L’ancien Kiabi et l’ex-magasin Printemps à Metz, JD Sport, le Hall du Livre, l’ancienne boutique Orange ou encore Tati à Nancy. Les très grandes cellules commerciales font partie du paysage des centres-villes. En particulier dans la cité ducale où elles sont nombreuses, là où dans d’autres villes, elles ont tendance à se concentrer désormais en périphérie, note Areski Sadi, adjoint municipal délégué à la dynamique commerciale. Selon lui, elles représentent un certain « atout » car elles permettent d’attirer de grandes enseignes en cœur de ville, bien que la municipalité reste vigilante à maintenir un certain pourcentage de commerces indépendants en respectant une proportion de 70/30 en faveur de ces derniers. D’autant plus qu’ils « ne sont pas tributaires de plans stratégiques nationaux », souligne l’élu.
« Nous avons très peu de cellules de taille intermédiaire comprise entre 250 et 500 mètres carrés alors que les commerçants sont de plus en plus demandeurs. »
Anne Daussan-Weizman, adjointe à la Ville de Metz déléguée à l’attractivité et au commerce.
La Ville dispose de différents leviers pour aider à l’installation de nouveaux commerces ou éviter que certaines cellules ne restent vacantes trop longtemps. « Il y a notamment la taxe sur les friches commerciales qui permet, si une cellule est vacante depuis plus de trois ans, d’appliquer une taxe. Celle-ci est doublée si la durée dépasse les cinq ans. Cela permet d’éviter la spéculation. » En parallèle, la Ville peut se positionner comme facilitateur. Ce fut notamment le cas pour l’installation de l’enseigne JD Sport, au numéro 43 de la rue Saint Jean, dans la cellule laissée vide depuis le départ de La Halle Chaussures en 2017. La ville a notamment apporté un accompagnement sur divers aspects administratifs et techniques. Ou encore dans le cas du déménagement de la librairie Hall du Livre. La cellule anciennement occupée par Eurodif où elle se trouve maintenant avait été rachetée par la municipalité via le dispositif « Nancy Defi » et a fourni les meubles.
Bien que certains leviers soient à sa disposition, « la Ville n’a pas la main sur tout, en particulier sur le commerce », tient à rappeler Areski Sadi. Un autre obstacle résulte du classement d’une bonne partie du centre-ville en « secteur remarquable », ajoutant des contraintes patrimoniales et urbanistiques ce qui peut freiner certaines enseignes pour s’installer.
Modèles hybrides et réaménagement
Dans le local de l’ancien magasin Kiabi situé rue du Petit-Paris à Metz, vacant depuis 2020, deux nouveaux occupants doivent investir les lieux fin 2025 et courant 2026. Sur la moitié gauche du rez-de-chaussée, c’est La Poste qui prévoit d’y ouvrir une nouvelle agence 2.0 dès le mois d’octobre tandis que la moitié droite et l’étage seront occupés par un food court et un « salon » pensé comme un « lieu de vie pour les familles », détaille Anne Daussan-Wiezman, adjointe municipale déléguée à l’attractivité et au commerce. Un mode de reconversion qui se fait de plus en plus. « À Metz, il y a beaucoup de petites cellules dont la superficie est inférieure à 200 mètres carrés et des très grosses généralement occupées. En revanche, nous avons très peu de cellules de taille intermédiaire comprise entre 250 et 500 mètres carrés alors que les commerçants sont de plus en plus demandeurs. » En ce qui concerne l’ancien magasin Printemps et les deux magasins Zara attenants, fermés depuis 2021, l’ensemble de 11 000 mètres carrés environ va être reconverti en logements par l’entreprise Bouygues Immobilier, qui œuvre sur ce projet aux côtés de l’agence Nouveau Siècle. Deux cellules commerciales en rez-de-chaussée sont aussi prévues.
© La Semaine
À Metz, ces très grandes cellules ont tendance à se raréfier, constate Anne Daussan-Wiezman. « Il reste encore C&A qui occupe une surface de 4 500 mètres carrés. » Pour l’élue, elles ne sont plus vraiment d’actualité et doivent évoluer vers des formats d’aménagement hybrides. C’est également le cas à l’angle de la Bonne Ruelle et de la rue des Clercs, où un projet mêlant logements à l’étage et commerce en pied d’immeuble doit voir le jour. « Ça permet, dans le même temps, de recréer de l’habitat en centre-ville. C’est bien d’avoir des commerces et des restaurants mais il faut qu’il y ait des gens pour consommer. Puis, mettre du logement permet d’entretenir ces bâtiments. »