Son nouveau livre, Power and the Palace: The Inside Story of the Monarchy and 10 Downing Street, fait déjà les gros titres. Il promet un accès rare, des coulisses dramatiques et des révélations candides sur les relations complexes entre la famille royale et l’élite politique britannique.
Ce texte est une traduction d‘un article de CTV News.
Des murmures de mécontentement royal à la suite du Brexit aux tensions tacites entre devoir public et ambition privée, le reportage de Valentine Low apporte des éclaircissements sur les enjeux. Que vous soyez un passionné de constitution, un observateur de la famille royale ou simplement curieux de savoir comment le pouvoir est réellement exercé dans la Grande-Bretagne moderne, voici tout ce que vous devez savoir.
Camilla, adolescente, se défend
Low enquête sur certaines expériences déterminantes qui ont façonné des membres clés de la famille royale, mais celle qui se démarque et fait des vagues est un récit captivant impliquant la reine Camilla.
Selon le livre, pendant son adolescence, Camilla s’est courageusement défendue contre un agresseur dans un train, utilisant sa chaussure comme arme avant d’alerter les autorités.
Comme le raconte l’auteur dans une entrevue accordée à la BBC, Camilla a dit: «J’ai fait ce que ma mère m’avait dit, j’ai enlevé ma chaussure et je l’ai frappé dans les parties avec le talon.»
Valenine Low écrit que Camilla a ensuite alerté un homme en uniforme dès que le train est arrivé à la gare de Paddington à Londres, lui disant «cet homme vient de m’agresser», après quoi son agresseur a été arrêté.
L’auteur suggère que cet incident explique en partie la profonde empathie de Camilla pour les victimes de violences sexuelles, une cause qu’elle a toujours soutenue. Cela illustre comment, sous l’apparence raffinée de la royauté, se cache une richesse d’expériences personnelles, parfois traumatisantes, qui continuent de façonner la monarchie moderne.
L’influence du prince William
L’une des révélations les plus frappantes du livre concerne le prince William, qui semble avoir exercé une certaine influence royale lors du référendum sur l’indépendance de l’Écosse en 2014. Valentine Low révèle que le duc de Cambridge de l’époque a encouragé la reine Elisabeth II à faire une déclaration publique à un moment crucial, inquiet pour l’avenir du Royaume-Uni.
La remarque apparemment anodine de la reine à un sympathisant à la sortie de l’église, conseillant aux Écossais de «réfléchir très attentivement à l’avenir», a été largement considérée comme une intervention royale, et Low indique que c’était intentionnel. Pour une institution qui veille jalousement à sa neutralité politique, cela était remarquable. Cela soulève également une question très pertinente : dans quelle mesure la famille royale est-elle réellement détachée de la politique?
Ce que la reine Elisabeth pensait de l’UE
Le livre dévoile également les réflexions personnelles de la défunte reine sur l’Europe. Alors qu’elle a gardé le silence en public pendant la période turbulente du Brexit, Valentine Low révèle que la reine a un jour confié à ses conseillers sa conviction qu’il valait mieux «rester avec le diable que l’on connaît» en ce qui concerne l’adhésion à l’UE.
Par ailleurs, elle aurait également exprimé sa frustration face à la bureaucratie de Bruxelles, la capitale symbolique de l’Union européenne, qualifiant certaines réglementations de «ridicules». Ces informations révèlent que même les monarques attachés à la neutralité ont des opinions personnelles, mais qu’ils comprennent simplement les conséquences de les exprimer.
Ce que pensait la reine Elisabeth des premiers ministres
Nous avons également droit à ce que Valentine Low qualifie de réflexions privées de la reine Elisabeth II sur ses premiers ministres au cours de son règne de 70 ans. Les réunions hebdomadaires de la reine avec 15 premiers ministres au cours de son règne en disent long sur ce qu’elle appréciait et sur qui elle était vraiment.
Selon le livre, Winston Churchill était sans aucun doute le premier ministre le plus apprécié de la reine. Lorsqu’il a démissionné en 1955, elle lui a envoyé une lettre manuscrite personnelle dans laquelle elle lui disait qu’aucun futur premier ministre «ne pourra jamais remplacer mon premier premier ministre».
Harold Wilson, qui a exercé deux mandats dans les années 1960 et 1970, s’est avéré être l’un des favoris surprenants de la reine, malgré leurs origines différentes. Leurs réunions hebdomadaires duraient plus de deux heures, et Valentine Low décrit la reine comme appréciant la nature franche et authentique de Wilson.
John Major, quant à lui, figurait parmi les trois favoris de la reine, car ils s’étaient entraidés dans les moments difficiles : son annus horribilis de 1992 coïncidait avec les batailles politiques que menait Major.
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Le premier ministre John Major
Le livre de Valentine Low révèle également quelque chose de remarquable au sujet des mariages royaux et des personnalités politiques qui interviennent pour aider à résoudre les problèmes conjugaux. L’un des récits nous ramène en 1992, lorsque le premier ministre Major est devenu le conseiller de confiance de la princesse Diana alors que son mariage avec le prince Charles était en train de s’effondrer.
Bien qu’il n’ait pas essayé de sauver le mariage, il aurait œuvré pour permettre une séparation pacifique. Son objectif principal était pratique: il voulait protéger la monarchie de tout préjudice que pourrait causer un divorce conflictuel. Diana s’entendait bien avec Major, l’appelant même «l’honorable John» et le considérant comme quelqu’un qui pouvait lui donner des conseils avisés pendant cette période difficile.
Le secrétaire particulier de Major aurait déclaré qu’il faisait preuve d’une réelle compréhension et savait voir la situation du point de vue de chacun. Lorsque le livre explosif d’Andrew Morton est sorti, Major a annoncé la séparation des Wales à la Chambre des communes. Il a déclaré au Parlement que Diana pourrait encore devenir reine un jour, une prédiction qui s’est finalement révélée fausse.
Mais les lettres de Diana au premier ministre montrent qu’elle appréciait son aide, selon le biographe de Major, Anthony Seldon. Major est resté en contact avec Diana jusqu’à sa mort. Après son décès, il est devenu le tuteur spécial des princes William et Harry.
Le tempérament du roi Charles
En examinant le roi Charles III, Low dresse le portrait complexe d’un monarque qui incarne à la fois le dévouement et la complexité. La réputation du roi pour ses longues heures de travail, son souci méticuleux du détail et son fervent engagement en faveur de causes allant de la protection de l’environnement à la préservation architecturale sont bien documentés.
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Cependant, Valentine Low révèle également un souverain qui peut être colérique, parfois frustré et fortement dépendant d’un groupe restreint de conseillers dont les rivalités internes influencent souvent la dynamique du palais. Pour un monarque qui a passé toute sa vie à se préparer à la couronne, maîtriser l’équilibre délicat entre l’affirmation de son autorité et le maintien d’une finesse diplomatique reste un défi permanent.
Les finances royales
Le récit passe ensuite à l’exploration du paysage financier de la monarchie, peut-être le sujet le plus délicat de tous. Low analyse la manière dont l’institution royale a géré ses relations fiscales avec les gouvernements successifs, des négociations fiscales complexes à l’obtention de la subvention souveraine cruciale qui permet le fonctionnement de la royauté.
Si ces subtilités financières peuvent sembler banales, elles sont fondamentales pour la continuité de la monarchie : la pérennité de l’institution repose non seulement sur le soutien du public, mais aussi sur des accords financiers soigneusement négociés dans les couloirs de Whitehall.
Ce qui rend Power and the Palace particulièrement fascinant, c’est sa perspective nouvelle sur la monarchie en tant qu’entité politique, non pas en termes de politique partisane, mais en tant qu’institution dont la longévité dépend de sa capacité à évoluer en permanence parallèlement aux transformations politiques.
À une époque où les sentiments républicains couvent sous la surface et où la confiance dans les institutions devient de plus en plus fragile, Low démontre que la persistance de la Couronne n’est ni garantie ni facile.
Pour ceux qui cherchent à comprendre la pertinence contemporaine de la monarchie, ce livre offre une vision complète. Il présente une reine qui a subtilement guidé l’Union à travers des périodes précaires, un roi qui continue de forger son identité royale et une famille inévitablement empêtrée dans la politique malgré ses efforts pour garder ses distances.
De plus, il suggère que le plus grand atout de la monarchie ne réside peut-être pas dans sa neutralité politique, mais plutôt dans sa capacité d’adaptation politique, c’est-à-dire sa capacité à savoir précisément jusqu’où s’assouplir sans compromettre son intégrité fondamentale.
Le dernier ouvrage de Low s’éloigne à la fois du sensationnalisme et de la vénération aveugle. Il offre au contraire quelque chose de plus précieux : une analyse perspicace de la manière dont l’institution la plus durable de Grande-Bretagne gère le pouvoir, accueille le changement et résiste aux tempêtes politiques.
Ce faisant, il souligne que la Couronne n’est pas seulement symbolique : elle reste, que cela nous plaise ou non, une composante intégrante de l’appareil étatique.