La présidente de l’Université de Strasbourg maintient les droits d’inscriptions augmentés pour les étudiants non-européens lors de l’année scolaire 2025-2026. Un choix qui précipite de nombreux étudiants étrangers dans une grande précarité lors de leur séjour à Strasbourg.
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Line Baudriller
Publié le 5 septembre 2025 ·
Imprimé le 6 septembre 2025 à 16h07 ·
Modifié le 6 septembre 2025 ·
2 minutes
350, c’est le nombre d’étudiants extracommunautaires, c’est à dire venus de pays situés hors de l’Union européenne, présents à Strasbourg et qui doivent s’affranchir de droits différenciés pour étudier à l’université. Ces frais d’inscription sont bien supérieurs à ceux des étudiants français et européens.
Instaurée par le gouvernement d’Édouard Philippe en 2019, la bien-nommée « stratégie d’attractivité » Bienvenue en France impose aux étudiants extracommunautaires de payer 3 941 euros pour s’inscrire en master à l’Université de Strasbourg quand les étudiants français et européens ne paient que 254 euros, grâce aux aides de l’État.
Lors d’une conférence de presse mercredi 3 septembre, Frédérique Berrod, qui fait sa première rentrée en tant que présidente de l’Université de Strasbourg, a annoncé que le nombre d’étudiants extracommunautaires aidés pourrait baisser :
« Nous avons dépassé en 2023 le plafond d’étudiants étrangers exonérés, qui est de 10% des étudiants inscrits (soit environ 6 000 étudiants, NDLR). En outre, la Cour des comptes recommande de diminuer le nombre d’exonérations accordées et de les réserver à un public ciblé. »
Des étudiants en détresse financière
Ce système place les étudiants étrangers les moins fortunés en grande précarité comme l’ont dénoncé des syndicats étudiants en décembre 2024. Le syndicat Alternative étudiante avait notamment relayé ce témoignage :
« Je ne bénéficie pas de la CAF et je ne peux pas trouver un job étudiant, vu que mon visa indique un court séjour. J’essaie de minimiser mes dépenses le plus possible même, en réduisant la qualité de la nourriture et les loisirs. »
En 2024, France 3 Grand Est avait donné la parole à Boris Diallo Ibrahima, étudiant guinéen :
« Sur mon avis d’imposition, il y a marqué que je n’ai gagné que 6 000 et quelques euros, donc comment tu peux demander à un étudiant qui a gagné 6 000 euros de payer 4 000 euros ? Comment il va vivre ? Il y a le loyer, le transport, la nourriture et d’autres choses… »
Une gestion contestée
Mathieu Schneider, membre du conseil d’administration de l’Université de Strasbourg et ancien candidat à la présidence, regrette « la gestion chaotique et inégale » du système des droits différenciés par la présidence de l’Université de Strasbourg. « Les étudiants n’étaient pas au courant de l’existence de ces frais avant leur inscription », rappelle-t-il après avoir tenté de combattre cette décision au sein du conseil d’administration. Pour ce professeur de musicologie, « même si la loi s’impose à nous, l’Université peut mettre en place des mesures compensatoires ».