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Rédaction Bordeaux

Publié le

5 sept. 2025 à 18h38

Le tribunal administratif de Bordeaux a débouté Transdev, groupe multinational français de transport, qui voulait faire annuler le contrat de concession passé en 2022 entre son concurrent Keolis et Bordeaux Métropole pour exploiter les transports en commun du réseau TBM. Le rapport fait aux autres élus par le président de l’époque de Bordeaux Métropole, Alain Anziani (PS), était pourtant « lapidaire » et « superficiel », cinglait la société : la méthode d’analyse des offres n’était « pas transparente » et les critères de choix avaient été « irrégulièrement modifiés au cours de la négociation ».

« Les propositions de Transdev n’ont pas été encouragées ni valorisées, contrairement à celles de sa concurrente, considérait encore l’avocat de Transdev. Keolis a été avantagée : elle seule disposait, en qualité de concessionnaire, des études relatives à la modification des aiguillages du tramway à la station Porte de Bourgogne. »

La fréquence et le temps de parcours des tramways que la gagnante avait promis à Bordeaux Métropole n’étaient par ailleurs « pas crédibles ni réalistes » : ses « engagements » vont impliquer « un surcoût de 76,9 millions d’euros », mettait en garde l’avocat de Transdev. Pour rappel, ce contrat de huit ans était d’une valeur estimée à 2,1 milliards d’euros.

Une analyse des offres jugée « superficielle »

Reste que le rapport d’analyse des offres « de 18 pages » établi par la Métropole « procède à une analyse complète des offres de Keolis et Transdev », trouve au contraire le tribunal administratif de Bordeaux, dans un jugement en date du 15 juillet 2025 qui vient d’être rendu public.

« Bordeaux Métropole a indiqué que la proposition « innovante et structurante » de Keolis sur le tramway et son réseau de bus « garantissant une desserte fine du territoire » justifiaient à ses yeux une meilleure note. »

« Si Transdev soutient que l’analyse des offres a été superficielle, se prévalant du caractère synthétique du rapport du président de Bordeaux Métropole, au contraire le rapport a procédé à un analyse complète et circonstanciée de la qualité des offres des sociétés », considèrent les juges.

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Transdev trouvait pourtant que Bordeaux Métropole avait donné « une place disproportionnée au service de tramway » alors que celui-ci « ne constitue qu’un mode de transport parmi les huit évalués ».

Keolis met l’accent sur le tramway à juste titre

Mais le règlement de la consultation rappelait que « environ 101 millions de voyages à bord du tramway » avaient été faits en 2019 « contre 67 millions à bord des bus ». « La part des voyages en tramway représente environ 60 % de la totalité des voyages en transports en commun », résume donc le tribunal administratif de Bordeaux.

Ce document précisait d’ailleurs bien que « le tramway est une composante essentielle du service offert ». « La croissance du trafic est portée par la progression de sa fréquentation », était-il bien rappelé aux entreprises candidates au marché. « Rançon du succès, plus les usagers sont nombreux, plus ils dépendent du tramway. »

De son côté, « malgré une forte augmentation de sa fréquentation », le réseau de bus « ne parvient pas à être suffisamment attractif et à faire baisser le niveau de dépendance au tramway ».

Deux offres de « très haute qualité »

« Les services de Bordeaux Métropole ont pu à bon droit accorder une place particulière aux modes de transport les plus structurants, à savoir tout d’abord le tramway et ensuite le bus », conclut le tribunal administratif de Bordeaux. « La conduite des négociations par Bordeaux Métropole ne traduit aucune volonté de sa part de discréditer ou de dévaloriser les propositions innovantes formulées par la candidate évincée. »

Keolis n’a pas non plus été « avantagée », contrairement à ce que soutenait Transdev, concernant les deux études relatives à la station Porte de Bourgogne. « Keolis n’était pas délégataire lors de la réalisation de la première de ces études, réalisée par Tisya en 2008 lorsque Veolia Transports était concessionnaire », rappellent les juges. 

La seconde, réalisée en 2012 à la demande Bordeaux Métropole, était accessible à tous sur le site de la participation citoyenne de la métropole.

les juges du tribunal administratif

Au final Transdev proposait « une refonte importante du réseau de bus au détriment toutefois de la desserte fine de quelques territoires, résume le tribunal administratif de Bordeaux. Si cette société proposait un développement limité de l’offre de tramways, l’accent était cependant mis sur la fiabilisation du fonctionnement du réseau actuel. »

Transdev ne prouve pas ses dires

Keolis, de son côté, proposait « une augmentation notable des fréquences » sur les troncs communs des lignes de tramways, une « modernisation du réseau » et une « desserte fine du territoire ». « Les services de Bordeaux Métropole ont relevé que les deux offres étaient de très haute qualité », soulignent les magistrats.

« Transdev n’établit pas que les engagements contractuels du concessionnaire seraient manifestement irréalistes », conclut le tribunal. « Si Transdev soutient que le fonctionnement effectif du réseau implique de s’équiper de sept rames supplémentaires, d’agrandir les dépôts et de former 34,4 conducteurs pour un coût total de 76,9 millions d’euros pas pris en compte, elle n’établit toutefois pas la réalité de ses affirmations. »

Les « éventuelles difficultés financières auxquelles serait confrontée Keolis » depuis qu’elle a décroché le contrat « ne peuvent être utilement invoquées pour demander l’annulation de sa passation », rappellent de toutes manières les juges bordelais. Transdev a donc été déboutée et devra verser 3 000 euros à Bordeaux Métropole et autant à Keolis pour leurs frais de justice. L’entreprise a jusqu’au 15 septembre 2025 pour faire appel.

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