Par
Fabien Binacchi
Publié le
6 sept. 2025 à 6h38
Le tribunal administratif de Marseille a donné jusqu’au 29 septembre 2025 à la Société française des habitations économiques (SFHE) pour reprendre sa copie concernant son foyer de jeunes travailleurs (FJT) prévu dans le 10e arrondissement de Marseille (Bouches-du-Rhône).
« Pas suffisamment de places de stationnement » ?
Les juges avaient en effet été saisis de plusieurs recours distincts de riverains contre ce projet de 128 logements qui doit sortir de terre au 54 boulevard Hilarion Bœuf, près de l’hôpital de la Timone : il « ne prévoit pas suffisamment de places de stationnement » et le boulevard « n’est pas en capacité d’accueillir ce trafic supplémentaire », se plaignait un couple.
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« La hauteur des façades est supérieure à 13 mètres, les constructions s’implantent à moins de 3,5 mètres des limites séparatives et le chemin d’accès est manifestement trop étroit. »
« Le terrain […] se situe dans un quartier à dominante résidentielle d’aspect hétérogène, dépourvu de caractère architectural particulier, composé de maisons […] et d’immeubles collectifs de construction récente », commence par présenter le tribunal administratif de Marseille dans un des six jugements en date du 24 juin 2025 qui viennent d’être rendus publics. « Le projet prévoit un immeuble en R + 2 donnant sur le boulevard […] qui comprend une toiture en tuiles à double pente et un traitement de façade en enduit clair. »
« Il comprend deux immeubles en R + 3 implantés en second rang et peu visibles depuis l’espace public », notent aussi les juges marseillais. « Leurs façades feront l’objet d’un traitement dans des tons clairs et comporteront un habillage en pierre en rez-de-chaussée dont il n’est pas établi […] qu’il ne serait pas soigné. »
Une « dangerosité » non établie
Cette « résidence de jeunes travailleurs » comprendra par ailleurs « une cuisine partagée », un « espace fitness », une « salle de détente », une loge en rez-de-chaussée du bâtiment A et deux buanderies au sous-sol « accessibles à tous ses habitants ». « Le projet prévoit […] soixante-sept places de stationnement pour les voitures, onze […] pour les deux-roues motorisés et des locaux dédiés aux vélos », note encore le tribunal administratif de Marseille, pour qui tout cela est donc conforme aux règles d’urbanisme locales.
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« Le terrain […] est desservi par le boulevard Hilarion Bœuf, voie à sens unique dotée de trottoirs […] d’une largeur supérieure à quatre mètres, dont il n’est ni établi ni même allégué qu’elle présenterait des difficultés de visibilité et de circulation », poursuivent les juges. « Les requérants […] n’établissent pas, en produisant une unique photo aérienne montrant des véhicules stationnés, que ce boulevard ne sera pas en capacité d’accueillir le trafic supplémentaire. »
Les véhicules pourront aussi se croiser « en toute sécurité » dans le parking souterrain du FJT grâce à « une rampe à double sens de circulation d’un largueur d’environ 5 mètres ». « L’accès piéton s’effectue quant à lui par un cheminement d’une largeur de 1,80 mètre », précise le tribunal. « En se bornant à soutenir que ce dernier accès serait […] manifestement trop étroit et ne dispose pas d’une aire de retournement, alors qu’il n’a pas vocation à accueillir de véhicules, M. et Mme XXX n’établissent pas sa dangerosité. »
Des « vices » qui peuvent être « régularisés »
Un autre couple de requérants est toutefois parvenu à contraindre la SFHE à revoir les surfaces des espaces « de pleine terre » qui doivent être laissés libres.
« Il ne ressort d’aucune pièce […] que les toitures auraient une pente minimale de 2 % », constate encore le tribunal administratif de Marseille dans un autre jugement, alors que le Plan local d’urbanisme (PLU) de Marseille l’impose « afin d’éviter la stagnation des eaux de pluie et la prolifération des moustiques ».
Enfin, le « bâtiment C » du projet n’est « pas implanté sur deux limites séparatives » relèvent les juges. Mais tous ces « vices » peuvent être « régularisés » sans passer par une annulation du permis de construire puisqu’ils « n’impliquent pas d’apporter à ce projet un bouleversement tel qu’il en changerait la nature même ». Le tribunal administratif de Marseille a donc laissé une chance à la SFHE pour reprendre sa copie.
Sur le plan des frais de justice, la société devra verser 3600 euros à des riverains qui ont obtenu en partie gain de cause mais en récupérera 2700 euros auprès d’autres qui ont été entièrement déboutés. La ville de Marseille devra pour les mêmes motifs verser 1800 euros et en touchera 900.
GF / PreessPepper
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