Bon pied, bon œil, bonne pâte. Infatigable. À 73 ans, le roi de la pizza Mario Mari est toujours derrière le four à bois de la pizzeria Taormina qu’il a fondé en octobre 1974, fait tourner depuis en famille et dont il s’apprête à fêter avec éclat (et avec un an de retard) le cinquantenaire.

Cinquante ans de pizzas ça se fête!

Plus que ça! J’ai commencé à faire des pizzas à l’âge de 13 ans et demi. À l’école de La Seyne où j’étais scolarisé, exaspéré par mes mauvais résultats, le directeur m’a dit un jour: « Apporte-moi un contrat de travail et je te fais une dérogation pour quitter l’école ». Mon beau-frère Léonard Palilla qui tenait la pizzeria Le Relais à Sanary m’a embauché alors que l’école était obligatoire jusqu’à 14 ans! J’ai revu le directeur après, il est venu m’acheter des pizzas (rires). Aujourd’hui, j’estime que je compte plus de 1,5 million de pizzas à mon actif.

Mais pour le cinquantenaire de la pizzeria Taormina, la rue d’Urville sera bien privatisée?

Ce sera les cinquante et un ans pour être plus précis. Pour fêter cet anniversaire (comme tous les dix ans depuis les 30 ans), le dimanche 14 septembre, de 19 heures à minuit, à hauteur de la pizzeria, on privatise une partie de la rue Dumont-d’Urville (l’année dernière elle était en travaux). Elle sera recouverte d’un tapis rouge – une moquette de 40m de long sur 4 de large! Et on offrira (sur invitation) un apéro dînatoire à tous nos fidèles clients, pour leur faire plaisir. Sur scène, un groupe de musiciens et chanteurs (Synthèse) animera la soirée. Nous attendons 300 personnes. Et je ne vous cache pas que la nuit, il m’arrive de me réveiller en songeant à des détails à régler…

Racontez-nous la création de la pizzeria.

Je l’ai ouverte fin octobre 1974, avec ma sœur Santina et toujours mon beau-frère (il a pris sa retraite en 1995) qui a quitté son établissement de Sanary trop dépendant de la saisonnalité. C’était un salon de coiffure. Nous avons tombé la devanture. C’était le 16 octobre 1974, le jour de mes 23 ans. J’ai alors dormi sur place, devant le four. On a tout dégagé à l’intérieur, fait ressortir les murs en brique, ajouté des poutres… Depuis, à part la déco composée d’objets chinés – c’est l’une de mes passions – rien n’a bougé. Après on a acheté un local (une ex-société d’assurance) à côté pour en faire une réserve à bois notamment. Le four en consomme entre 3 et 4 stères par mois. Ce local nous permet aussi d’aménager une plus longue terrasse extérieure.

Et depuis, c’est une affaire qui tourne?

On a choisi un lieu très passant! À l’époque, pour descendre en ville depuis la gare, il passait des milliers de personnes dont de nombreux marins. Ce sont eux qui ont fait notre succès au départ. Ils mangeaient chez nous quand ils partaient et arrivaient. Le vendredi, jour de départ en permission, c’était notre plus grosse journée. A 18h30 c’était complet! Aujourd’hui c’est un lieu toujours passant mais nous avons plus une clientèle d’habitués.

Vous accueillez également beaucoup d’artistes et de people…

Depuis son ouverture il y a 13 ans, nous sommes un peu devenus « la cantine » du théâtre Liberté, pas très loin de chez nous, et accueillons, en soirée surtout à l’issue de leur représentation les nombreux artistes qui s’y produisent.

Comme qui, par exemple?

Gad Elmaleh, Patrick Bruel, Emmanuelle Béart, Jane Birkin, Arianne Ascaride, Juliette Binoche, Jean-Pierre Darroussin, la miss France 2011 Laury Thilleman… Ils sont trop nombreux pour être cités mais apparaissent quasiment tous sur les photos qui couvrent les murs de la pizzeria.

Vous les reconnaissez tous?

Ça dépend (rires). Un soir, mon épouse a demandé en toute innocence à l’ex-actrice de porno Katsumi, qui était venue donner une conférence: « Je ne vous ai pas déjà vu quelque part? », déclenchant le fou rire de Charles Berling, directeur du théâtre Liberté.

Avec ce public les soirées doivent s’éterniser ?

Maintenant, en rapport avec les horaires des spectacles, les comédiens viennent dîner plus tôt, mais il y a peu, les tables de 30 personnes à minuit n’étaient pas rares. Un soir, avec André Dussollier et son équipe, la soirée a dégénéré en blind test musical puis en danses jusqu’à 4 heures du matin!

Bref, une vie sous le signe des pizzas…

On peut dire ça! En 1956, j’avais 5 ans, mon oncle Manta Carmello, qui avait la pizzeria Colbert à Toulon a fait venir ma famille de Sicile. Mon père était agriculteur, quartier Léry à La Seyne. Et j’ai connu mon épouse, Josy quand ses parents originaires du même village sicilien que moi Serradifalco (à 178km de Taormina, une très belle ville touristique) ont repris une pizzeria que j’ai tenue pendant un an rue Picot à Toulon, après Sanary. J’ai appris le métier aux parents et épousé leur fille. Aujourd’hui le cadet de mes fils, William et son fils Many, 22 ans, travaillent avec nous. Prêts à prendre le relais.

Vous songez à la retraite?

La retraite? Quand je serais vieux!