Publié le
6 sept. 2025 à 9h43
En septembre 2024, Evotec, un groupe allemand spécialisé dans la recherche, le développement et la production pharmaceutique en sous-traitance, ouvrait une nouvelle usine, baptisée J.POD® Toulouse, chargée de fabriquer les biomédicaments du futur, directement depuis son campus Curie, route d’Espagne. Une infrastructure présentée comme « l’usine du futur ».
Une usine inaugurée en 2024
C’est la dernière usine à avoir été ouverte à Toulouse. Cette « usine du futur » est située du côté de l’Oncopole. Un projet à 200 millions d’euros. Quelques mois plus tard, au coeur de l’été 2025, la même société Evotec a lancé un processus de cession de cette usine.
Un accord signé au coeur de l’été 2025
Fin juillet 2025 – c’est passé relativement inaperçu au coeur de l’été – Evotec a, en effet, annoncé la signature d’un « accord non contraignant » avec Sandoz, concernant la vente potentielle de son usine toulousaine. Sandoz est un laboratoire suisse qui se présente comme « le leader mondial et champion européen des médicaments génériques et biosimilaires ». Il était le client unique et partenaire privilégié d’Evotec pour le site de production toulousain.
« Le site est personnalisé et entièrement dédié à Sandoz depuis juillet 2024, et la transaction s’inscrit dans la continuité d’un partenariat déjà fructueux, a expliqué la société Evotec dans un communiqué en date du 30 juillet 2025,.
Elle poursuivait à l’époque :
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La clôture de la transaction prévue reste soumise à l’achèvement des processus d’information et de consultation pertinents avec les employés et leurs représentants, aux accords contractuels définitifs et au respect des exigences réglementaires, attendus au quatrième trimestre. Les modalités de l’accord seront divulguées après la signature des contrats
La société Evotec
Prix d’achat du site : 300 millions de dollars
Evotec précisait tout de même les choses :
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« Selon les termes de la transaction, Sandoz deviendrait propriétaire à 100 % du site […] Les termes de l’accord prévoient un prix d’achat du site d’environ 300 millions de dollars US en numéraire, ainsi que des contreparties technologiques supplémentaires, des revenus futurs liés au développement, des objectifs d’étape et des redevances sur les produits ».
Quel avenir pour le site ?
Un mois plus tard, le processus suit son cours. Il ne dit rien de l’avenir du site. Se développera-t-il comme initialement prévu suite au rachat ? Est-ce un coup d’arrêt pour le projet, ou, au contraire une bonne opportunité de poursuivre le développement avec une entreprise mieux positionnée ? Actuellement, 80 personnes travailleraient sur place. Il était évoqué une montée en charge jusqu’à 150 salariés au moment de l’inauguration du site. Sandoz suivra-t-il ce tableau de marche ?
« Un scandale » dénonce Archipel Citoyen
En attendant d’en savoir plus sur les conditions définitives de reprise du site toulousain, le mouvement politique et citoyen Archipel Citoyen dénonce, ce mardi 2 septembre 2025, « un scandale ».
Selon lui, « la vente de l’usine Evotec, c’est l’histoire, chronométrée et chiffrée, d’une entreprise européenne qui a utilisé nos impôts pour construire un joyau industriel avant de le revendre au premier venu pour renflouer ses caisses. Pour nous, Archipel Citoyen, cette transaction est la démonstration d’un système où l’argent public subventionne la plus-value privée, sans aucun contrôle ni retour pour la collectivité ».
Archipel Citoyen poursuit :
« En à peine deux ans, un actif industriel de pointe, d’une valeur de 150 millions d’euros, était donc sorti de terre sur notre territoire. Une rapidité et une ambition rendues possibles par un soutien public massif et la promesse de 200 emplois. À ce jour, seulement 80 personnes ont été recrutées. Au total, ce sont donc près de 51 millions d’euros de subventions et d’aides directes, sans compter les prêts garantis par la puissance publique, qui ont été injectés dans ce projet. Nous, citoyenNEs, avons financé la construction, l’innovation et l’outil de production. Avec cette vente, ce sont donc 23,8 millions € de subventions qui s’envolent ».
Archipel Citoyen décrit un « mécanisme est d’une simplicité redoutable » :
« L’État et les collectivités identifient un besoin stratégique et décident de le soutenir massivement pour attirer l’allemand Evotec. L’argent public finance plus d’un tiers du coût de construction, effaçant ainsi le risque pour l’entreprise. L’usine ultramoderne sort de terre grâce à nos impôts. L’entreprise rencontre des difficultés financières qui n’ont rien à voir avec le site de Toulouse (pour faire face à ces difficultés Evotec avait annoncé, en 2024, un plan de suppression de postes, dont 64 se trouvaient au siège de Toulouse, NDLR). Pour se « refaire une santé », elle décide de vendre son actif le plus récent et le plus attractif : celui que nous venons de financer ».
Archipel Citoyen en tire une conclusion :
La vente à Sandoz est une pure opération de plus-value. Comme l’indique le communiqué de presse officiel d’Evotec du 30 juillet 2025, le prix de vente est d’environ 300 millions de dollars, soit près de 258 millions d’euros. Evotec vend un outil qui a coûté 150 M€ (dont 51 M€ d’argent public) pour 258 M€, empochant une plus-value colossale sur un actif que nous avons financé. C’est le schéma parfait de la socialisation des risques et de la privatisation des profits. Le contribuable paie pour construire, l’entreprise privée encaisse la plus-value à la revente. Nous sommes les investisseurs sans voix au chapitre et sans part du bénéfice
Archipel Citoyen
Des propositions
Archipel estime que désormais « toute subvention à un projet industriel stratégique soit désormais conditionnée par une entrée de la puissance publique (État, Région) dans les organes de décisions, que des clauses de remboursement automatique et majoré doivent être incluses en cas de cession de l’actif subventionné et que des garanties contraignantes sur l’emploi et le maintien de l’activité sur le territoire, doivent être inscrites dans des pactes d’actionnaires ».
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