C’est un appel à un soutien franc et massif qu’ont lancé le 4 septembre trois des grands industriels européens de la batterie, membres de l’Alliance Européenne de la batterie, qui réunit 700 acteurs de cette filière émergente. Frank Blome, le CEO de l’entreprise allemande PowerCo, Benoit Lemaignan, cofondateur et président de Verkor, start-up grenobloise dont la gigafactory est en construction à Dunkerque, et Yann Vincent, le directeur général de la bordelaise ACC, qui a inauguré son usine à Billy-Berclau et Douvrin (Pas-de-Calais) en 2023, interpellent la Commission Européenne dans un communiqué, intitulé « l’heure de vérité pour l’Europe ». Et ce, alors que la présidente de la Commission Européenne doit rencontrer l’ensemble des acteurs de la filière automobile en marge du salon de l’Auto de Munich, le 12 septembre.

Dans leur texte, les industriels réclament un soutien accru de la part des institutions européennes pour « bâtir un écosystème européen de la batterie compétitif, durable et résilient. » Un objectif mis à mal par le développement à grande vitesse de la concurrence étrangère, alors que « les États-Unis et la Chine déploient des subventions massives pour soutenir leur production locale », assurent les signataires du communiqué. Qui alertent : dans ce contexte, « les fabricants européens, encore en phase de montée en puissance, risquent d’être évincés avant même d’atteindre leur maturité. »

« Le coût de l’inaction »

Pour rester dans la course, l’Europe doit mettre la main au porte-monnaie, posent les industriels signataires, qui pointent « le coût de l’inaction »: « délocalisation d’un marché annuel de 250 milliards d’euros au profit des importations asiatiques », « retard en matière d’innovation et de savoir-faire », « fragilisation stratégique de l’industrie automobile », etc. Ils demandent donc la mise en place, non pas d’une « subvention d’appoint », comme les quelque 852 millions d’euros débloqués en juillet par l’Union Européenne au travers du Fonds pour l’innovation, au profit de projets d’usines de batteries électriques en Suède, Pologne, Allemagne, et en France — Verkor et ACC figuraient parmi les bénéficiaires.

Mais bien, d’un « pont vers la performance » dont aurait besoin la filière, pour atteindre les 90 GWh de batteries produites en Europe d’ici 2027, « soit l’équivalent de 1,2 million de véhicules électriques », assurent les trois dirigeants.

2,8 milliards d’euros pour démarrer

Pour les besoins de financement de ce « pont », ils reprennent les estimations de l’Alliance Européenne de la Batterie : seraient nécessaires « un milliard d’euros pour l’accompagnement au démarrage, 1,8 milliard d’euros pour les trois premières années de production, conditionnés aux volumes produits » ainsi que « des financements complémentaires entre 2028 et 2030 afin de garantir la compétitivité à long terme ». Une partie de ces fonds ayant déjà été débloqués ou fléchés, précise le communiqué, qui martèle en conclusion : « Le coût de l’inaction serait bien supérieur à celui du soutien ».