Un « appel au secours ». À la Bégude Nord (13e), une cité des années 1970 construite proche de la Rose pour accueillir les pieds-noirs d’Algérie, les encombrants et les déchets au pied des tours sont plus nombreux que les habitants. Mais la situation à l’intérieur des logements, elle, a des conséquences autrement plus graves qu’esthétiques.
Marie*, dans la tour E4 depuis 2022, vit depuis un mois dans 60 mètres carrés avec son bébé de 9 mois, sans pouvoir sortir. La porte d’entrée ne ferme plus à clef en raison d’un mécanisme défectueux. La maman solo doit « bloquer la porte avec des meubles » pour éviter le scénario d’un cambriolage « pendant la sieste ou la nuit ». Le père de l’enfant, séparé de la maman, « fait marcher son fils devant l’immeuble pour lui faire voir les rayons du soleil ». Son ex-compagne, qui dénonce « une porte vétuste », assume « de harceler » son bailleur, 13 Habitat, « pour sortir au plus vite de sa prison » domestique.
« De vrais champignons dans les coins, et des cafards par centaines »
Quand vient la nuit, Marie pense à son ex-voisine victime d’une séquestration violente au mois d’août avec son enfant de 4 ans. « Quand on a su ça, on a tous été choqués dans la cité. Comment s’endormir sereinement, alors que ma porte ne ferme plus ? Je ne peux pas aller faire les courses, ni me rendre chez le médecin… », se désole-t-elle. Du côté du bailleur, la réponse est lapidaire : « Il appartient (à Marie) de faire réparer la serrure ou de la faire remplacer à ses frais », écrit dans un courrier une assistante territoriale du bailleur social.
Pourtant, d’après un serrurier établi dans le quartier, « le changement de serrure est à la charge du bailleur en cas de vétusté », avant de nuancer : « C’est à l’assurance du locataire d’envoyer un serrurier, puis le bailleur envoie un expert pour avoir la preuve que le mécanisme a mal vieilli et doit être changé », expose ce professionnel.
Le compteur électrique est situé sur un mur humide parcouru de traces jaunâtres. / Photo Théo Bessard
Mais les déboires de la jeune femme ne s’arrêtent pas là : « Il pleut dans les toilettes » à cause d’un dégât des eaux situé deux étages plus haut, « de vrais champignons sortent de la VMC », le compteur électrique se trouve sur un mur humide, les fils électriques sont visibles dans la chambre du petit, et « des centaines de cafards » pullulent.
Les fils électriques sont hors de leur gaine dans la chambre du bébé. / Photo Théo Bessard
« S’agissant du dégât des eaux, il y a eu des travaux dans le logement touché », contredit 13 Habitat, alors que Marie, en lien avec son voisin, dénonce des « mensonges ». La jeune femme veut parvenir à une résolution avant le 20 septembre, la date du baptême de son bébé, qu’elle ne manquerait « pour rien au monde ».
Pour sa part, 13 Habitat fait valoir que « des travaux ont été réalisés pour 5 000 euros dans l’appartement depuis le printemps. L’installation électrique a été vérifiée, avec changement de plusieurs prises de courant hors d’usage et de l’isolant a été appliqué dans l’une des chambres pour limiter les risques d’humidité et de moisissures. L’appartement a été désinfecté pour éliminer les cafards. Enfin, la porte d’entrée va être révisée par notre prestataire. A priori, la serrure fonctionne ».
*Le prénom a été modifié.