Dans un village, tout le monde nous connaît et on connaît tout le monde. Mais certains s’évitent, se brouillent, se séparent, font semblant de s’ignorer et finissent par ne plus se voir, même si un soir, à la faveur d’une brise chargée d’effluves de chèvrefeuille, d’un verre d’alcool, du souvenir d’un émoi ancien ou de l’espoir d’un amour nouveau, les peaux se sont touchées, les corps se sont étreints.

On suit son travail depuis de longues années : Agnès Desarthe est une excellente romancière  française qui écrit à la fois pour les adultes, les adolescents et les enfants. Il existe en fait assez peu de liens entre toute sa production littéraire, à part sans doute une même tonalité, un registre tragi-comique qui mêle très habilement humour et gravité et une  même bienveillance pour ses personnages

Dans son nouveau roman, sorti pour la rentrée littéraire, Agnès Desarthe s’amuse à nouer et dénouer les destins par le seul jeu de l’écriture.

Un petit garçon intenable rencontre un homme au bout du rouleau. Une femme retrouve son amant disparu. Un musicien prépare un concours avec un jeune prodige qui ne sait pas lire une note. Deux adolescents filent à moto sans casque.

Ces personnages  semblent n’avoir aucun lien entre eux, si ce n’est que tous appartiennent à la même harmonie municipale.

En effet l’oreille absolue est un  admirable roman polyphonique,  qui décrit dans un foisonnement de détails touchants, les destins croisés de personnages que fédère l’amour de la musique.

 L’écriture à la fois simple et ciselée de l’autrice nous guide, nous perd et nous retrouve, dans ce ballet de belles âmes rassemblées autour de ce qui les réunit le mieux : la musique.

 Agnes Desarthe, qui compose davantage qu’elle n’écrit  donne la pleine mesure de ton talent tant chaque personnage existe pleinement avec ses tics, ses pudeurs et ses petites lâchetés.

 

Agnès Desarthe nous offre  avec l’oreille absolue une œuvre profondément émouvante qui célèbre la beauté des liens humains et la persistance de l’espoir face aux épreuves de l’existence. Elle livre un roman polyphonique , sur des questions essentielles tels que le deuil , la solitude, l’amour , l’amitié , la bienveillance : un roman court bourré d’humanité.

 L’oreille absolue constitue une méditation sur l’art de percevoir la musique du monde, cette symphonie discrète mais essentielle qui unit tous les êtres dans leur quête de sens.

L’Oreille absolue

L’Olivier

22/08/2025

144 pages, 19,50 €