Le dessinateur Lukino publie sa troisième BD après dix ans de recherches.

Pour sa troisième BD intitulée « Le Contrat Corneille-Molière », Lukino, illustrateur, dessinateur de presse et graphiste, est parti seul, réalisant lui-même le scénario. Il explique : « J’écris des BD depuis les années 90. Celle-ci est le reflet de ma passion pour l’histoire. C’est l’aboutissement de dix ans de recherches « . Après le XIXe siècle avec Alfred Nobel, le XXe avec Léo Ferré, Lukino s’attaque au XVIIe siècle en retraçant une controverse née au XXe siècle. Elle agite encore le cercle des experts du théâtre classique. Mais chut ! Ne dévoilons pas ! D’autant que Lukino, lui-même, préfère laisser le doute subsister :  » J’avais envie de faire un bouquin pour que les gens se distraient et qu’ils soient partisans ou adversaires des différentes thèses sur le contrat ». Averti ou pas, le lecteur, trouvera dans la BD une histoire amusante, et réellement instructive.

Une BD parfaitement documentée

L’intrigue démarre en 1658 à Rouen. Molière vient de triompher en Province. Il va rencontrer Corneille pour négocier la possibilité de jouer avec sa troupe une des pièces du maître et profiter de son entregent pour obtenir une scène à Paris. Corneille en mal d’inspiration est enfermé dans la tragédie, seul genre théâtral qu’il considère noble.

Lukino, parfaitement documenté sur le sujet, plonge le lecteur dans une époque faisant écho aux problématiques de la culture contemporaine. Les scènes historiquement situées tendent aussi un miroir à notre époque. Elles nous parlent de jeux d’influences politiques ou galantes, de chasse à la notoriété, du quotidien des intermittents du spectacle et de mille choses encore. D’une plume référencée souvent ironique, « et un dessin en bichromie et réaliste », il immerge le lecteur dans le passé avec humour.

Mieux qu’un essai, la forme BD, longtemps considérée comme un art mineur, popularise une hiérarchie entre tragédie et comédie au XVIIe et nous donne un accès immédiat à cette controverse réservée aux érudits. Le lecteur retrouvera deux immenses auteurs devenus des classiques  » dans une affaire où le consensus scientifique n’existe pas », insiste Lukino. Une polémique à découvrir ou redécouvrir dans une forme des plus attrayantes et légères.

Éditions Les Impressions nouvelles. « Alfred Nobel, le prix de la paix » avec Christine Oberlinkels (2021) et « Léo Ferré, ni dieu ni maître » avec Pascal Boniface (2023).

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