parée de lumières, s’élevait la perle de la ville : le château de Prague.

C’était le plus grand du monde. Il s’étendait sur un demi-kilomètre de la porte ouest à la pointe est, et occupait une superficie de quarante-trois hectares. Ses remparts abritaient six jardins à la française, quatre palais, quatre églises, dont la magnifique cathédrale Saint-Guy, où étaient conservés les joyaux des rois de Bohême ainsi que la couronne de saint Venceslas, le souverain bien-aimé auquel un chant de Noël très connu rend hommage.

Langdon esquissa un sourire en songeant à la communication de la veille, au château.

Katherine à l’œuvre…

— Viens avec moi à Prague et assiste à ma conférence, Robert ! lui avait-elle proposé deux semaines plus tôt. Ça tombe pile pendant les vacances d’hiver. Et c’est moi qui t’invite !

Langdon avait réfléchi à sa proposition. Ils avaient toujours entretenu une relation platonique, un mélange de complicité et de respect mutuel. Il était prêt à se laisser faire.

— C’est tentant, Katherine. Prague est magique, mais…

— J’ai besoin d’un cavalier ! Si tu veux tout savoir, je dois être accompagnée.

Il s’était esclaffé.

— C’est pour ça que tu fais appel à moi ? Toi, la scientifique célèbre dans le monde entier, tu as besoin d’une escorte ?

— Juste un gars à qui tenir le bras. Il y a un dîner de gala avec les sponsors, et après je vais faire ma conf dans cette salle hyperconnue, la Vlad-quelque chose.

— La salle Vladislav ?

— Exactement !

Langdon était impressionné. Il savait que les conférences de l’université Charles comptaient parmi les plus prestigieuses d’Europe, mais il ignorait qu’elles étaient aussi formelles.

— Tu es certaine que tu veux un simple professeur de symbologie pour t’accompagner à ton dîner de gala ?

— J’ai demandé à Clooney mais son smoking est au pressing.

— Toutes les noéticiennes sont aussi persuasives ?

— Juste les meilleures. Donc, j’en conclus que c’est oui.

Deux semaines, ça semble tellement loin, songea Langdon, toujours souriant, alors qu’il atteignait l’extrémité du pont Charles. Prague méritait sa réputation. C’était bien une ville magique… le point de rencontre de forces profondes. Parce qu’il s’est passé quelque chose, quelque chose de miraculeux…

Langdon n’oublierait jamais son premier jour avec Katherine dans cette ville de tous les possibles. Ils s’étaient égarés dans son dédale de rues, courant main dans la main sous la pluie, avaient cherché refuge sous les arcades du palais Kinský, et là, encore hors d’haleine, à l’ombre de la tour de l’horloge astronomique, ils s’étaient embrassés. Leur premier baiser. Un geste curieusement naturel malgré des années de relations strictement amicales.

C’était l’aura de Prague, ou un alignement des planètes, ou encore la main invisible du destin… Qu’importe, au fond. Une alchimie avait grandi entre eux et ne cessait de se renforcer depuis.

***

Le Golěm claudiquait dans la rue Kaprova, les pans de sa longue cape traînant dans la neige fondue. Sous son manteau, ses chaussures à grosses semelles compensées étaient si lourdes qu’il avait un mal fou à lever les pieds. Sur son visage et son crâne, la couche de glaise se durcissait dans l’air froid.

Il faut que je rentre à la maison.

L’éther approche.

Craignant d’être submergé, le Golěm sortit de sa poche une petite baguette de métal qu’il avait en permanence sur lui. Il leva l’objet au-dessus de sa tête, pressa l’extrémité contre le sommet de son crâne et se mit à tracer de petits cercles sur l’argile séchée.

Pas encore ! psalmodia-t-il en fermant les yeux.

L’éther se dispersa, du moins pour le moment. Il rangea sa tige de métal et reprit son chemin.

Encore quelques rues… et je pourrai me libérer.

La place de la Vieille-Ville – surnommée Staromák par les habitants de Prague – était déserte ce matin, à l’exception de deux touristes qui mangeaient des viennoiseries locales en contemplant la fameuse horloge astronomique. Toutes les heures, le chef-d’œuvre médiéval présentait le « défilé des douze apôtres », une procession de saints qui apparaissaient tour à tour dans deux petites fenêtres au-dessus du premier cadran.

Ils tournent en rond depuis le XVe siècle. Et cela attire encore les moutons.

Le couple, en l’apercevant, eut un mouvement de recul. Le Golěm était habitué à ce genre de réaction. Il avait donc une forme physique, même si personne ne devinait ce qu’il était vraiment.

Je suis le Golěm.

Je ne suis pas de votre monde.

Parfois il se sentait sans attache, comme s’il risquait d’être emporté par le vent, alors il aimait draper son enveloppe de mortel dans de lourds habits, et porter ces grosses chaussures qui accentuaient l’effet de la gravité et l’ancraient dans la terre. Sa tête enduite de glaise, sa grande cape à capuche faisaient de lui une curiosité inquiétante, même à Prague, où pourtant les gens costumés la nuit étaient monnaie courante.

Mais ce qui le rendait unique, c’étaient ces trois lettres anciennes sur son front… creusées dans l’argile avec une fine spatule.

אמת

Les trois lettres de l’alphabet hébreu – aleph, mem, tav –, lues de droite à gauche, formaient le mot EMET.

Vérité.

C’est justement la vérité qui avait fait venir le Golěm à Prague. Et c’est cette vérité que lui avait révélée Gessner la veille – le récit détaillé des atrocités que ses partenaires et elle avaient commises dans le sous-sol de Prague. Ces crimes étaient des abominations, mais ce n’était rien comparé à ce qui allait se produire dans un futur proche.

Je vais tout détruire. Tout réduire en poussière.

Le Golěm imaginait leur œuvre sinistre réduite à un amas fumant. Même si l’entreprise était risquée, il était certain de la mener à bien. Gessner lui avait révélé tout ce qu’il devait savoir.

Il me faut agir vite. La fenêtre de tir est extrêmement étroite. Déjà, il échafaudait son plan d’attaque.

Le Golěm obliqua au sud-est, laissant la place derrière lui, et s’engagea dans les ruelles qui menaient à son appartement. La vieille ville était un labyrinthe de venelles et de passages, un quartier très animé la nuit avec ses bars – le café littéraire Týnská, antre des écrivains et intellectuels, l’Anonymous Bar pour les hackers et férus d’intrigues, l’Hemingway pour les amateurs de cocktails. Et bien sûr le Sex Machines Museum qui restait ouvert tard le soir et attirait les curieux.

Alors qu’il s’enfonçait toujours plus dans ce dédale, il ne pensait pas aux souffrances qu’il avait infligées au Dr Brigita Gessner, pas même aux informations révoltantes qu’il avait apprises, mais à sa protégée.

Elle occupait toutes ses pensées.

Pour elle, je suis là. Elle et moi sommes deux particules intriquées, unies à jamais.

Sa raison d’être était de veiller sur elle, même si elle ne savait rien de lui et ignorait jusqu’à son existence. Tout ce temps, la servir avait été un honneur. Porter les fardeaux d’autrui était la plus noble des missions, mais l’accomplir de façon anonyme, sans espérer la moindre reconnaissance en retour, c’était de l’amour… de l’amour dans sa forme la plus pure.

Un ange gardien peut prendre bien des apparences.

C’était une bonne personne, entraînée à son insu dans un monde de sciences obscures. Elle ne voyait pas les requins qui lui tournaient autour. Le Golěm avait tué l’un de ces squales cette nuit, et aujourd’hui les autres allaient flairer l’odeur du sang. Des forces puissantes monteraient bientôt des abysses pour comprendre ce qui s’était passé… ils voudraient alors protéger leur grand œuvre.

Mais vous arriverez trop tard ! Leur antre des horreurs allait s’écrouler sous le poids de son infamie… être frappé en plein cœur.

Alors que le Golěm pressait le pas dans les ruelles enneigées, il sentit l’éther revenir, prendre consistance. De nouveau, il sortit sa baguette de métal et dessina des cercles sur son crâne.

Bientôt, tout sera fini.

© 2025 by Dan Brown.

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© 2025, éditions Jean-Claude Lattès pour la traduction française.

704 pages, 25,90 € ISBN : 978-2-7096-6838-5

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