La culture de la vigne reprendra dès le Xe siècle et son développement sera stimulé par les négociants hollandais, avides de vins blancs secs à distiller. Suite à la crise du phylloxéra, les techniques viticoles se modernisent et, peu à peu, le muscadet gagne en qualité. Son aura s’étendra avec le développement des moyens de transport et, en 1937, Muscadet obtient enfin son appellation : la ville de Nantes renoue définitivement avec son patrimoine viticole.
Il aura cependant fallu plusieurs décennies pour que le melon de bourgogne, cépage emblématique du Muscadet, réconcilie les générations et perde son image de petit vin de table. Porté par une poignée de vignerons consciencieux, il renaît de ses cendres, aidé par le réchauffement climatique, et il est devenu en une quinzaine d’années le cœur battant de Nantes. Les caves, bars à vins et restaurants poussent dans la ville à un rythme effréné, dans l’hypercentre bien sûr, des quartiers Graslin, Bouffay ou encore de la Cité des Congrès, mais aussi en proche périphérie. Nous vous proposons ici une sélection éclectique d’adresses, de néo-étoilés dans l’air du temps aux tables d’auteur dotées d’impressionnantes “muscadothèques” (mais pas que !) en passant par les bistrots vineux et la meilleure table, confidentielle, pour un déjeuner éblouissant au cœur du vignoble nantais.
Collection Parcellaire
Une Étoile et des flacons
Lulu Rouget
Ludovic Pouzelgues, Lulu pour les intimes, augmenté d’un “rouget”, fretin dont le chef étoilé était le spécialiste lorsqu’il officiait à L’Atlantide 1874 de Jean-Yves Guého. Voici donc le nom de cette « maison de vignerons » (dixit Lulu) qui s’est refait une beauté il y a peu, désormais habillée de matériaux bruts et naturels, fauteuils en velours, mur de briques rouges et, surtout, d’une sublime cave centrale sous verrière, légèrement inclinée pour faire référence aux bâtiments du quartier Feydeau, où se cachent les divins flacons. Quelque 1 500 références caressant toutes les régions de France : champagnes de vignerons (Savart, Collin, Laherte), vieux millésimes de Muscadet (Le Fief du Breil 2015 de Jo Landron à 90€, Pueri Solis 2016 de Luneau-Papin à 85€), flacons rares (Richard Leroy, Prieuré-Roch, Chave, Rayas, Lajibe) et bouteilles abordables (Clisson 2020 du domaine des Cognettes à 40€, bouzeron 2020 du domaine de Villaine à 60€)… Bref, de quoi accompagner une cuisine de haute volée ayant le cœur en Loire, où les asperges rencontrent la déclinaison d’ail, le rouget le cassis acidulé ou encore la langoustine juste rôtie l’aubergine en différentes textures. Une balade saisonnière et terroiriste qui débute à 55€ au déjeuner en semaine.
4, place Albert-Camus, 44200 Nantes.
Tél. : 02 40 47 47 98.
lulurouget.fr
DR
Le chef étoilé Ludovic Pouzelgues compte 1 500 vins à sa carte.
Cuisine d’auteur au bord de l’Erdre
Le Manoir de la Régate
À l’extrême nord de Nantes, à quelques brasses de l’Erdre, la fratrie composée d’Anne-Charlotte (en salle) et Mathieu Pérou (aux fourneaux) a repris en 2017 cette magnifique maison de maître familiale. Dans cette salle entièrement relookée en février dernier par l’architecte Adeline Halot (lumières douces, mobilier d’inspiration scandinave), on se délecte des compositions graphiques d’un chef de grand talent, qui jadis officia notamment chez les frères Ibarboure à Bidart (64), où se mêlent poissons de rivière et légumes du potager attenant. Lors de notre dernière visite, on débutait sur un canapé au curé nantais, poursuivait sur une goujonnette d’anguille fumée et gel de citron confit, un silure ligérien et poireaux en escabèche avant de conclure sur une délicieuse tartelette au yaourt glacé et dulce de leche. Pour arroser tout cela, une carte forte de 350 références dont quarante crus locaux : Ephata 2018 de Terre de l’Élu (99€), Brézé 2019 de Guiberteau (109€), Statera 2020 de Bretaudeau (150 €), L’Aubier du prometteur Jean-Baptiste Hardy (49 €) entre autres grands noms du vignoble hexagonal (Vouette & Sorbée, château Meylet, Prieuré Saint Jean de Bébian, Gauby, Peyre-Rose, Vernay, Mikulski, Mugnier, Arena…).
155, route de Gachet, 44300 Nantes.
Tél. : 02 40 18 02 97.
manoirdelaregate.com
DR
Une belle équipe de gastronomes durables.
Tout est dans le nom !
Les Bouteilles
Depuis plus de deux décennies, Judith et Michael Ravier professent la bonne parole vineuse dans le quartier de Talensac avec leur carte des vins de plus de 1 500 références où dégoter des bouteilles introuvables ailleurs et des millésimes rares : Les Roises d’Ulysse Collin (420€), Les Rouliers 2020 de Richard Leroy (120€), hermitage 2015 de Chave (380€), Rayas 2005 (410€) entre autres pointures (Raveneau, Bizot, Roumier…). Au-delà de ces magnifiques étiquettes à trois chiffres, le premier verre de vin débute à 3,50€ et la carte fourmille de pépites à prix doux : Turckheim de Zind Humbrecht (40€), anjou 2019 de Boudignon (49€), saumur de Guiberteau (32€), Domaine des Tours 2018 (49€)… De quoi sublimer une cuisine bistrotière d’une grande justesse, à base de produits sourcés et locaux : pâté de tête maison, filet de bœuf et vrai jus de viande, poulpe du Croisic et bisque… À noter, chaque mois de décembre, Michael propose une sélection de grands vins au verre, comme l’hiver dernier avec le Brut Initial de Selosse (40€), Statera 2019 de Bretaudeau (19€) ou Rayas 2013 (60€). Bref, une vraie leçon de vin dans un bistrot qui s’est récemment refait une beauté, arborant désormais murs vert bouteille et grande cave sous verrière.
11, rue de Bel-Air, 44000 Nantes.
Tél. : 02 40 08 27 65.
lesbouteilles.fr
DR
Judith et Michael Ravier, dénicheurs de cuvées rares.
Au cœur du vignoble
Auberge de la Madeleine
À quelques lancées de bouchon du vignoble de notre vigneron de l’année 2025 (Jérôme Bretaudeau), se niche cette table d’auteur à la façade safranée et à la déco contemporaine avec, cachée au fond, une sublime terrasse où rosir de plaisir l’été. Aux commandes, Jean-René Pelletier, ancien chef pâtissier passionné de vins, vous régale, pour 23€ en semaine, d’un tartare de veau nantais et anchois, d’un pavé de merlu et fumet crémé à l’oseille et d’un dessert à l’ananas mariné et sorbet passion. Mais si l’on avale la petite trentaine de kilomètres depuis l’est de Nantes, c’est aussi pour la carte des vins dudit Jean-René, ses champagnes d’auteur (Calsac, Sélèque, De Sousa), ses jolis muscadets à prix d’ami (Gorges 2018 de Bregeon à 42€, Le Fief du Breil 2016 de Landron à 45€) et ses solides références ligériennes (Terra Vita Vinum, Courault, Lejeune, Carsin, Guiberteau, Mosse, Blot…). En somme, le meilleur plan au cœur du vignoble nantais.
3, rue de la Navette, 44190 Gétigné.
Tél. : 09 61 62 03 92.
aubergedelamadeleine.fr
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Le chef Jean-René Pelletier a plus d’un tour dans sa cave.
Néo-bistrot léché
Lamaccotte
Dans le quartier historique de la cathédrale, au rez-de-chaussée d’un immeuble en pierre de taille, une salle lumineuse et moderne, décorée par le cabinet d’architectes Les Rapporteuses avec ses banquettes pastel, ses luminaires suspendus et son mur effet terrazzo. Où officie le talentueux Maxime Fillaut, passé par les cuisines du Clarence et de La Mare aux Oiseaux, qui n’hésite pas à marier l’asperge et le raifort, l’artichaut et la royale de langoustines, le porc vendéen grillé et chou pak-choï braisé ou encore le blanc-manger et l’eucalyptus, et ce dans un menu déjeuner à 28€. Côté liquides, du solide : sublime macération cuvée Cirrus d’Éric Chevalier (58€), saumur Les Gruches 2018 de Bobinet (55€), vin de France Ornaté 2019 de Bretaudeau (75€), côte-de-beaune Les Pierres Blanches 2018 de Giboulot (85€), riesling Les Pierrets 2016 de Josmeyer (66€), IGP Alpilles Dolia 2013 d’Hauvette (70€), francs-côte de bordeaux Émilien 2017 du château Le Puy (70€), entre autres pointures ligériennes et d’ailleurs (Morantin, Michon, Fosse-Sèche, Mikulski, Jouves, Arretxea, Barret…).
7, rue Saint-Denis, 44000 Nantes.
Réservations depuis le site : lamaccotte-restaurant-nantes.com
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Le chef Maxime Fillaut (à d.) conjugue cuisine moderne et belle carte des vins.
Un parfait casting de mets et de vins
Bistrot de la Comédie
Après avoir abreuvé les leveurs de coude nantais au sein de leur bar à vins iconique La Comédie des Vins, les adorables Cécile et Émeric Chambon ont investi la place Mellinet en 2022 pour donner vie à ce bistrot vineux avec une salle classique au rez-de-chaussée, une seconde plus cosy à l’étage avec boiseries et miroirs et une terrasse confidentielle. Dans les assiettes, de la belle bistroterie où se conjuguent œufs mayo et mâche nantaise, gaspacho de laitue et fromage de chèvre, suprême de volaille rôtie et mousseline de céleri, ou encore baba au rhum et ganache chocolat. Pour remplir les verres, 400 références triées : grands champagnes (Bourgeois-Diaz, Collin, Courtin), cidres choisis (La Cidrerie du Vulcain, La Ferme du Bout du Chemin), pontes du Muscadet (Bretaudeau, Niger, Bonnet-Huteau, Landron…), pépites d’un peu partout (Les Rouliers 2018 de Richard Leroy à 138€, Les Cormiers 2015 de Sylvain Dittière à 72€, Clos de la Maréchale 2014 de Mugnier à 147€, saint-romain 2018 de Renaud Boyer à 89€, Les Alpes 2017 de Belluard à 63€, Les Varrons 2017 de Labet à 95€, saint-joseph 2018 de Gonon à 109€, Fonsalette 2009 à 199€, Serres-Seques 2020 de Lajibe à 63€) et force beaux flacons sous la barre des 50€ (Myriades 2020 de Mélaric, saumur 2021 du Clos de l’Écotard, Le Clos de Lys 2018 de Chamonard…).
36, boulevard de Launay, place du Général-Mellinet, 44100 Nantes.
Tél. : 02 51 25 08 24.
bistrotdelacomedie.fr
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Un lieu qui sait remettre la bistroterie au goût du jour.
Vie de château et vins choisis
La table du Marquis
Imaginez, à dix minutes en voiture du nord de Nantes, un château construit en 1815 – ancienne propriété d’Albert de Dion – mué en hôtel 5 étoiles (le premier de la région !), dans un parc de 22 hectares de verdure, avec en son sein une table d’auteur tenue par les surdoués Ingrid et Guillaume Decombat (anciens de Sources à Nantes), forte de 1 200 références de vin… Pour 30€ au déjeuner, vous y goûterez des petits pois et ricotta maison, un quasi de veau et pressé de chou vert et la menthe du potager travaillée en différentes textures (crème, glace…). Le soir, la cuisine monte un peu plus dans les tours avec des menus de quatre à sept temps, toujours fleuris des herbes et légumes du potager du château. Côté vins, faites confiance à Anthony Bignon, passé par Apicius à Paris, qui a ficelé une carte fournie et éclectique : pas moins de vingt-quatre vins au verre (Joly, Le Puy, Montus, Yquem… de 9 à 45€), une impressionnante carte de champagnes (Agrapart, Selosse, Bedel, Calsac, Lassaigne…), une muscadothèque 24-carats (Niger 2011, Luneau-Papin 2016, Chéreau 2004, Lieubeau 2014), de belles références ligériennes (Bigottière 2020 de Terra Vita Vinum à 120€, Brézé 2021 de Guiberteau à 95€), des étiquettes luxueuses de toutes les régions (Dauvissat, Leflaive, Perrin, Cuilleron, Magnon, Zusslin, Leccia) et d’ailleurs (Bini, Müller).
6, allée de Maubreuil, 44470 Carquefou.
Tél. : 02 21 70 03 70.
chateaudemaubreuil.com/fr/la-table-du-marquis
DR
Une table d’auteur dirigée par Ingrid et Guillaume Decombat, un duo de chefs de haut vol.
Une vraie claque !
La Mandale
Dans cette salle au doux habillage, mêlant parquet, plantes vertes, tables sombres et boiseries ou sur la terrasse enguirlandée de fanions, les compères Léo Huet et Maximilien Degroise ont récemment laissé la place à Kevin Southichack aux fourneaux et Yann Kernen aux goulots, à la suite de l’ouverture de leur seconde adresse, Kombu, située à deux pas. Lesquels envoient des plats mêlants produits locaux et saveurs asiatiques : seiche au chalumeau, miso au curry vert ; thon cru, pastèque, kimchi et huile de piment ; bœuf fumé, pak-choï et shizo ; pavlova à l’aneth, gingembre confit et kumquat… Et une sélection de vins qui vous met au tapis : La Varenne du Poirier 2022 des Vaillant (44€), La Soif du Mal des Foulards Rouges (34€), La Vinhota 2023 du Domaine Balansa (29€), Ocrement Dit 2020 de Valérie Courrèges (39€), Contemporain 2020 de David Landron (39€).
32, rue Léon-Jamin, 44000 Nantes.
Tél. : 02 28 44 21 34.
lamandalerestaurant.com
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Au milieu des plantes vertes se mêlent produits locaux et saveurs asiatiques.
Grands plats sur les toits de la ville
Freia
Après avoir ouvert Vacarme en plein cœur du quartier Bouffay, Sarah Mainguy a pris de la hauteur en installant son nouveau chez-elle au sixième étage d’un parking silo, décrochant sa première étoile après quelques mois d’ouverture seulement. Là, dans une immense serre en arches de bois prolongée d’un jardin où poussent herbes aromatiques, légumes et graminées, l’ancienne candidate de Top Chef déroule des menus à l’aveugle qui en mettent plein la vue : maquereau et sauce XO aux algues ; asperges, pollen et graines d’aneth ; Saint-Jacques, caviar et huile d’épicéa… À l’image du paysage époustouflant sur la ville offert depuis la terrasse, la carte des vins met la barre très haut : La Source 2021 du domaine champenois Bichery (72€), Gorges 2018 de Vincent Caillé (56€), Mephisto 2020 de Fred Niger (54€), L’Effraie 2021 du domaine de Bellivière (56€), Grand cru Sommerberg E 2013 du domaine Albert Boxler (102€), Les Cèdres 2019 de Ganevat (86€), Quintaine 2022 de Guillemot-Michel (46€), Clos du Roy 2021 de Pataille (86€), Coteaux de Tupin 2016 des Stephan (126€)…
22, boulevard de Berlin, 44000 Nantes.
Tél. : 09 72 10 10 44.
freia-restaurant.com
DR
Un étoilé avec une vue et une cuisine à couper le souffle.
Le cœur en Loire et la soif de variété
La Cave de Lucia
Dans l’hypercentre nantais, non loin des Machines de l’île, Lucia Guicheteau nous en fait boire de toutes les couleurs depuis bientôt dix ans dans sa cave où une vingtaine de whiskies d’auteur sont en accès libre à la tireuse, dont le mirifique écossais Springbank à 99,54€ le litre. Au-delà de cette innovation, la sélection de vins de Loire est pointue (Les Brosses de Lucas Salmon à 16€, Clos des Mailles de Pierre Ménard à 29€, Les Pierres Noires de Jean Maupertuis à 19€), à l’image des étiquettes des autres régions : La Croix du domaine Robert Denogent (44€) en Bourgogne, châteauneuf-du-pape du domaine montant Mayard (55€), Terre d’Ombre de l’Anglore (23€) à Tavel, Cuvée du Chaos de Yann Bertrand (30€) à Fleurie, Avis de Tempête (22€) des Apffel en Savoie, trousseau du domaine des Marnes Blanches dans le Jura (36€), Euzeria du Clos Constantin en Terrasses du Larzac (18€), Rédarès du château Del Ranq (20€) à Pic Saint-Loup, Vaccelli rosé (23€) en Corse ou Été de Paul Gosset en Champagne. À noter, les ateliers dégustations, privatisables à partir de six personnes (45€ par personne) et les soirées plusieurs fois par mois en présence de vignerons de renom (Lejeune, Thillardon, Michon, Brégeon, Valette cette année).
1, boulevard de Launay, 44000 Nantes.
Tél. : 02 51 86 41 98.
lacavedelucia.fr
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Pour Lucia Guicheteau, la curiosité est l’inverse d’un vilain défaut.