Selon le rapport annuel de la Fédération des Associations et Corporations Étudiantes des Alpes-Maritimes (FACE06), la rentrée 2025 coûtera en moyenne 3.901 euros à un étudiant non boursier, puis 1.719 euros chaque mois pour vivre. Entre loyers élevés, alimentation en hausse et frais administratifs incompressibles, la précarité étudiante s’installe durablement dans le paysage universitaire azuréen.


Depuis plusieurs années, le constat est sans appel : le coût de la vie étudiante augmente plus vite que les revenus disponibles. L’inflation généralisée, qu’il s’agisse de l’alimentation, de l’énergie ou des abonnements numériques, la hausse continue des loyers dans les grandes villes et la stagnation des aides sociales creusent un fossé inquiétant.

La FACE06, qui publie chaque année une étude détaillée sur le « coût de la rentrée », dresse un bilan particulièrement préoccupant pour 2025. En prenant pour référence un étudiant non boursier, sans soutien familial et vivant seul, elle chiffre le coût d’installation initial à 3.901 euros, auxquels s’ajoute un budget mensuel moyen de 1.719 euros. « La crise économique actuelle frappe de plein fouet les étudiants, qui sont déjà parmi les populations les plus fragiles », souligne l’association.

 

Frais d’inscription : une hausse constante

Côté scolarité, la hausse est modeste mais constante. Les droits nationaux passent à 178 euros pour une Licence, 254 euros pour un Master, 397 euros pour un Doctorat et 628 euros pour un diplôme d’ingénieur. La CVEC, la contribution à la vie étudiante et de campus, s’élève cette année à 105 euros, contre 100 euros l’an dernier.

Mais le contraste est encore plus flagrant lorsqu’on observe la situation des étudiants extra-communautaires. Pour eux, la facture atteint 2.895 euros en Licence et 3.941 euros en Master. Ces montants, sans possibilité d’exonération pour les nouveaux arrivants, deviennent un véritable obstacle financier et accentuent la précarité de ceux venus de l’étranger pour étudier à Nice.

Le logement : l’ogre du budget étudiant

À Nice, deuxième ville la plus chère de France pour les étudiants derrière Paris, se loger demeure un défi de taille. Le loyer moyen d’un studio de moins de 25m² atteint 604 euros, tandis qu’un deux-pièces de moins de 30m² se négocie à 720 euros. À ce loyer viennent s’ajouter un dépôt de garantie équivalent à un mois de loyer, des frais d’agence encadrés mais qui peuvent grimper jusqu’à 390 euros, ainsi qu’une assurance logement estimée en moyenne à 89 euros par an.

Résultat, plus de la moitié du budget mensuel d’un étudiant niçois est absorbée par son logement, une situation qui pousse certains à s’éloigner du centre-ville ou à accepter des colocations parfois précaires.

Un panier alimentaire qui pèse lourd

Si le repas à un euro dans les restaurants universitaires du Crous reste une bouée de sauvetage pour les étudiants boursiers, l’alimentation représente un poids croissant pour l’ensemble des jeunes. En 2025, le panier alimentaire mensuel simulé par la FACE06 s’élève à 189,07 euros, en hausse de 6% sur un an. Ce budget couvre les repas du soir, les week-ends et les petits-déjeuners.

À ces dépenses s’ajoutent environ 20,71 euros pour les produits d’entretien et 12,28 euros pour les produits d’hygiène. La FACE06 souligne aussi l’augmentation marquée des frais liés aux menstruations, évalués en moyenne à 12,23 euros par mois, soit une hausse de près de 29%. Pour beaucoup d’étudiants, se nourrir et maintenir une hygiène de base devient un calcul d’équilibriste, ce qui explique le recours croissant aux épiceries solidaires.

Des fournitures coûteuses

La rentrée universitaire implique également des dépenses pédagogiques importantes. Le panier de fournitures de base atteint 149,92 euros, en hausse de 4% par rapport à l’an dernier. À cela s’ajoute l’achat d’un ordinateur portable, devenu incontournable pour suivre les cours et accéder aux ressources pédagogiques en ligne, estimé à 300 euros. Le coût total de l’équipement de rentrée grimpe donc à 449,92 euros, soit une hausse de près de 12%. Ces frais, concentrés au mois de septembre, pèsent particulièrement sur les étudiants sans soutien familial.

 

Des frais annexes incontournables

Les dépenses dites « secondaires » connaissent elles aussi une progression. Le coût moyen d’un forfait téléphonique s’élève à 44,96 euros par mois, en augmentation de 5%. Les loisirs, incluant sorties, cinéma, musique et streaming, atteignent 62,03 euros mensuels, soit une hausse de 22% en un an. Si l’abonnement annuel aux transports en commun Ligne d’Azur reste stable à 192 euros, ces frais annexes deviennent difficiles à absorber et sont souvent les premiers sacrifiés. Pourtant, ils représentent des éléments essentiels d’une vie sociale et culturelle équilibrée.

 



 

La FACE06 en première ligne face à la précarité

De plus en plus d’étudiants sont ainsi obligés de travailler à temps partiel pour financer leurs études, avec des conséquences directes sur leur réussite universitaire. La rentrée 2025 confirme donc une tendance préoccupante : à Nice, la vie étudiante coûte de plus en plus cher, et l’université devient presque un luxe réservé à ceux qui en ont les moyens.

Face à ce constat, la FACE06 renforce son rôle de bouclier social. Depuis treize ans, elle développe des initiatives solidaires pour accompagner les étudiants dans leur quotidien. Les épiceries AGORAé, où les prix sont réduits de 85%, se multiplient et seront bientôt complétées par un camion itinérant, l’AGORAé Truck, afin de toucher les campus éloignés. Le programme Apparté propose des logements sociaux étudiants à un tarif solidaire de 7 euros le m², bien en dessous du marché local.

L’association a également inauguré un restaurant solidaire étudiant, une première en France, qui distribue gratuitement deux soirs par semaine des repas complets et équilibrés. Elle édite aussi chaque année le Guide des Aides Sociales de l’Étudiant Azuréen (GASEA), véritable boussole dans le labyrinthe administratif des aides disponibles. Enfin, elle organise des événements culturels et professionnels, comme les Nuits du Cinéma, le Facetival ou le Salon Propulse, afin de démocratiser l’accès à la culture et faciliter l’insertion professionnelle.