PARTIE 1/​3. Candidat à l’élection municipale, Éric Ciotti (UDR soutenu par le RN) a choisi Nice-​Presse pour dévoiler sa feuille de route sur les sujets du quotidien : la sécurité, la circu­lation, le station­nement et l’éco­nomie locale. Premier volet de cette matinée spéciale, où le député du centre-​ville évoque ses propo­si­tions contre la délinquance.

  • 9h30 – « Mon plan contre l’insécurité »
  • 10h30 – « Stationnement, circu­lation… Je veux en finir avec cette dérive à la Anne Hidalgo »
  • 11h30 – « Emplois, inves­tis­se­ments… Nous acterons un parte­nariat sans précédent avec Monaco »

Le Parisien et Valeurs actuelles, se basant sur les chiffres du ministère, classent de loin Nice parmi les grandes villes les plus épargnées par l’insécurité. Ce que vous dites, c’est que vous entendez tout autre chose sur le terrain. Sur quoi vous alerte-t-on ?

L’insécurité est aujourd’hui la principale préoc­cu­pation des Niçois. Je suis un père de famille : je sais que les jeunes ne peuvent plus sortir serei­nement, le soir venu, autour de Jean-​Médecin et du Vieux-​Nice. J’entends cette angoisse qui étreint les parents comme les ados.

Les chiffres qui me sont transmis ne sont pas rassu­rants. Depuis le 1er janvier 2025, on dénombre en ville 50 agres­sions au couteau, 10 commises avec une arme à feu. Et on compte quatre morts, 39 blessés. Fin août, la situation était déjà plus dégradée que celle que nous connais­sions l’an passé. 

Que proposez-​vous ?

La sécurité est largement compromise : je veux rétablir l’ordre, ce sera ma priorité absolue. D’après mes infor­ma­tions, dans une journée, il n’y a pas plus de 40 policiers municipaux réellement sur le terrain. À tout le moins, je doublerai les effectifs, pour arriver à une centaine d’agents quoti­dien­nement mobilisés dans les rues.

Son fonction­nement est désor­ganisé, elle est victime d’inter­fé­rences politiques, certains de ses cadres ont été mis au placard, les chiffres ne me semblent pas fiables… Élu en mars, je comman­derai un audit complet de la police municipale. 

L’équipe de Christian Estrosi a ouvert de nouveaux postes de police pérennes, notamment au Port, et annonce l’installation de guérites pour les sites sensibles. Approuvez-​vous cette logique ?

Non. Déjà, j’apprends que 1000 places seront réservées aux municipaux dans le futur Hôtel des Polices. Cela voudrait dire qu’ils y seront tous positionnés, plutôt que d’être installés dans les diffé­rents quartiers. Par ailleurs, moi, je veux des patrouilles sur le terrain, en proximité, pas des agents occupés à faire l’accueil ici et là.

eric-ciotti-clement-avarguesÉric Ciotti a longuement échangé avec Nice-​Presse sur ses engage­ments de campagne depuis le Port Lympia, ce vendredi 5 septembre © Romain Boisaubert /​ Nice-​Presse

Que faire contre l’insécurité ressentie dans Nice-​Centre (les perpendiculaires de Jean-​Médecin) et dans la vieille-ville ?

Ces quartiers devien­dront des « zones d’inter­ven­tions priori­taires ». Il y aura des consignes passées auprès de la police municipale pour qu’elle soit extrê­mement présente dans ces secteurs clés de notre ville, où les Niçois vivent et travaillent. Nous aurons aussi une coordi­nation bien plus claire avec les services de l’État pour que ces zones urbaines soient réinvesties. Je veux faire de ces quartiers des sanctuaires, parce que je ne tolère plus cette spirale que nous subissons.

Les « commerces de façade », d’une qualité épouvantable et servant de machines pour le blanchiment d’argent sale, pullulent, de plus en plus souvent à la place d’anciennes affaires traditionnelles. Que faire ?

Les harceler. La Ville peut agir, notamment par le contrôle de l’hygiène. À nous d’obtenir de l’État qu’il tape les criminels au porte­feuille. Les avoirs délic­tuels doivent être saisis, et la traque inten­sifiée. J’ai échangé avec le préfet Laurent Hottiaux sur ce point. Là encore, je rappelle la respon­sa­bilité de Christian Estrosi. Il a été un maire macro­niste, complice, donc, du laxisme judiciaire. Ce ne sera pas mon cas !

Les policiers nationaux me disent tous qu’ils manquent d’effectifs et ils ont bien raison. Il faudrait ici une centaine de postes supplé­men­taires. Ceci n’est pas nouveau. Rappelez-​vous les défilés auxquels nous avons assisté ! Monsieur Castaner, monsieur Castex… Ils sont tous venus rouler des mécaniques à Nice, promettre des renforts : bullshit ! (« des conneries », NDLR) Ils ne sont jamais arrivés, ou très insuf­fi­samment. Et les nouveaux ne compensent pas les départs.

En tant que maire, je mobili­serai les biens communaux pour en réserver une part au logement des policiers. Les jeunes agents et ceux qui n’ont pas d’attaches familiales ici ne peuvent souvent pas trouver d’appar­tement. La Ville doit pouvoir agir. Avec moi, ce sera aussi l’une des priorités fixées au bailleur HLM Côte d’Azur Habitat. Une convention sera signée au plus vite avec la Préfecture. Chaque policier mérite de vivre à Nice dans la dignité.

eric-ciotti© Romain Boisaubert /​ Nice-​Presse

Les syndicats policiers alertent sur le fait que Nice serait devenue « un paradis pour les mafias ». En fait-​on assez contre la trafic de drogue ?

Ce qui est certain, c’est que la situation se dégrade, avec des actes violents dans le centre-​ville, et des guerres de terri­toire dans certains quartiers populaires, pour le contrôle des points de deal. En face de cela, nous avons un procureur extrê­mement mobilisé, maître de son sujet, et des services de police judiciaire très perfor­mants, qui ont mis à mal certains réseaux.

Le rôle d’un maire, c’est aussi d’obtenir de nouveaux outils de l’État. La prison de Nice est saturée, le centre de rétention des étrangers, le CRA, aussi. Il faudra se battre pour gagner au plus vite de plus grands équipe­ments, ainsi qu’un autre pour traiter la délin­quance des mineurs, et une cour d’appel. En tant que président de l’UDR, je porte un projet d’alter­nance au niveau national. Reconnu à Paris, le maire que je veux devenir compte bien obtenir tout ceci de très rapidement.

Qu’avez-​vous prévu, dans le centre, concernant d’un côté les personnes dites « marginales » et d’un autre les toxicomanes ?

Je ne compte pas laisser Nice devenir un squat à ciel ouvert. La loi doit être respectée. La ville manque de struc­tures sociales pour les personnes touchées par une grande précarité. Il faudra une présence massive, notamment des associa­tions financées sur fonds publics, pour fortement inciter ces publics à rejoindre les centres. Le maire de Nice préside le conseil de surveillance du CHU. Ce sera son rôle d’obtenir au plus vite l’ouverture d’un nouveau service d’accueil dédié aux toxico­manes. Cela dit, il n’y aura jamais de « salle de shoot » à Nice, contrai­rement à ce que l’on a pu voir dans d’autres villes. Je m’y opposerai fermement !