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Icône déchue du tennis, celui qu’on surnommait « Boum-Boum » revient sur ses huit mois d’incarcération au Royaume-Uni. Froid glacial, dettes de poker face à des criminels, perte de poids dramatique et séquelles psychologiques : le champion brisé livre un récit glaçant de son passage en prison.

Il a remporté Wimbledon à 17 ans, écrit l’histoire du tennis et amassé une fortune colossale. Mais en avril 2022, Boris Becker a brutalement changé de décor : condamné pour fraude financière, l’ex-star allemande s’est retrouvé dans une cellule britannique, loin des tapis rouges et des courts. Aujourd’hui âgé de 57 ans, il brise le silence sur ses huit mois d’incarcération, une expérience qui l’a marqué à jamais.

« Cette interminable routine ronge ton âme et fait bouillir ton esprit », confie-t-il au Süddeutsche Zeitung. Derrière les murs de Wandsworth puis de Huntercombe, Becker n’était plus une légende du sport mais un détenu parmi d’autres, obligé de gagner la confiance de ses codétenus et des gardiens.

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Le choc fut immédiat. Les nuits glaciales le contraignaient à dormir habillé de plusieurs couches, parfois même la tête entourée d’une serviette. En quatre semaines, il a perdu sept kilos. « Peu de nourriture, aucun alcool, aucun sucre… mais beaucoup de stress »‘, résume-t-il. Le seul réconfort venait des appels à sa compagne, Lilian de Carvalho Monteiro, de 22 ans sa cadette, qu’il décrit comme sa « bouée de sauvetage ».

Mais la détention a aussi plongé Becker dans des situations périlleuses. Passionné de poker, il s’est laissé tenter par des parties avec des prisonniers aguerris, notamment des détenus roumains. Un pari désastreux : après plusieurs jours de jeu, il accumule une dette de 500 livres.

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Rapidement, les menaces tombent. « Ils sont venus dans ma cellule pour me gifler si je ne payais pas », raconte-t-il. Un ami extérieur a dû régler la somme par virement. « Sans lui, je ne serais peut-être pas là pour en parler. »

Pour s’intégrer, Becker s’est appuyé sur son rôle de professeur de philosophie stoïcienne et ses tâches à la salle de sport, qui lui ont permis de se construire une image respectée. Mais rien n’a effacé l’humiliation : sa gloire passée ne valait rien derrière les barreaux.

Libéré et expulsé après huit mois, l’Allemand reste hanté par cette parenthèse. « Tu ne te débarrasses jamais complètement de la prison », confie-t-il. Même chez lui, il ne peut s’endormir qu’avec la porte close, et s’allonge toujours au bord du lit « comme sur une paillasse de cellule ».

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Si Becker a payé pour avoir caché des millions d’euros d’actifs à ses créanciers – propriétés en Allemagne, prêts dissimulés, actions, transferts suspects vers ses ex-femmes –, il peine encore à se relever. De star flamboyante à prisonnier isolé, il reconnaît que cette chute restera à jamais inscrite dans sa chair.

« Ce passage m’a changé pour toujours », conclut l’ancien champion, dont le récit rappelle à quel point les murs d’une prison ne laissent personne intact.