Hi there, bonjour, et merci d’être déjà si nombreux au rendez-vous. Chaque samedi, je vous proposerai une sélection d’articles produits par les journalistes de nos rédactions de Paris, Bruxelles, Londres, Berlin et Washington bien sûr.
Au menu cette semaine, entre autres : les derniers déboires de Donald Trump, les frayeurs d’Ursula von der Leyen et un incroyable projet pour arrêter les armées de Vladimir Poutine. Bonne lecture.
MAUVAISE SEMAINE POUR TRUMP
SEE YOU IN COURT. Depuis une semaine, Donald Trump enchaîne les revers judiciaires. D’abord avec la décision d’une Cour d’appel fédérale qui a jugé que le président avait outrepassé ses pouvoirs en imposant des droits de douane présentés comme “réciproques” à de nombreux pays, dont ceux de l’Union européenne. L’affaire est renvoyée devant la Cour Suprême, à qui le président a demandé jeudi “d’aller vite”. Mais elle pourrait coûter des dizaines de milliards de dollars à l’Etat fédéral.
Les milieux d’affaires s’inquiètent d’ailleurs de la réaction de Trump après cette claque et font pression sur l’administration pour qu’elle stabilise une politique commerciale chaotique, rapportent nos collègues à Washington et New York. Signalons au passage que, pour le moment, la stratégie de relocalisation de Trump est en échec : les entreprises américaines préfèrent rester en Chine plutôt que de rapatrier leur production aux Etats-Unis. Tout ça pour ça !
Mais ce n’est pas tout : une Cour d’appel fédérale a ordonné la réintégration d’une commissaire de la Federal Trade Commission (FTC), la puissante autorité de la concurrence, qui avait été nommée par Joe Biden puis licenciée par la Maison-Blanche. Une autre a jugé illégale l’expulsion d’immigrés vénézuéliens sur le fondement d’une loi de 1798 applicable seulement en temps de guerre. Enfin, un juge fédéral a déclaré, dans une décision de 52 pages, que le président a violé la loi en envoyant des militaires pour des opérations de maintien de l’ordre à Los Angeles.
OMG. Plus inattendu, Trump rencontre aussi une résistance venue de la National Association of Evangelicals, puissant lobby qui avait soutenu son élection. Les chrétiens évangéliques s’élèvent contre les coupes budgétaires dans les aides aux pays pauvres.
Retour aux sources. Tant de contrariétés expliquent peut-être pourquoi le président veut rebaptiser le Pentagone “Department of War” comme avant la Deuxième guerre mondiale. Nos correspondants à la Maison-Blanche racontent les dessous de cette décision qui requiert en principe l’aval du Congrès, ce qui n’est pas gagné.
L’EUROPE SOUS PRESSION
QUAND ÇA VEUT PAS… Le ton monte aussi en Europe contre l’accord sur les droits de douane passé par la Commission et critiqué de toute part. Au Parlement européen, les Socialistes (le deuxième groupe) « s’y opposent fermement », ce qui complique singulièrement la tâche de la présidente Ursula von der Leyen. Pierre dans le jardin de cette dernière, le président du Conseil, António Costa, a lâché l’air de rien que si Bruxelles avait accepté ce deal commercial controversé, c’est parce que « sa frontière à l’est est à risque ». Bref, «VDL » aurait sacrifié le commerce sur le front ukrainien.
Hard landing. En attendant, vous n’avez pas pu y échapper, c’est la présidente elle-même qui a eu chaud lorsque le signal GPS de son avion a été brouillé peu avant l’atterrissage en Bulgarie, où elle se rendait pour visiter une usine du fabricant d’armes VMZ Sopot. La Russie est fortement soupçonnée d’être à l’origine de cet acte de malveillance qui aurait pu tourner au drame. Mes collègues experts en cybersécurité font le point sur ce que l’on sait et sur les lourds soupçons pesant sur Moscou.
GUERRES DU FUTUR. A propos de menaces, il faut lire l’entretien passionnant accordé par le général Thierry Burkhard à notre correspondante défense Laura Kayali juste avant qu’il quitte ses fonctions de Chef d’état-major des Armées (CEMA). De quoi faire cogiter, alors que la crise politique française risque de retarder l’effort de réarmement décidé par Emmanuel Macron. Le plus haut gradé français dessine le monde «post-Amérique», décrit avec précision la menace russe et expose la stratégie que devrait suivre l’Europe pour y répondre. Il n’y a plus qu’à…
Il faudra notamment des drones, beaucoup. Le fabricant allemand Quantum Systems l’a bien compris. Il a investi dans plusieurs sites de production en Ukraine où notre correspondante raconte comment ses appareils sont perfectionnés en temps réel à l’épreuve du feu.
CONCURRENCE
GOOGLE GAGNE ET PERD. L’empire de Sundar Pichai qui vaut plus de 2 000 milliards de dollars en Bourse, n’a pas savouré longtemps sa victoire. Aux Etats-Unis, il a échappé à un démantèlement qui l’aurait forcé à céder son navigateur Chrome, entre autres, et aurait remis en cause son accord avec l’autre empire de la tech, Apple, à qui il verse 20 milliards de dollars par an pour se ménager une place de choix dans l’écosystème de la firme à la pomme.
Good cop, bad cop. Et le géant américain avait bon espoir d’échapper également aux sanctions américaines puisque le commissaire européen au Commerce Maroš Šefčovič est intervenu, contre l’avis de sa collègue à la Concurrence, pour que Bruxelles renonce à frapper Google d’une pénalité pour concurrence déloyale, inquiet des conséquences que cela aurait dans les discussions sur les droits de douane… Las! Bruxelles lui a infligé vendredi une amende géante de 2,95 milliards d’euros (abonnés) tandis que la CNIL française le sanctionnait de 325 millions d’euros pour sa politique de cookies.
Rome vs. Bruxelles. S’agissant de concurrence, Bruxelles varie. La prestigieuse banque d’affaires italienne Mediobanca va le payer cher. Cible d’une tentative de prise de contrôle par Monte dei Paschi di Siena avec la bénédiction du gouvernement Meloni, la banque a déployé des efforts de lobbying intenses auprès de la Commission pour échapper à ce rachat, synonyme de concentration donc de moindre concurrence. En vain. Nous vous racontons les dessous de cette lutte de pouvoir au sein du capitalisme italien.
À propos de costards… Tiens, que pensait Giorgio Armani de Giorgia Meloni ? Mort jeudi à l’âge de 91 ans, l’icône de la mode italienne aimait Draghi comme « un père », admirait Berlusconi pour « son flair » et, joignant le geste à la parole, disait de Meloni : « elle a des… » Rideau.
AVANT DE SE QUITTER
— Le FMI, vraiment ? La situation budgétaire française amène certains à se demander si le Fonds monétaire international ne va pas finir par prendre les commandes un jour à Paris. Lisez donc ce papier de mes collègues de Financial services à Bruxelles, et partez en weekend tranquilles : ce scénario est improbable à ce stade, mais le seul fait de l’évoquer témoigne de la fébrilité des prêteurs.
— Travail de sape. La situation politique fait dire au nouvel ambassadeur de Chine à Paris, dans un entretien à POLITICO, que « la France a perdu confiance en l’avenir » (abonnés). Bien le contraire de l’empire du Milieu, dont la démonstration de force militaire cette semaine a inquiété les capitales occidentales, au point que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué à Paris des sanctions contre les alliés de la Russie dont la Chine.
— Une politique anti-drogue polémique en Ecosse. L’expérience, une première, fait hurler l’extrême droite britannique mais mérite d’être scrutée : à Glasgow, le NHS, la Sécurité sociale britannique, a créé une clinique où sont pratiquées des injections de drogue. Le projet fait polémique mais ses promoteurs sont en train de démontrer qu’il permet déjà de sauver des vies dans un pays où se concentrent 40% des décès dus à la drogue dans toute l’Europe.
— L’arme ultime contre Poutine ? Pour arrêter les chars russes, l’Ukraine, en 2022, avait inondé d’anciennes zones marécageuses qui avaient été asséchées pour l’agriculture. La Finlande et la Pologne songent désormais à faire la même chose. Nous racontons ce projet titanesque consistant à reconstituer d’anciennes tourbières qui pourraient stopper les troupes russes comme jadis les légions romaines.
Un grand merci à: Pauline de Saint Remy et Marion Solletty pour la relecture, et à Giulia Poloni pour la mise en ligne.
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