Leur volonté demeure intacte. Malgré les mois passés, et « une certaine inertie de la mairie », les restaurateurs bordelais des allées de Tourny entendent toujours être des acteurs de la restructuration de la place, annoncée par Pierre Hurmic à la rentrée 2023. Selon le triptyque de « A » décliné alors par le maire, ces professionnels s’estiment incontournables pour « animer » de cet espace public que la Ville projette également « d’apaiser » et « d’arborer ».

Mais alors que la fin de l’été se profile, leur souhait d’installer dès le printemps dernier des kiosques en regard de leur établissement – selon une idée en cours depuis déjà une quinzaine d’années – n’est toujours pas réalisé. Ce dont se désole Nicolas Cuny, président de RTL4, l’association fédérant les six établissements de la place (1). Pourtant, ils pensaient bénéficier d’un « avis favorable de la mairie ». Mais en cette mi-septembre, « nous n’avons toujours rien signé et on ne se sait rien de ce que seront les conditions d’occupation du domaine public ». Sans garantie, relaie le patron du Noailles, « comment s’organiser pour faire un vrai travail de professionnels pendant la phase test ? » Une période programmée jusqu’en 2027, au cours de laquelle se joueront les élections municipales dont l’issue pourrait rebattre les cartes du réaménagement de la place.

Les restaurateurs n’en démordent pas : « Nous voulons travailler autour de kiosques autonomes et installés de manière pérenne, disposant de cuisine, pour réduire les flux depuis les maisons mères », réaffirme Nicolas Cuny.

Pas de garantie en phase transitoire

Car pour l’heure, les restaurateurs n’ont obtenu des Bâtiments de France et de la mairie que l’autorisation de déployer une terrasse en bordure de place. « Et trop tardivement pour pouvoir se lancer en début de saison », objectent les restaurateurs. Ainsi, seuls deux des six établissements ont procédé à l’extension, dans le courant du mois d’août. Les autres, à l’instar d’Anthony Ladagnous, de la Villa Tourny, s’y refusant « pour des raisons de sécurité pour le personnel ».

Cette alternative est donc loin de répondre à leur attente. Même s’ils y ont investi chacun 12 000 euros d’équipements pour répondre aux préconisations de l’architecte des Bâtiments de France, les membres de RTL4 ont le sentiment « d’avoir été baladés ».

« Depuis le début, nous les accompagnons pour mettre en œuvre ce projet avec les contraintes qui ne dépendent pas de nous », réplique Didier Jeanjean. L’adjoint au maire rappelant que « du point de vue des Bâtiments de France, même les terrasses ce n’était pas gagné, et qu’on s’est battu pour les obtenir ». Alors de là à imaginer que les restaurateurs auraient pu installer une douzaine de préfabriqués, préfigurant les kiosques, « impensable » pour l’élu.

Quant à garantir une occupation pérenne, ce serait contraire au principe de cette phase d’aménagement transitoire répondant au credo municipal de l’urbanisme pragmatique. Où les modifications apportées à l’espace public ne seront homologuées que dans la mesure où elles répondront aux attentes et usages de tous, « les restaurateurs n’ayant pas plus de pouvoirs que les habitants », justifie Didier Jeanjean. Sans oublier que dans ce secteur ultra-patrimonial, les contraintes sont nombreuses, « au-delà de toute vision politique », stipule l’adjoint au maire.

Alors même si les premiers aménagements se dessineront dès le mois prochain, pour ce qui sera de l’été 2026, on en restera à la perspective de terrasses sur le pourtour de l’esplanade. Didier Jeanjean, qui « ne voit pas les allées de Tourny sans terrasses des restaurateurs », invite donc ces derniers à « faire la preuve que ça marche et que c’est génial pour les Bordelais ».

Premiers aménagements dans un mois
D’ici une dizaine de jours, le chantier s’installera sur la place. Suivra, de mi-octobre à mi-décembre, la mise en œuvre des aménagements transitoires en bois, sur une partie des places de stationnement accueillant les plat-plages, assises et bacs. Un bois qui, s’il est de récupération, « répondra aux critères qualitatifs en lien avec le cadre des allées de Tourny », prévoit Didier Jeanjean.
Côté Grands Hommes, une nouvelle signalétique au sol, faite de courbes, augurera d’un espace partagé par tous les modes de déplacement, à l’emprise réduite sur une voie. La couleur de ce « nouveau langage urbain », n’est pas encore arrêtée, le bleu n’ayant pas été retenu par les Bâtiments de France. Côté Quinconces, où la piste cyclable est déjà matérialisée, quelques places de stationnement seront dévolues aux terrasses.

(1) Restaurants Tourny détenteurs d’une licence IV.