L’enseigne irlandaise de prêt-à-porter ouvre son magasin de 5 000 m² ce mercredi 10 septembre au sein du centre commercial Odysseum, à Montpellier. Stratégie d’implantation, critiques environnementales, modèle économique… La directrice générale France Christine Loizy défend un « commerce de terrain ».

Primark inaugure son 30e magasin français ce mercredi 10 septembre, à Montpellier. Qu’est-ce qui a motivé cette implantation ?

On ne pouvait pas passer à côté du gros centre urbain qu’est Montpellier, après avoir ouvert des magasins à Toulon, Marseille ou Toulouse. C’est l’ADN de notre stratégie d’implantation, pour la simple raison que notre modèle économique est basé sur une toute petite marge. Pour gagner notre vie, il nous faut du volume. On considère que nos clients viennent d’une zone située à maximum 30 minutes de transports de notre magasin. Cette zone doit être la plus peuplée possible pour que ça fonctionne.

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Après avoir fait ses armes chez Häagen-Dazs et GrandOptical, Christine Loizy a pris la direction générale de Primark France en 2013, lors de son implantation dans l’hexagone. Créé en 1969 en Irlande sous le nom de Penneys, le groupe possède aujourd’hui 460 magasins à travers 17 pays. Primark compte 30 points de vente en France et ambitionne d’en ouvrir le double dans les prochaines années. Elle revendique pour l’année 2024 un chiffre d’affaires national de plus d’un milliard d’euros. Après Toulouse en 2018, le magasin montpelliérain sera le second en Occitanie.

Pourquoi avoir choisi Odysseum plutôt qu’un emplacement en centre-ville, comme à Toulouse ?

Il n’y a pas vraiment de règle, et si nous nous sommes souvent implantés dans les centres-villes à l’international, le développement en France se fait plutôt dans les centres commerciaux. Ce n’est qu’une question de critères. Odysseum s’est imposé comme la meilleure option, en répondant à nos besoins principaux : une surface importante et une bonne accessibilité pour nos clients. Cela renforce aussi notre bon partenariat avec la maison Klépierre (leader européen des centres commerciaux et propriétaire d’Odysseum, NDLR). Mais nous avons étudié toutes les possibilités.

« Le projet montpelliérain ? Ce n’est pas nouveau… »

Cela veut dire que le projet d’installation n’est pas si récent ?

Il faut savoir prendre son temps pour réussir une implantation. Nous sommes arrivés en France en 2013 et je dirais que nous travaillons sur le projet montpelliérain depuis cinq ou six ans environ. Ce n’est pas nouveau…

Comment résumer le concept de la marque, pour ceux qui ne la connaissent pas encore ?

Nous n’avons rien changé au concept inventé à Dublin en 1969 par Arthur Ryan. Son idée, c’était de proposer une gamme de produits de bonne qualité à un prix très bas en rognant sur sa marge. C’est toujours notre ligne de conduite, même si on l’a modernisée en étendant notre panel de produits à la décoration, la beauté, la bagagerie… 50 % de nos ventes, ce sont des « basiques » pour les familles. Des t-shirts, des pyjamas, des chaussettes.

Vous êtes régulièrement attaqués sur l’impact environnemental de votre modèle, et notamment sur des prix si bas qu’ils pousseraient à la surconsommation. Que répondez-vous aux critiques ?

Il n’y a pas de déni. Oui, l’industrie du textile pollue. Oui, on produit tous dans les mêmes usines en Asie du Sud-Est. Mais soyons clairs : soit on décide que tout le monde se promène tout nu demain, soit on accepte que les Français ont envie de se sentir bien dans leurs vêtements. À partir de là, Primark, comme ses grands concurrents, travaillent à réduire au maximum l’impact environnemental. Et je vous promets que l’on y travaille. On a pris des engagements (100 % des produits fabriqués à partir de matériaux recyclés, de coton bio ou plus durable en 2030, NDLR), mais c’est un énorme boulot. Et en faisant ça, on répond aussi à une demande de nos clients.

« On est des commerçants de magasin, on l’assume »

Êtes-vous inquiète des conséquences de la future loi « Fast fashion », qui ambitionne d’encadrer la mode ultra-éphémère ?

Je ne reconnais pas Primark dans le terme de Fast-fashion. Nous, on fait du « slow fashion », de la mode lente. Nos prix bas nous y obligent. Pour réduire les coûts, on produit très en avance nos deux collections annuelles, qui ne sont transportées que par bateaux. Mais les gens ne le savent pas. Qu’on fasse une réglementation, ça me va très bien. On arrêtera peut-être de nous confondre et de nous mettre dans le même panier que les énormes plateformes de vente en ligne. Mais attention. C’est la grande distribution qui vend le plus de textiles en France. Qui achète des vêtements à petit prix ? Les gens qui n’ont pas l’argent pour acheter plus cher ! Que la législation française pousse pour plus de transparence sur la provenance des matières premières, la composition des produits et leur provenance, c’est une bonne chose. Tant qu’on prend des données objectives.

Primark a fait le choix de ne pas vendre ses produits sur internet. Pourquoi ?

On est des commerçants de magasin. De terrain. C’est notre credo et on l’assume. On a fait le choix de faire de très beaux locaux et ceux de Montpellier, sur trois étages et avec 20 millions d’euros d’investissement, ne déroge pas à la règle. Notre site internet nous sert à présenter nos produits et permet aux clients de vérifier leur disponibilité sur site, mais c’est tout. La réalité, c’est qu’on n’a pas trouvé un modèle économique qui nous permette d’être rentables avec une livraison à domicile.

Que représente l’ouverture, à Montpellier, en termes d’emplois ?

Montpellier, c’est 200 CDI déjà signés et formés. Des employés que nous sommes venus recruter à Montpellier, et qui seront entourés par des cadres qui ont déjà de l’expérience chez Primark. Il faut ajouter à cela un certain nombre de CDD qui vont intervenir pendant les trois premières semaines, pour répondre à l’affluence que l’on espère pour l’ouverture.

Comment se positionne le magasin d’Odysseum dans la galaxie française de Primark ?

C’est l’un de nos gros-porteurs, sans aucun doute. Il y aura tous nos univers représentés sur plus de 5 000 m². Sur ce type de magasins, on est généralement entre 8 000 et 10 000 références. Il faut une dizaine de jours pour remplir un site de cette taille.