Wroclaw, cité médiévale aux fortes valeurs culturelles, méritait bien ça, un beau match de foot avec une équipe de France séduisante à défaut d’être totalement efficace. Solide avec à une charnière de costauds avec un Ibrahima Konaté et un Dayot Upamecano mêlant impact et ressorti de ballons, des ailiers très travailleurs et un Michael Olise délicieux partout, auteur d’une master class en première période, elle a empoigné avec sérieux et envie cette campagne éliminatoire.

Considérant qu’elle ne retrouvera pas plus dur ni plus haut durant ces rencontres face à l’Islande ou l’Azerbaïdjan, elle se rapproche d’un grand pas vers l’Ouest et les Etats-Unis. Une bonne chose de faite donc et bien faite. Mardi, contre l’Islande, avec la possibilité de faire tourner un peu (Adrien Rabiot?), elle devra continuer d’enfoncer les portes de l’Amérique.

Si les Bleus ont eu un défaut, constant durant la partie, c’est de laisser croire à l’Ukraine qu’elle pourrait revenir, une idée très concrète passée l’heure de jeu. Mike Maignan, épargné jusque-là, a d’abord vu Konaté sauver une tête sur sa ligne avant que le poteau sur un coup-franc la minute suivante ne tombe sur le poteau sur le second temps de l’action.

Ces 65e et 66e minutes auront constitué le morceau de révolte des partenaires d’Illia Zabarnyi, gagnant enfin leurs duels et avançant sur le début de fragilité de l’édifice tricolore. La panique n’a pas vraiment duré chez les Bleus, obligés de changer Désiré Doué par Ousmane Dembélé à la pause pour un coup sur le mollet.

L’attaque vintage du PSG d’il y a deux ans a alors pris les commandes, avec un candidat au Ballon d’or encore en phase de rodage et qui n’a pas pu achever la rencontre. Il est sorti blessé à dix minutes du terme, avec une polémique qui va gonfler. Pourquoi le faire entrer après son alerte à la cuisse contre Toulouse alors que Maghnes Akliouche a été appelé pour la première fois? Le principe de précaution a-t-il été appliqué entièrement? On aimerait écouter ce samedi les échanges entre le médecin des Bleus et celui du PSG, avec Luis Campos derrière en train d’écouter et sans doute de crier de rage.

La grande attraction des Bleus, hormis pendant la minute folle de son adversaire, se concentre sur son système et la beauté que lui donne Olise. Le gaucher du Bayern Munich à l’origine de son but dans un long une-deux avec Bradley Barcola, très en forme lui aussi (ce que son début de saison avec le PSG témoigne) mais toujours aussi maladroit avec deux situations anormalement gâchées, a sublimé la prise de risque de Didier Deschamps, décidé à évoluer avec quatre joueurs offensifs.

Un penchant inhabituel pour le sélectionneur mais dont l’audace paie. Elle n’a pas connu l’ampleur souhaitée parce que Kylian Mbappé a manqué de tranchant et de précision dans le premier acte avant de s’éteindre dans le second, sans doute encore un peu juste dans son feeling avec le ballon, comme dirait Luis Enrique, entraîneur blessé mais vaillant après une chute de vélo.

Les Bleus, eux, sont restés sur la bonne selle malgré quelques tentatives de rodéo ukrainien. Pour une sortie de rentrée, avec des états physiques très disparates et des joueurs majeurs en dedans – Mbappé sauve tout grâce à son but, le 51e en sélection, qui assure le succès -, ils ont été la hauteur en réveillant de belles promesses collectives.