Montpellier a lancé la saison des salons d’automne où le public se presse pour voir camping-cars, vans ou fourgons aménagés. Le secteur a le vent en poupe. Au point qu’il faille aujourd’hui repenser l’accueil de ces touristes nomades plus nombreux.

Depuis ce jeudi 4 septembre, des centaines de personnes poussent les portes du parc des expositions de Montpellier pour admirer les nouveautés ou flairer les bonnes occasions du salon du camping-car, van et fourgon aménagé*. »Le rendez-vous est chaque année très attendu, car c’est le premier de la saison dans le grand sud, ce qui permet donc de voir en exclusivité les derniers modèles, dont certains ont été tout juste dévoilés au salon de Düsseldorf », sourit Andréa Raynaud, chef de projet chez TPL, société organisatrice avec Libertium d’une série de salons en région. Elle s’arrête notamment devant les camping-cars “premium”, vendus le reste de l’année dans la concession TPL de Villeneuve-lès-Béziers, « la seule en France à proposer uniquement des véhicules très haut de gamme. Certains sont de magnifiques appartements sur roues ».

Si le prix à six chiffres, au-delà de 200 000 € pour certains de ces modèles, ne peut qu’inviter au rêve pour la plupart des visiteurs, de nombreux autres véhicules sont plus abordables. »En moyenne, il faut compter 80 000 € pour un camping-car neuf et 60 000 € pour un van. Mais l’avantage de ce rendez-vous, c’est qu’il y a des offres spéciales qui peuvent faire baisser le prix ». Sur le salon, qui présente plus de 250 engins, on trouve aussi de l’occasion, « avec une gamme de tarifs forcément plus large ». Certains des quelque 5 000 visiteurs y trouvent leur bonheur. Chaque année, plus d’une centaine de ventes sont conclues sur place.

Dix-sept concessions

C’est la traduction d’un secteur toujours dynamique. »Fin 2024, la France comptait 610 000 véhicules de loisirs immatriculés en circulation, contre 425 000 en 2018, soit une augmentation notable », intervient Fabienne Yobé, directrice de la fédération française des campeurs, caravaniers et camping-caristes (FFCC). « On est à + 8 % sur la seule dernière année », soit 27 000 camping-cars, vans ou fourgons aménagés. Quelque 67 000 véhicules d’occasion ont aussi été immatriculés.

« Depuis le Covid, le marché est porteur », reprend Andréa Raynaud. »Cette période a fait raisonner le besoin de liberté, ce que les véhicules de loisirs offrent allégrement. Liberté de partir quand on veut, où on veut. Parfois juste un week-end même dans sa région. Nous avons aussi un public de sportifs qui monte. Un camping-car ou un van, c’est pratique pour partir sur un trail ou un sport d’escalade ou de surf ».

Le salon de Montpellier est chaque année très attendu.

Le salon de Montpellier est chaque année très attendu.
Midi Libre – MICHAEL ESDOURRUBAILH

Le groupe régional TPL, fondé à Narbonne en 1997, par Yannick et Bruno Masse, surfe aussi, mais sur la vague du succès. Il s’est encore développé en 2024, avec l’ouverture d’une nouvelle concession à Saint-Jean-de-Védas et l’acquisition de cinq autres points de vente dans le grand sud, ce qui porte son réseau à 17 concessions, dont 7 proposent aussi la location. « Souvent, cela permet aux clients de tester un week-end et de revenir ensuite ». TPL revendique ainsi « plus de 20 000 camping-caristes fidèles » depuis sa création et une place parmi les leaders sur le marché.

148 383 nuitées, cet été, en Occitanie

Si l’Occitanie figure parmi les régions qui comptent le plus d’immatriculations de véhicules neufs (2 495 en 2023), elle est évidemment aussi l’une des plus plébiscitées par les camping-caristes extérieurs. Selon le réseau Camping-car Park, leader européen d’aires d’étape pour véhicules de loisirs, ses 103 sites occitans – « bientôt 115 »- ont enregistré 148 383 nuitées cet été, ce qui place la région au 2e rang derrière la Nouvelle-Aquitaine. En 2024, ce sont 110 000 camping-cars différents, dont 38 % venus de l’étranger, qui sont passés au moins une nuit. « Avec, dans le Top 10 et dans l’ordre, les aires du Grau-du-Roi, Portiragnes, Mèze, Le Pont du Gard, Millau, Port-la-Nouvelle, Lamalou-les-Bains, Elne, et enfin Homs et Castelnaudary le long du Canal du Midi », détaille Laurence Cavaillé, responsable du développement dans le Sud pour l’entreprise. Elle complète : « Certaines de ces aires sont même plébiscitées toute l’année, à l’image de celle du Grau-du-Roi qui affiche l’un des plus forts taux de remplissages au niveau national : 98 % ».

Il faut dire qu’il est de plus en plus compliqué de garer son camping-car ou van en toute liberté. Sur le parking de la mythique plage de l’Espiguette par exemple, si les camping-cars peuvent stationner à la journée, moyennant la somme de 15 €, il est « interdit d’installer tables, chaises et autres mobiliers » et il faut partir à 18 h 45, comme tous les autres véhicules.

« Pour les communes les plus touristiques, nous confier la gestion d’une aire d’accueil peut être une façon de mieux réguler le flux de ces véhicules de loisirs », concède Laurence Cavaillé. « Mais, dans ce tourisme en vogue avec un public qui consomme, c’est aussi l’assurance de figurer sur la carte de nos destinations, où l’on peut réserver sa place par le biais de notre application ». Autre avantage pour les communes, après un investissement relativement modeste, Camping-car Park leur reverse « en moyenne deux tiers » des bénéfices, puisque la nuitée est… payante, « entre 12 € à 15 € ».

« Un vrai besoin »

Pas si libre que ça, le véhicule de loisir ? « J’entends la question. Mais en plus d’avoir l’assurance de ne pas être chassé le soir, nous apportons un service : l’eau, l’électricité, la vidange, le wifi… », défend Laurence Cavaillé.

« Il y avait un vrai besoin », admet Fabienne Yobé, dont la FFCC qu’elle dirige a pour vocation de défendre les intérêts des camping-caristes. La fédération a même inauguré en avril sa propre aire d’accueil vitrine à… La Grande-Motte, à 700 mètres du port et des plages. Celles et ceux qui ont franchi le pas, ce week-end au salon de Montpellier pourront aller y passer leur première nuit.

Le salon de Montpellier s’achève ce dimanche soir au parc des expositions. Prochains rendez-vous en région : du 11 au 15 septembre à Toulouse ; du 23 au 26 octobre à Narbonne ; du 30 octobre au 2 novembre à Alès. À voir sur TPL. fr.

Réglementation : c’est parfois flou

La fédération française des campeurs, caravaniers et camping-caristes (FFCC) a récemment alerté les pouvoirs publics face à « la multiplication des arrêtés municipaux interdisant spécifiquement le stationnement et la circulation des camping-cars », déplore Fabienne Yobé, la directrice.

En Occitanie, ces derniers mois, ce fut notamment le cas à Mirepoix, en Ariège, où un arrêté municipal a été contesté. Et pour cause, « un camping-car de moins de 3,5 tonnes est régi par la même réglementation qu’un véhicule léger M1.Un maire ne peut donc pas interdire de stationner sans justification légale, utiliser un panneau avec un pictogramme de camping-car barré ou installer des barres de hauteur à l’entrée des parkings pour les exclure sans obstacle réel », assure Fabienne Yobé.

Concrètement, un camping-cariste ou conducteur de van ou fourgon peut se garer en centre-ville, s’il ne gêne pas, à condition toutefois de « ne pas faire acte de camping », c’est-à-dire déployer son auvent et sortir tables et chaises sur le trottoir. Il est d’ailleurs dans le droit du maire de réglementer le camping sauvage, comme il peut limiter le stationnement dans le temps, voire l’interdire dans certaines zones, « mais pour tous les véhicules ». Il est d’ailleurs interdit de dormir en bord de mer ou en zone protégé.

L’élu peut aussi aménager des aires dédiées avec services et tarification, mais ne peut imposer son utilisation. Fabienne Yobé a donc récemment écrit aux ministères concernés pour demander un rappel des bonnes règles, rappelant au passage qu’un couple de camping-cariste dépense en moyenne « entre 55 € et 70 € par jour » et ce à toute saison, ce qui contribue donc à l‘économie locale.